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Les Cinq Volumes

1.Poèmes Des Poèmes
2.Routh
3.Quoi ?
4.Qohèlèt
5. Èstér
Liminaire pour Cinq volumes

     Hamesh Meguilot, Cinq volumes, ce titre désigne les cinq textes les plus brefs de l’ensemble des Écrits: Poème des Poèmes, Rout, Quoi ?, Qohèlèt, Èstér.

     Ces volumes ­ tant en raison de leur contenu que de leur brièveté ­ sont d’un usage constant dans la liturgie synagogale, d’où leur groupement en un seul livre suivant une tradition tardive. Ni les sources anciennes, ni les LXX, ni le Talmud, ni les midrashîm ne rapprochent ces textes des Écrits. Le nom de meguila, « volume », est employé dans ces sources anciennes pour désigner le volume d’Èstér qui était lu publiquement avant la destruction du Temple. Beaucoup plus tard, les cinq meguilot sont regroupées comme nous le faisons ici, c’est-à-dire dans un ordre litturgique, celui de leur lecture tout au long de l’année.


Poème des Poèmes ­ Shir Hashirîm ­ Le Cantique des Cantiques

Liminaire pour Poème des Poèmes

     Shir ha-shirîm, Poème des poèmes, c’est-à-dire Poème par excellence: tel est le titre que se donne lui-même le premier des « Cinq Volumes », et qui a été intitulé en français « Cantique des cantiques », par simple transcription du latin. Il est rapporté à Shelomo (Salomon), le sage entre les sages, sans qu’on puisse dire si le relatif asher désigne ce roi comme auteur ou comme destinataire de ce texte admirable.

     Une lecture attentive des cent dix-sept versets qui le composent révèle deux plans de signification qui se marient: un plan humain, où l’auteur met en scène un homme et une femme unis par l’amour, et un plan cosmique relatif à la création entière. Les lecteurs qui ne verraient ici qu’une histoire d’amour élimineraient, consciemment ou non, les vastes horizons d’où cet amour surgit et dans lesquels il se meut. C’est dans l’universalité du réel que naît l’amour. Aussi la poésie hébraïque marie-t-elle ici l’humain au cosmos; elle voit le réel sous la forme d’un homme, et dans cet homme la totalité de l’univers.

     L’unité de l’oeuvre se dégage, comme celle d’une symphonie, des thèmes qui la composent et s’y affirment tour à tour. Le premier est celui de la genèse de l’amour. On doit lire le deuxième verset, non comme un simple voeu, mais comme une certitude: l’amour est présent; l’amante est sûre que son amant la baisera des baisers de sa bouche. Le triomphe final de l’amour absolu est, dans sa genèse même, un acte de foi, d’adhérence.

     En contrepoint surgit le deuxième thème, celui de l’exil (3,1-5). L’amante recherche l’amant absent. Après avoir été simplement esquissé, ce thème disparaît pour laisser la place à celui de la contemplation amoureuse. Porté dans un palanquin, le roi s’avance vers son aimée. L’ayant retrouvée, il ne cesse de la chanter et d’exalter sa beauté.

     La partie centrale du poème est la plus importante; c’est elle qui donne toute sa signification à l’oeuvre. Le thème de l’exil, de la solitude et de la souffrance est repris à fond. L’amante, plongée dans un demi-sommeil, n’a pas répondu à l’appel de l’amant. Celui-ci renonce à elle et part, la laissant à sa solitude, à son exil. Elle y affronte de nouvelles et plus cruelles épreuves. Sa quête fidèle de l’amour la sauve. Le couple se recherche à nouveau dans la joie de la contemplation d’amour.

     Le troisième thème explose enfin dans la joie des retrouvailles: l’exil a pris fin, la souffrance est rédimée. Les amants se réunissent dans la suavités des noces éternelles, dans le printemps nouveau qui ne passera pas. Au paroxysme de la passion assouvie, ils célèbrent l’amour réalisé dans la mutation de l’être, scellé à jamais, inexorable comme la mort.

     Les trois motifs fondamentaux qui forment la trame du poème se retrouvent en profondeur dans la Bible tout entière, traversée, elle aussi, par le triple thème de la création, de la chute ­ ou de l’exil ­ et de la rédemption. Unique entre tous les livres bibliques, le Poème des Poèmes s’affirme en même temps comme le plus complet, le plus universel, et peut-être le plus parfait. Un des livres les plus courts de la Bible, et l’un des plus nécessaires. Rabbi Aquiba l’a dit: « Le monde n’avait ni valeur ni sens avant que le Poème des Poèmes fût donné à Israël. » En lui, nous lisons le poème sacré par excellence, celui qui célèbre l’amour absolu, dans des perspectives et sur des rythmes qui font écho à la sublimité du chant des univers.


Chapitre 1.

Poème des Poèmes

1.     Poème des poèmes qui est à Shelomo.
2.     Il me baisera des baisers de sa bouche;
oui, tes étreintes sont meilleures que le vin.
3.     À l’odeur, tes huiles sont bonnes, ton nom est une huile jaillissante;
aussi, les nubiles t’aiment.
4.     Tire-moi derrière toi, courons !
Le roi m’a fait venir en ses intérieurs.
Jubilons, réjouissons-nous en toi !
Mémorisons tes étreintes mieux que le vin ! Les rectitudes t’aiment.

5.     Moi, noire, harmonieuse, filles de Ieroushalaîm,
comme tentes de Qédar, comme tentures de Shelomo.
6.     Ne me voyez pas, moi, la noirâtre: oui, le soleil en moi s’est miré.
Les fils de ma mère ont brûlé contre moi;
ils m’ont mise gardienne de vignobles.
Mon vignoble à moi, je ne l’ai pas gardé !
7.     Rapporte-moi, toi que mon être aime,
où tu pais, où tu t’étends à midi;
car pourquoi serais-je comme affublée,
auprès des troupeaux de tes amis ?
8.     Si tu ne le sais pas pour toi, la belle parmi les femmes,
sors pour toi sur les traces des ovins;
pâture tes chevreaux aux demeures des pâtres.

9.     À ma jument, aux attelages de Pharaon, je te compare, ô ma compagne !
10.     Tes joues sont harmonieuses dans les pendeloques,
ton cou dans les gemmes.
11.     Nous ferons pour toi des pendeloques d’or,
avec des pointes d’argent.
12.     Le roi encore sur son divan,
mon nard donne son odeur.
13.     Mon amant est pour moi un sachet de myrrhe;
il nuite entre mes seins.
14.     Mon amant est pour moi une grappe de cypre,
aux vignobles de ‘Éïn Guèdi.
15.     Te voici belle, ma compagne,
te voici belle aux yeux palombes.
16.     Te voici beau, mon amant, suave aussi;
aussi notre berceau est luxuriant.
17.     Les cèdres sont les poutres de nos maisons;
nos lambris, des genévriers.

Chapitre 2.

Lotus des vallées

1.     Moi, l’amaryllis du Sharôn, le lotus des vallées.
2.     Comme un lotus parmi les vinettiers,
telle est ma compagne parmi les filles.
3.     Comme un pommier parmi les arbres de la forêt,
tel est mon amant parmi les fils.
Je désirais son ombre, j’y habite;
son fruit est doux à mon palais.
4.     Il m’a fait venir à la maison du vin;
son étendard sur moi, c’est l’amour.
5.     Soutenez-moi d’éclairs, tapissez-moi de pommes:
oui, je suis malade d’amour.
6.     Sa gauche dessous ma tête, sa droite m’étreint.
7.     Je vous adjure, filles de Ieroushalaîm,
par les gazelles ou par les biches du champ,
n’éveillez pas, ne réveillez pas l’amour avant qu’il le désire !

Va vers toi-même

8.     La voix de mon amant ! Le voici, il vient !
Il bondit sur les monts, il saute sur les collines.
9.     Il ressemble, mon amant, à la gazelle ou au faon des chevreuils...
Le voici, il se dresse derrière notre muraille !
Il guette aux fenêtres, il épie aux treillages !
10.     Il répond, mon amant, et me dit: Lève-toi vers toi-même,
ma compagne, ma belle, et va vers toi-même !
11.     Oui, voici, l’hiver est passé,
la pluie a cessé, elle s’en est allée.
12.     Les bourgeons se voient sur terre,
le temps du rossignol est arrivé,
la voix de la tourterelle s’entend sur notre terre.
13.     Le figuier embaume ses sycones,
les vignes en pousse donnent leur parfum.
Lève-toi vers toi-même, ma compagne, ma belle, et va vers toi-même !
14.     Ma palombe aux fentes du rocher, au secret de la marche,
fais-moi voir ta vue, fais-moi entendre ta voix !
Oui, ta voix est suave, ta vue harmonieuse.
15.     Saisissez pour nous les renards, les petits renards,
saboteurs de vignobles ! Nos vignobles sont en pousse.
16.     Mon amant à moi, et moi à lui, le pâtre aux lotus.
17.     Jusqu’à ce que le jour se gonfle, s’enfuient les ombres,
fais volte-face, ressemble pour toi, mon amant,
à la gazelle ou au faon des chevreuils, sur les monts de la rupture.

Chapitre 3.

Noces

1.     Sur ma couche, dans les nuits, j’ai cherché celui qu’aime mon être.
Je l’ai cherché, mais ne l’ai pas trouvé.
2.     Je me lèverai donc, je tournerai dans la ville,
dans les marchés, sur les places.
Je chercherai celui qu’aime mon être. Je l’ai cherché mais ne l’ai pas trouvé.
3.     Les gardes qui tournaient dans la ville m’ont trouvée.
« Celui qu’aime mon être, l’avez-vous vu ? »
4.     De peu les avais-je dépassés que je trouvai celui qu’aime mon être.
Je l’ai saisi et ne le lâcherai pas
avant de l’avoir fait venir à la maison de ma mère,
dans l’intérieur de ma génitrice.
5.     Je vous adjure, filles de Ieroushalaîm,
par les gazelles ou par les biches du champ,
n’éveillez pas, ne réveillez pas l’amour avant qu’il le désire !
6.     Qui est celle qui monte du désert,
comme palmes de fumée, encensée de myrrhe et d’oliban,
de toutes les poudres du colporteur ?
7.     Voici le lit de Shelomo, soixante héros sont autour de lui,
des héros d’Israël;
8.     tous armés d’épée, initiés à la guerre,
chaque homme son épée sur sa cuisse, contre le tremblement des nuits.
9.     Le roi Shelomo s’est fait un palanquin en bois du Lebanôn.
10.     Il fait ses colonnes d’argent, sa tapisserie d’or,
ses montants de pourpre, son intérieur tapissé d’amour
par les filles de Ieroushalaîm.
11.     Sortez, voyez, filles de Siôn, le roi Shelomo,
le nimbe dont sa mère l’a nimbé le jour de sa noce,
le jour de la joie de son coeur !

Chapitre 4.

Viens avec moi

1.     Te voici belle, ma compagne, te voici belle !
Tes yeux palombes à travers ton litham;
tes cheveux tel un troupeau de caprins qui dévalent du mont Guil‘ad;
2.     tes dents tel un troupeau de tondues qui montent de la baignade;
oui, toutes jumelées, sans manquantes en elles.
3.     Tes lèvres, tel un fil d’écarlate, ton parler harmonieux;
telle une tranche de grenade, ta tempe à travers ton litham;
4.     et telle la tour de David, ton cou, bâti pour les trophées:
mille pavois y sont suspendus, tous les carquois des héros.
5.     Tes deux seins, tels deux faons, jumeaux de la gazelle,
pâturent dans les lotus.
6.     Avant que le jour se gonfle et s’enfuient les ombres,
j’irai vers moi-même au mont de la myrrhe, à la colline de l’oliban.
7.     Toi, toute belle, ma compagne, sans vice en toi.
8.     Avec moi du Lebanôn, fiancée, avec moi du Lebanôn, tu viendras !
Tu contempleras de la cime d’Amana, de la cime du Senir et du Hermôn,
des tanières de lions, des monts de léopards !
9.     Tu m’as incardié, ma soeur-fiancée, tu m’as incardié
d’un seul de tes yeux, d’un seul joyau de tes colliers.
10.     Qu’elles sont belles, tes étreintes, ma soeur-fiancée,
qu’elles sont bonnes tes étreintes, plus que le vin !
L’odeur de tes huiles plus que tous les aromates !
11.     De nectar, elles dégoulinent, tes lèvres, fiancée !
Le miel et le lait sous ta langue,
l’odeur de tes robes; telle l’odeur du Lebanôn !
12.     Jardin fermé, ma soeur-fiancée, onde fermée, source scellée !
13.     Tes effluves, un paradis de grenades,
avec le fruit des succulences, hennés avec nards;
14.     nard, safran, canne et cinnamome avec tous les bois d’oliban;
myrrhe, aloès, avec toutes les têtes d’aromates !
15.     Source des jardins, puits, eaux vives, liquides du Lebanôn !
16.     Éveille-toi, aquilon ! Viens, simoun, gonfle mon jardin !
Que ses aromates ruissellent !
Mon amant est venu dans son jardin; il mange le fruit de ses succulences.

Chapitre 5.

Enivrez-vous d’étreintes

1.     Je viens dans mon jardin, ma soeur-fiancée,
j’égrappe ma myrrhe avec mon aromate,
je mange mon rayon avec mon miel, je bois mon vin avec du lait.
Mangez, compagnons, buvez, enivrez-vous d’étreintes !

Mon amant

2.     Moi dormant, mon coeur veille.
Une voix: mon amant tape: « Ouvre-moi, ma soeur, ma compagne,
ma palombe, ma parfaite; oui, ma tête est pleine de rosée,
mes boucles, des éclats de la nuit. »
3.     J’ai enlevé mon aube, comment la vêtirai-je ?
J’ai baigné mes pieds, comment les salirais-je ?
4.     Mon amant lance sa main par le trou;
mes boyaux se bouleversent pour lui.
5.     Je me lève moi-même pour ouvrir à mon amant.
Mes mains dégoulinent de myrrhe,
mes doigts de myrrhe ruisselante, sur les paumes du loquet.
6.     J’ouvre moi-même, à mon amant,
mais mon amant s’était esquivé, il était passé.
Mon être s’extasiait à sa parole.
Je l’ai cherché, mais ne l’ai pas trouvé.
J’ai crié vers lui, mais il ne m’a pas répondu.
7.     Ils m’ont trouvée, les gardes qui tournent dans la ville.
Ils m’ont frappée, ils m’ont blessée.
Ils ont emporté mon châle sur moi, les gardes des remparts.
8.     Je vous adjure, filles de Ieroushalaîm,
si vous trouvez mon amant, que lui rapporterez-vous ?
Que je suis malade d’amour...
9.     Qu’est ton amant de plus qu’un amant,
la belle parmi les femmes ?
Qu’est ton amant de plus qu’un amant,
pour que tu nous adjures ainsi ?
10.     Mon amant transparent et rouge, éminent au-dessus des myriades,
11.     sa tête est d’or vermeil; ses boucles ondulent, noires comme le corbeau.
12.     Ses yeux, telle des palombes sur des ruisseaux d’eaux,
baignent dans du lait, habitent en plénitude.
13.     Ses joues, telles une terrasse d’aromates, sont des tours d’épices;
ses lèvres, des lotus, dégoulinent de myrrhe ruisselante.
14.     Ses mains, des sphères d’or remplies d’émeraudes;
son ventre, un bloc d’ivoire évanoui dans des saphirs.
15.     Ses jarrets, des colonnes d’albâtre fondées sur des socles de vermeil.
Sa vue comme le Lebanôn, il est élu comme les cèdres.
16.     Son sein est douceurs, son tout désirable. Voilà mon amant,
voilà mon compagnon, filles de Ieroushalaîm.

Chapitre 6.

Ma compagne

1.     Où est allé ton amant, la belle parmi les femmes,
où fait-il face, ton amant ? Nous le chercherons avec toi.
2.     Mon amant est descendu dans son jardin, sur les terrasses d’aromates,
pour pâturer dans les jardins, pour cueillir des lotus.
3.     Moi à mon amant et mon amant à moi, le pâtre aux lotus.
4.     Tu es belle, ma compagne, telle Tirsa,
harmonieuse, telle Ieroushalaîm,
terrible comme un mirage.
5.     Détourne de moi tes yeux: oui, ils me fascinent !
Ta chevelure, tel un troupeau de caprins qui dévalent de Guil‘ad.
6.     Tes dents, tel un troupeau de brebis qui montent de la baignade;
oui, toutes jumelées, sans manquantes en elles;
7.     et comme une fente de grenade, ta tempe à travers ton litham.
8.     Soixante sont reines, octante concubines, et les nubiles sans nombre.
9.     Elle est unique, elle, ma palombe, ma parfaite, unique, elle,
pour sa mère, immaculée, elle, pour celle qui l’enfanta.
Elles l’ont vue, les filles, et l’ont félicitée;
les reines, les concubines, et l’ont louangée.
10.     Qui est-elle ? Elle s’observe telle une aube,
belle comme la Blanche, immaculée comme l’Incandescent
et terrible comme un mirage.
11.     Je suis descendue au verger du noyer, voir les germinations du torrent,
voir si la vigne a fleuri, étincelé les grenadiers.
12.     Je ne sais, mais mon être m’a mise
aux chars de mon peuple prince !

Chapitre 7.

Shoulamit

1.     Retourne, retourne, la Shoulamit !
Retourne, retourne, nous te contemplerons !
Que contemplez-vous en Shoulamit ?
Comme la ronde des deux camps.

2.     Qu’ils sont beaux, tes pas dans les sandales,
fille de prince ! Le galbe de tes cuisses,
tels des joyaux, est oeuvre de main d’artiste.
3.     Ton ombilic, cratère lunaire, ne manque pas de brandevin.
Ton ventre, une meule de blé enclose de lotus.
4.     Tes deux seins, tels deux faons, jumeaux d’une gazelle.
5.     Ton cou, telle une tour d’ivoire;
tes yeux, des vasques de Hèshbôn, à la Porte de Bat-Rabîm.
Ton nez, comme la tour du Lebanôn, en éclaireur, fait face à Damèssèq.
6.     Ta tête sur toi est comme le Karmèl; les nattes de ta tête,
telle une pourpre; un roi y est captif de boucles.
7.     Que tu es belle, que tu es suave, amour, dans les délices !
8.     Ceci, ta taille, ressemble au palmier, et les seins à des pampres.
9.     J’ai dit: Je montrerai au palmier, j’en saisirai les spathes.
Qu’ils soient donc, tes seins, comme des pampres de vigne,
et l’odeur de ton nez comme celle des pommes.
10.     Ton palais, tel un vin, le bon, va à mon amant aux rectitudes;
il fait balbutier les lèvres des dormeurs.
11.     Moi à mon amant, et sur moi sa passion.
12.     Va, mon amant, sortons au champ, nuitons dans les villages !
13.     Matinaux aux vignobles, nous verrons si la vigne fleurit,
s’ouvre le bouton, étincellent les grenadiers.
Là, je te donnerai mes étreintes.
14.     Les mandragores donnent leur odeur;
en nos ouvertures, toutes succulences, neuves et antiques aussi,
mon amant, je les recèle pour toi.

Chapitre 8.

Sur les monts d’aromates

1.     Qui te donnera à moi pour frère, tétant les seins de ma mère ?
Je te trouverais dehors, je t’embrasserais.
Ainsi, ils ne me mépriseraient pas.
2.     Je te conduis, je te fais venir à la maison de ma mère. Initie-moi.
Je t’abreuve de vin épicé, du jus de ma grenade.
3.     Sa gauche sous ma tête, sa droite m’étreint.
4.     Je vous adjure, filles de Ieroushalaîm !
Quoi ! vous éveillerez !
Quoi ! vous réveillerez l’amour avant qu’il le veuille ?
5.     Qui est celle qui monte du désert, accoudée sur son amant ?
Sous le pommier, je t’ai éveillé;
là, ta mère te conçut, là te conçut ta procréatrice.
6.     Mets-moi comme un sceau sur ton coeur, comme un sceau sur ton bras.
Oui, l’amour est inexorable comme la mort,
l’ardeur, dure comme le Shéol.
Ses fulgurations sont fulgurations de feu, flammes de Yah !
7.     Les eaux multiples ne pourront éteindre l’amour,
les fleuves ne les submergeront pas.
Si un homme donnait toute la richesse de sa maison pour l’amour,
de mépris ils le mépriseraient.
8.     Nous avons une soeur, petite et sans seins.
Que ferons-nous pour notre soeur, le jour où il sera parlé d’elle ?
9.     Si rempart elle est, nous lui bâtirons un créneau d’argent;
si porte elle est, nous serrerons contre elle une planche de cèdre.
10.     Moi, rempart, mes seins sont comme des tours.
Alors je devins à ses yeux comme l’inventrice de la paix.
11.     Il était à Shelomo un vignoble, en Ba‘al Amôn.
Il donna le vignoble aux gardiens,
et chaque homme apportait pour son fruit un millier d’argent.
12.     Mon vignoble à moi en face de moi,
le millier est à toi, Shelomo, et deux cents aux gardiens de son fruit !
13.     Habitante des jardins, des amis sont attentifs à ta voix.
Fais-moi entendre...
14.     Fuis, mon amant, ressemble pour toi à la gazelle ou au faon des cerfs,
sur les monts d’aromates.


Rout ­ Routh ­ Ruth

Liminaire pour Rout

     Le volume que voici se lit, en Israël, pour la fête de Shabou‘ot (fête des Semaines, ou Pentecôte), sept semaines après Pèssah (Pâques), au temps de la moisson.

     L’histoire de Rout (Ruth) est bien connue en France, ne serait-ce que par le Booz endormi de Victor Hugo. Mais les quatre-vingt-cinq versets de l’oeuvre originale gardent une saveur et un sens que les siècles n’ont pas effacés.

     Une rencontre, celle d’un vieillard, Bo‘az, et d’une jeune femme, Rout, leurs amours au temps des blés mûrs expliquent les origines d’une dynastie, celle du plus grand des rois d’Israël, David: dans l’Orient biblique, la généalogie constitue l’un des piliers de l’organisation tribale et le fondement légitime de toute dynastie royale.

     En Gn 38, on rencontre une histoire parallèle, celle de Iehouda et de Tamar, qui donnent naissance à Pèrès, un autre des ancêtres de David: dans les deux cas, il s’agit d’une veuve, d’une renonciation à un lévirat, d’une femme étrangère (Tamar de Kena‘ân et Rout de Moab), d’une rencontre passagère où la femme s’offre à l’homme de son choix, et enfin d’un résultat vital pour la vie de la nation. Elohîms conduit les peuples et les rois, et c’est ainsi qu’il prépare la naissance de son élu, David.


Chapitre 1.

Au Champ de Moab

1.     C’est aux jours où les suffètes jugent; et c’est la famine sur terre.
Un homme de Béit Lèhèm en Iehouda va résider au Champ de Moab,
lui, sa femme, et ses deux fils.
2.     Nom de l’homme: Èlimèlèkh; nom de la femme: Na‘omi;
nom de ses deux fils: Mahlôn et Kiliôn.
Des Èphratîm de Béit Lèhèm en Iehouda.
Ils viennent au Champ de Moab; ils sont là.
3.     Èlimèlèkh, l’homme de Na‘omi, meurt. Elle reste, elle et ses deux fils.
4.     Ils portent femmes pour eux, des Moabites.
Nom de l’une: ‘Orpa; nom de la deuxième: Rout.
Ils habitent là environ dix ans.
5.     Ils meurent tous les deux aussi, Mahlôn et Kiliôn.
La femme reste, sans ses deux enfants et sans son homme.
6.     Elle se lève, elle et ses brus; elle s’en retourne du Champ de Moab:
oui, elle avait entendu, au Champ de Moab,
que IHVH-Adonaï sanctionnait son peuple en leur donnant du pain.
7.     Elle sort du lieu où elle était, ses deux brus avec elle.
Elles vont sur la route pour retourner en terre de Iehouda.

Les veuves

8.     Na‘omi dit à ses deux brus:
« Allez, retournez chacune à la maison de votre mère.
IHVH-Adonaï vous fera chérissement,
comme vous avez fait avec les morts et avec moi.
9.     IHVH-Adonaï vous le donnera, trouvez le repos,
chacune dans la maison de son homme. »
Elle les baise. Elles portent leur voix et pleurent.
10.     Elles lui disent: « Oui, nous retournerons avec toi vers ton peuple. »
11.     Na‘omi dit: « Retournez, mes filles !
Pourquoi iriez-vous avec moi ?
Ai-je encore des fils dans mes entrailles,
pour qu’ils soient à vous pour hommes ?
12.     Retournez, mes filles, allez !
Oui, j’ai trop vieilli pour être à un homme,
pour que je dise: L’espoir existe en moi,
et j’enfanterai aussi des fils.
13.     Patienterez-vous pour eux jusqu’à ce qu’ils grandissent ?
Vous voueriez-vous à eux sans être à un homme ?
Non, mes filles, car c’est amer pour moi, beaucoup plus que pour vous.
Oui, la main de IHVH-Adonaï est sortie contre moi. »
14.     Elles portent leur voix et pleurent encore.
‘Orpa baise sa belle-mère. Mais Rout colle à elle.

Le retour

15.     Elle dit: « Voici, ta belle-soeur est retournée
vers son peuple, vers ses Elohîms. Retourne derrière ta belle-soeur. »
16.     Rout dit: « Ne me pousse pas à t’abandonner, à retourner loin de toi.
Oui, où tu iras, j’irai; où tu nuiteras, je nuiterai.
Ton peuple sera mon peuple; ton Elohîms, mon Elohîms.
17.     Où tu mourras, je mourrai; et là je serai ensevelie.
Que IHVH-Adonaï me fasse ainsi et qu’il m’ajoute ainsi:
oui, seule la mort me séparera de toi ! »
18.     Elle le voit, oui, elle s’efforce d’aller avec elle.
Elle cesse de lui parler.
19.     Elles vont, les deux, jusqu’à leur venue à Béit Lèhèm.
Et c’est à leur venue à Béit Lèhèm, toute la ville s’émeut pour elles.
Elles disent: « Est-ce là Na‘omi ? »
20.     Elle leur dit: « Ne m’appelez pas: « Na‘omi », « Ma Suave ».
Appelez-moi « Mara », « Amère ». Oui, Shadaï m’a fort amertumée.
21.     Moi, pleine, j’allais; mais, vide, il me fait retourner, IHVH-Adonaï.
Pourquoi m’appelleriez-vous Na‘omi ?
IHVH-Adonaï a répondu contre moi Shadaï m’a fait mal ! »
22.     Na‘omi retourne avec Rout, la Moabite, sa bru;
elles retournent du Champ de Moab.
Elles viennent à Béit Lèhèm,
au commencement de la moisson des orges.

Chapitre 2.

La glaneuse

1.     Na‘omi avait une connaissance de son homme,
un homme, un héros de valeur, du clan d’Èlimèlèkh.
Son nom, Bo‘az.
2.     Rout, la Moabite, dit à Na‘omi: « J’irai donc au champ.
Je cueillerai des épis
derrière celui aux yeux de qui j’aurai trouvé grâce. »
Elle lui dit: « Va, ma fille. »
3.     Elle va, vient et cueille dans un champ, derrière les moissonneurs.
Advient son aventure,
la parcelle du champ de Bo‘az, du clan d’Èlimèlèkh.
4.     Et voici, Bo‘az vient de Béit Lèhèm.
Il dit aux moissonneurs:
« IHVH-Adonaï est avec vous. » Ils lui disent: « IHVH-Adonaï te bénisse ! »
5.     Bo‘az dit à son adolescent posté près des moissonneurs:
« À qui cette adolescente ? »
6.     L’adolescent posté près des moissonneurs répond et dit:
« L’adolescente est une Moabite,
de retour avec Na‘omi du Champ de Moab.
7.     Elle a dit: ‹ Je cueillerai donc,
j’ajouterai aux gerbes derrière les moissonneurs. ›
Elle est venue et s’est dressée depuis le matin jusqu’à maintenant.
Elle habite peu la maison. »

8.     Bo‘az dit à Rout: « N’as-tu pas entendu, ma fille ?
Ne va pas cueillir dans un autre champ,
ne passe pas aussi loin de celui-ci.
Tu colleras ainsi à mes adolescentes.
9.     Tes yeux sur le champ où ils moissonnent, va derrière elles.
N’ai-je pas ordonné aux adolescents de ne pas te toucher ?
Assoiffée, va aux cruches et bois ce que puiseront les adolescents. »
10.     Elle tombe sur ses faces, se prosterne à terre, et lui dit:
« Pourquoi ai-je trouvé grâce à tes yeux
afin que tu me reconnaisses, moi-même, une étrangère ? »
11.     Bo‘az répond et lui dit: « Il m’a été rapporté, rapporté,
tout ce que tu as fait avec ta belle-mère après la mort de ton homme:
Tu as abandonné ton père, ta mère et la terre de ton enfantement;
puis tu es allée vers un peuple
que tu ne connaissais pas d’hier ni d’avant-hier.
12.     IHVH-Adonaï payera ton oeuvre, ton salaire sera entier
de la part de IHVH-Adonaï, l’Elohîms d’Israël,
sous les ailes de qui tu es venue t’abriter. »
13.     Elle dit: « Je trouverai grâce à tes yeux, mon Adôn.
Oui, tu m’as réconfortée; oui, tu as parlé au coeur de ta domestique.
Mais, moi-même, je ne suis même pas comme une de tes domestiques. »

14.     Bo‘az lui dit, au temps de manger: « Avance ici, mange du pain.
Trempe ta miche dans la vinaigrette. »
Elle s’assoit à côté des moissonneurs.
Il pince pour elle des pains grillés.
Elle mange, se rassasie et en laisse.
15.     Elle se lève pour cueillir. Bo‘az ordonne à ses adolescents pour dire:
« Qu’elle glane aussi entre les gerbes, ne lui faites pas d’outrage.
16.     Laissez aussi tomber pour elle des javelles;
abandonnez, elle cueillera. Ne la rabrouez pas. »
17.     Elle cueille dans le champ jusqu’au soir.
Elle effruite ce qu’elle a cueilli, c’est environ un épha d’orge.
18.     Elle l’emporte et vient en ville.
Sa belle-mère voit ce qu’elle a cueilli.
Elle en sort et lui donne ce qu’elle laisse après s’être assouvie.
19.     Sa belle-mère lui dit: « Où as-tu cueilli aujourd’hui ? où l’as-tu fait ?
Béni soit celui qui t’a reconnue ! »
Elle rapporte à sa belle-mère de ce qu’elle avait fait avec lui. Elle dit:
« Le nom de l’homme avec qui je l’ai fait aujourd’hui, c’est Bo‘az. »
20.     Na‘omi dit à sa bru: « Il est béni de IHVH-Adonaï,
lui qui n’a pas abandonné son chérissement
avec les vivants ni avec les morts. »
Na‘omi lui dit: « L’homme nous est proche, c’est un de nos racheteurs. »
21.     Rout, la Moabite, dit: « Il m’a même dit:
Tu colleras aux adolescents qui sont à moi
jusqu’à ce qu’ils aient achevé toute la moisson qui est à moi ! »
22.     Na‘omi dit à Rout, sa bru: « C’est bien, ma fille,
que tu sortes avec ses jeunes filles,
afin que nul ne te heurte dans un autre champ. »
23.     Elle colle aux adolescentes de Bo‘az pour cueillir
jusqu’à l’achèvement de la moisson des orges et de la moisson des blés.
Elle habite avec sa belle-mère.

Chapitre 3.

Dans la nuit

1.     Na‘omi, sa belle-mère, lui dit: « Ma fille, ne demanderai-je pas pour toi
un repos qui te soit bon ?
2.     Maintenant, Bo‘az n’est-il pas notre connaissance ?
Tu as été avec ses jeunes filles;
et voici, il vanne lui-même l’aire des orges cette nuit.
3.     Baigne-toi, frictionne-toi, mets ta tunique sur toi,
et descends à l’aire. Ne te fais pas reconnaître par l’homme
jusqu’à ce qu’il ait achevé de manger et de boire.
4.     Et c’est à son coucher, tu connaîtras le lieu où il se couchera.
Va, découvre ses pieds et couche-toi.
Il te rapportera lui-même ce que tu feras. »
5.     Elle lui dit: « Je ferai tout ce que tu me diras. »
6.     Elle descend à l’aire, et fait tout ce que sa belle-mère lui avait ordonné.

7.     Bo‘az mange, il boit, son coeur est bien.
Il vient se coucher au bout de la meule.
Elle vient en secret, découvre ses pieds et se couche.
8.     Et c’est au milieu de la nuit, l’homme tressaille, il se resserre.
Or, voici une femme couchée à ses pieds.
9.     Il dit: « Qui es-tu ? » Elle dit: « C’est moi, Rout, ta servante.
Étends ton aile sur ta servante: oui, tu es un racheteur. »
10.     Il dit: « Toi, bénie de IHVH-Adonaï, ma fille;
tu as bien fait ton dernier chérissement, plus que le premier,
en n’allant pas derrière les adolescents, pauvres ou riches.
11.     Maintenant, ma fille, ne frémis pas: je te ferai tout ce que tu diras.
Oui, toute porte de mon peuple sait que tu es une femme de valeur, toi.
12.     Maintenant, oui, en vérité, oui, je suis moi-même un racheteur.
Mais un racheteur plus proche que moi existe.
13.     Nuite cette nuit, et ce sera, au matin,
s’il te rachète, bien, qu’il te rachète.
Mais s’il ne désire pas te racheter,
je te rachèterai moi-même, vive IHVH-Adonaï !
Couche-toi jusqu’au matin. »
14.     Elle se couche à ses pieds jusqu’au matin.
Elle se lève avant qu’un homme ne puisse reconnaître son compagnon.
Il dit: « Il ne sera pas su que la femme est venue à l’aire. »
15.     Il dit: « Apporte l’écharpe qui est sur toi, saisis-la. »
Elle la saisit. Il mesure un sizain d’orge,
le place sur elle, puis vient en ville.
16.     Elle vient vers sa belle-mère. Elle dit: « Qui es-tu, ma fille ? »
Elle lui rapporte tout ce que l’homme avait fait pour elle.
17.     Elle dit: « Il m’a donné ce sizain d’orge.
Oui, il m’a dit: ‹ Ne viens pas à vide chez ta belle-mère ›. »
18.     Elle dit: « Reste, ma fille,
jusqu’à ce que tu saches comment tombera la parole.
L’homme ne se calmera pas
qu’il n’ait achevé la parole aujourd’hui. »

Chapitre 4.

À la Porte

1.     Bo‘az monte à la Porte et siège.
Et voici, le racheteur dont Bo‘az avait parlé passe.
Il dit: « Un tel et tel, écarte-toi et siège ici ! » il s’écarte et siège.
2.     Il prend dix hommes des anciens de la ville et dit:
« Siégez ici. » Ils siègent.
3.     Il dit au racheteur: « Na‘omi, de retour du Champ de Moab,
a vendu la parcelle du champ qui était à notre frère Èlimèlèkh.
4.     Et moi, je dis: Je découvrirai ton oreille pour dire:
‹ Achète devant ceux qui siègent et devant les anciens de mon peuple. ›
Si tu rachètes, rachète.
Mais s’il ne rachète pas, rapporte-le-moi et je le saurai,
car il n’est personne, sauf toi, pour racheter, puis moi après toi. »
Il dit: « Moi-même, je rachèterai. »
5.     Bo‘az dit: « Le jour où tu achètes le champ de la main de Na‘omi
et de Rout, la Moabite, la femme du mort,
tu achètes de relever le nom du mort sur sa possession. »
6.     Le racheteur dit: « Je ne pourrai racheter pour moi
sans détruire ma possession.
Toi, rachète pour toi mon rachat, car je ne peux pas racheter. »
7.     Ceci était jadis en Israël, pour le rachat et l’échange:
pour valider toute parole, l’homme retirait sa sandale
et la donnait à son compagnon. Tel était le témoignage en Israël.
8.     Le racheteur dit à Bo‘az: « Rachète, toi. » Et il retire sa sandale.

Noces

9.     Bo‘az dit aux anciens et à tout le peuple:
« Aujourd’hui vous êtes témoins
de ce que j’ai racheté tout ce qui était à Èlimèlèkh
et tout ce qui était à Kiliôn et Mahlôn de la main de Na‘omi.
10.     Mais aussi Rout la Moabite, la femme de Mahlôn,
je l’ai achetée à moi pour femme,
pour relever le nom du mort sur sa possession.
Le nom du mort ne sera pas tranché de ses frères
et de la porte de son lieu. Vous êtes témoins aujourd’hui. »
11.     Tout le peuple qui est à la Porte, et les anciens disent:
« Témoins ! IHVH-Adonaï donne la femme venue dans ta maison
comme Rahél et comme Léa, qui ont toutes deux bâti la maison d’Israël.
Fais valeur en Èphrata, et crie un nom en Béit Lèhèm.
12.     Que ta maison soit comme la maison de Pèrès,
que Tamar enfanta à Iehouda,
de la semence que IHVH-Adonaï te donnera de cette adolescente. »
13.     Bo‘az prend Rout. Elle est à lui pour femme.
Il vient à elle. IHVH-Adonaï lui donne une grossesse. Elle enfante un fils.
14.     Les femmes disent à Na‘omi: « IHVH-Adonaï est béni,
qui n’a pas fait chômer pour toi aujourd’hui le racheteur.
Son nom sera crié en Israël.
15.     Il sera pour toi le ranimateur de l’être, l’entreteneur de ta sénescence.
Oui, ta bru qui l’aime t’a enfanté,
elle qui est bonne pour toi plus que sept fils. »

Enfantements

16.     Na‘omi prend l’enfant et le place sur son sein;
elle est pour lui une marraine.
17.     Les voisines crient pour lui un nom pour dire: « Un fils est né à Na‘omi. »
Elles crient son nom: « ‘Obéd »,
lui, le père d’Ishaï, le père de David.

18.     Voici les enfantements de Pèrès: Pèrès a fait enfanter Hèsrôn;
19.     Hèsrôn a fait enfanter Râm; Râm a fait enfanter ‘Aminadab;
20.     ‘Aminadab a fait enfanter Nahshôn; Nahshôn a fait enfanter Salma;
21.     Salmôn a fait enfanter Bo‘az; Bo‘az a fait enfanter ‘Obéd;
22.     ‘Obéd a fait enfanter Ishaï, et Ishaï a fait enfanter David.


Quoi ? ­ Eikha ­ Lamentations

Liminaire pour Quoi ?

     Cinq poèmes d’une exceptionnelle densité pleurent la ruine de Jérusalem, détaillent les malheurs qui l’ont assaillie, chantent l’espoir du retour, du pardon, de la reconstruction de la ville ravagée. Le châtiment est venu: la ville a subi le contrecoup de ses infidélités, mais ses douleurs ont valeur expiatoire et rédemptrice. Qu’elle se repente, et IHVH-Adonaï écartera d’elle sa fureur.

     Au coeur du poème se situe le problème du sens de tant de souffrances, l’interrogation angoissée de l’homme de foi en face de l’imprévisible, de l’incompréhensible acharnement d’Elohîms déchaîné contre son peuple, contre son héritage, contre sa maison. Les lettres de l’alphabet déferlent par vagues incantatoires en rangs de trois, comme pour rendre invincible la prière de Jérusalem vaincue mais non désespérée.

     Un livre que tout Hébreu relit en jeûnant chaque année, au jour anniversaire, celui du 9 Ab, des deux destructions de Jérusalem.

     Le titre est pris du premier mot des chapitres 1, 2 et 4: Eikha, Quoi ? C’est le cri du fidèle étonné, écrasé par le désastre qui a frappé la Ville Sainte.

     Les Septante l’ont interprété à leur manière en intitulant l’ouvrage Thrénoï, Thrènes, chants funèbres; mot que la Vulgate a rendu par Lamentationes, d’où le français Lamentations.

     L’oeuvre est anonyme. La tradition l’a cependant attribuée à Jérémie, en se fondant sur le fait que l’inspiré vivait à l’époque de la ruine de Jérusalem et que son livre contient plusieurs des thèmes, des expressions et des perspectives théologiques qui réapparaissent ici.


Chapitre 1.

Quoi ?
  Quoi, elle siège, solitaire ?
La ville au peuple multiple est comme une veuve;
l’immense parmi les nations, la princesse des cités est à la corvée !
2.       Elle pleure, elle pleure dans la nuit;
ses larmes sur la joue, elle est sans consolateur parmi tous ses amants.
Tous ses compagnons l’ont trahie, devenus pour elle des ennemis.
3.       Iehouda est exilée dans l’humiliation, par trop de servitude.
Elle siège parmi les nations, sans trouver de reposoir.
Tous ses persécuteurs l’atteignent parmi les détresses.
4.       Les routes de Siôn sont endeuillées, sans arrivants au rendez-vous.
Toutes ses portes sont désolées, ses desservants gémissent,
ses vierges s’affligent; c’est amer pour elle !
5.       Ses oppresseurs sont en tête, ses ennemis en paix.
Oui, IHVH-Adonaï l’afflige pour la multitude de ses carences.
Ses nourrissons vont en captivité, face à l’oppresseur.
6.       Tout son éclat sort de la fille Siôn;
ses chefs sont comme des cerfs qui n’ont pas trouvé de pâturage;
ils vont sans force, face au persécuteur.
7.       Ieroushalaîm se souvient des jours de son humiliation et de sa révolte,
de tous ses raffinements qui étaient dès les jours d’antan,
à la chute de son peuple en main de l’oppresseur, sans aide pour elle.
Les oppresseurs la voient et se rient de ses chômages.
8.       Ieroushalaîm a fauté, elle a fauté, elle est pour cela en menstrue.
Tous ses glorificateurs l’avilissent: oui, ils ont vu son sexe.
Elle gémit fort et retourne en arrière.
9.       Sa souillure en ses franges, elle n’évoquait pas son avenir.
Elle a déchu prodigieusement, sans réconfort pour elle:
« Vois mon humiliation, IHVH-Adonaï, oui, l’ennemi a fait grand. »
10.       L’oppresseur déploie sa main contre toutes ses somptuosités.
Oui, elle voit les nations, elles sont venues dans son sanctuaire,
elles à qui tu avais ordonné de ne pas venir dans ton assemblée.
11.       Tout ton peuple gémit; ils cherchent du pain,
donnent leurs somptuosités contre de la nourriture, pour ranimer l’être:
« Vois, IHVH-Adonaï, regarde ! Oui, j’étais une goinfre. »
12.       Non pas à vous, tous les passants de la route !
Regardez et voyez s’il est une douleur semblable à ma douleur,
ce qu’il a provoqué contre moi, ce dont IHVH-Adonaï m’a affligée,
au jour de la brûlure de sa fureur.
13.       De l’altitude, il envoie un feu dans mes os, il m’assujettit.
Il déploie un filet à mes pieds, il me fait retourner en arrière,
il me donne à la désolation, tout le jour dolente.
14.       Il arde en sa main, le joug de mes carences;
elles se tissent et montent contre mon cou; il fait trébucher ma force.
Adonaï me donne en des mains, et je ne peux me relever.
15.       Adonaï rembarre tous mes meneurs en mon entraille;
il crie contre moi un rendez-vous, pour briser mes adolescents.
Adonaï foule au pressoir la vierge, la fille Iehouda.
16.       Sur ceux-là, moi, je pleure; mon oeil, mon oeil répand de l’eau:
oui, il éloigne de moi le consolateur, le ranimateur de mon être.
Mes fils sont désolés: oui, l’ennemi triomphe.
17.       Siôn déploie ses mains; pour elle, pas de consolateur.
IHVH-Adonaï contre Ia‘acob donne un ordre à ses oppresseurs autour de lui.
Ieroushalaîm, entre eux, est en menstrue.
18.       IHVH-Adonaï est juste, lui; oui, je me suis rebellée contre sa bouche !
Entendez donc, tous les peuples, voyez ma douleur !
Mes vierges, mes adolescents vont en captivité.
19.       Je crie vers mes amants, ils m’ont dupée.
Mes desservants, mes anciens, agonisent dans la ville.
Oui, ils demandent pour eux-mêmes de la nourriture,
pour ranimer leur être.
20.       Vois, IHVH-Adonaï, oui, je suis dans la détresse.
Mes boyaux en effervescence, mon coeur se renverse en mon entraille.
Oui, je me suis rebellée, rebellée !
Du dehors l’épée désenfante, comme dans la maison, la mort.
21.       Entendez, oui, je gémis, moi ! Pour moi, pas de consolateur.
Tous mes ennemis entendent mon malheur et exultent.
Oui, toi, tu l’as fait, tu as fait venir le jour que tu avais crié.
Qu’ils soient comme moi !
22.       Que tous leur maléfice vienne en face de toi !
Agis avec eux comme tu as agi envers moi pour toutes mes carences.
Oui, mes gémissements sont multiples, et mon coeur est dolent.

Chapitre 2.

La mort des enfants

1.       Quoi, Adonaï embrume de sa fureur la fille Siôn ?
Il jette, des ciels à terre, la splendeur d’Israël.
Il ne se souvient pas de l’escabelle de ses pieds, au jour de sa narine.
2.       Adonaï les engloutit; il ne compatit pas à toutes les oasis de Ia‘acob.
Dans son emportement, il casse les forteresses de la fille Iehouda,
il les fait arriver à terre; il profane le royaume et ses chefs.
3.       Il broie à brûlure de narine toute la corne d’Israël;
il retourne sa droite en arrière, face à l’ennemi.
Il flambe en Ia‘acob comme un feu: la flamme mange autour.
4.       Il tend son arc comme un ennemi,
et poste sa droite comme un oppresseur.
Il tue tous les raffinements de l’oeil;
dans la tente de la fille Siôn, il répand sa fièvre comme un feu.
5.       Adonaï est comme un ennemi,
il engloutit Israël; il engloutit tous ses châteaux, il détruit ses forteresses.
Il combat la fille Iehouda. Ô grogne, ô rogne !
6.       Il violente comme un jardin son repaire; il détruit son rendez-vous.
Adonaï fait oublier en Siôn le rendez-vous et le shabat;
il exècre, dans l’irritation de sa fureur, le roi et le desservant.
7.       Adonaï néglige son autel, il honnit son sanctuaire;
il enferme en main de l’ennemi les remparts de ses châteaux.
Ils donnent de la voix dans la maison de IHVH-Adonaï,
comme un jour de rendez-vous.
8.      IHVH-Adonaï pense détruire le rempart de la fille Siôn.
Il tend le cordeau et ne retourne pas sa main avant d’engloutir;
il endeuille l’escarpe et le rempart. Ensemble ils s’étiolent.
9.       Ses portes chavirent à terre; il perd et brise ses verrous.
Son roi, ses chefs parmi les nations: pas de tora !
Ses inspirés aussi ne trouvent pas la contemplation de IHVH-Adonaï.
10.       Les anciens de la fille Siôn s’assoient par terre et font silence.
Ils élèvent la poussière sur leur tête, et ceignent des sacs.
Les vierges de Ieroushalaîm inclinent leurs têtes à terre.
11.       Mes yeux s’épuisent de larmes, mes boyaux sont en effervescence,
mon foie se répand à terre par la brisure de la fille de mon peuple,
à l’ensevelissement du nourrisson et du téteur, sur les places de la cité.
12.       À leurs mères, ils diront: « Où sont les céréales et le vin ? »
quand ils sont ensevelis comme des victimes,
dans les places de la ville,
quand leur être se répand sur le sein de leurs mères.
13.       Que témoignerai-je pour toi ?
À qui te comparerai-je, fille Ieroushalaîm ?
À qui t’égalerai-je pour te réconforter, vierge, fille Siôn ?
Oui, ta brisure est grande comme la mer. Qui te guérira ?
14.       Tes inspirés ont contemplé pour toi l’illusion, la fadeur;
ils n’ont pas découvert ton tort pour faire retourner ton retour;
ils saisissent pour toi les charges vaines, les séductions.
15.       Ils claquent des paumes contre toi, tous les passants de la route;
ils sifflent, ils meuvent leurs têtes sur la fille Ieroushalaîm.
Était-ce la ville dont ils disaient: Totalité de la beauté !
Alacrité de toute la terre !
16.       Ils baillent de leur bouche contre toi, tous tes ennemis;
ils sifflent, grincent des dents et disent:
« Nous l’avons engloutie ! Ce jour que nous espérions cependant,
nous l’avons trouvé, nous l’avons vu ! »
17.       IHVH-Adonaï fait ce qu’il avait prémédité; il exécute son dit
qu’il avait ordonné dès les jours d’antan.
Il casse sans compatir; l’ennemi se réjouit de toi;
il exalte la corne de tes oppresseurs.
18.       Leur coeur réclame vers Adonaï.
Rempart de la fille Siôn, verse comme un torrent de larmes;
nuit et jour ne te donne nul répit; que la pupille de ton oeil ne se taise pas.
19.       Lève-toi, jubile dans la nuit, en tête des vigiles;
répand ton coeur comme une eau en présence des faces d’Adonaï;
porte tes paumes vers lui, pour l’être de tes nourrissons,
ensevelis dans la famine, en tête de toutes les allées.
20.       Vois, IHVH-Adonaï, regarde envers qui tu agis ainsi !
Des femmes mangent-elles leur fruit, des nourrissons comblés ?
Dans le sanctuaire d’Adonaï le desservant et l’inspiré seront-ils tués ?
21.       Le jeune et l’ancien, couchés à terre dans les allées,
mes vierges, mes adolescents tombent à l’épée.
Tu tues, au jour de ta narine; égorges-tu, tu ne compatis pas.
22.       Tu cries comme au jour du rendez-vous, mes épouvantes alentour.
Au jour de la narine de IHVH-Adonaï, il n’est pas de fugitif ni de vestige.
Ceux que j’avais comblés et multipliés, mon ennemi les achève.

Chapitre 3.

Je crie ton nom, IHVH-Adonaï

1.       Moi, le brave, j’ai vu l’humiliation, au sceptre de son emportement.
2.     Il me conduit, il me fait aller dans la ténèbre, non à la lumière.
3.     Ah ! contre moi il se retourne; il renverse sa main tout le jour.
4.       Il use ma chair et ma peau, il brise mes os.
5.     Il bâtit contre moi et me cerne de ciguë et de lassitude.
6.     Il me fait habiter les enténèbrements comme les morts, en pérennité.
7.       Il m’a barricadé: je ne sors pas; il alourdit mon airain.
8.     Même quand je clame et appelle, il boucle ma prière.
9.     Il barricade mes routes de meulières, il tord mes chemins.
10.       Il est pour moi un ours en embuscade, un lion à l’affût.
11.     Il dévoie mes routes, me transperce et me met en désolation.
12.     Il bande son arc et me poste en cible pour la flèche.
13.       Il fait venir dans mes reins les fils de son carquois.
14.     Je suis la risée de tout mon peuple, leur chanson tout le jour.
15.     Il m’a rassasié d’amertumes, abreuvé d’absinthe.
16.       Il concasse mes dents avec du gravier, et m’enfouit dans la poussière.
17.     Tu négliges mon être sans paix;
je n’ai plus souvenance du bonheur.
18.     Je dis: « Ma sève, mon attente de IHVH-Adonaï sont perdues. »
19.       Souviens-toi de mon humiliation, de ma rébellion: absinthe et ciguë !
20.     Il se souvient, il se souvient, mon être, et se prosterne en moi !
21.     Je réponds ceci à mon coeur, ce que j’attends:
22.       Non, les chérissements de IHVH-Adonaï ne sont pas finis;
non, ses matrices ne sont pas épuisées !
23.     À neuf aux matins, ton adhérence se multiplie.
24.     Ma part, c’est IHVH-Adonaï, dit mon être. Ainsi je l’attends.
25.       IHVH-Adonaï est bien pour qui espère en lui, pour l’être qui le consulte.
26.     Il est bien d’attendre et de faire silence, pour le salut de IHVH-Adonaï.
27.     Il est bien pour le brave, oui, de porter le joug dès sa jeunesse.
28.       Qu’il siège, solitaire et silencieux, car il l’en a chargé.
29.     Qu’il donne sa bouche à la poussière, peut-être est-il un espoir ?
30.     Qu’il donne sa joue à son frappeur, il se rassasie de flétrissure.
31.       Car il ne néglige pas en pérennité, Adonaï;
32.     car, s’il afflige, il matricie selon la multiplicité de ses chérissements.
33.     Car il ne violente pas de son coeur, ni n’afflige les fils de l’homme,
34.       pour écraser sous ses pieds tous les captifs de la terre,
35.     pour faire pencher le jugement du brave en face du Suprême,
36.     entortiller l’humain en son procès, Adonaï ne le voit pas.
37.       Qui dit et fait sans qu’Adonaï l’ordonne ?
38.     Les maux et le bien ne sortent-ils pas de la bouche du Suprême ?
39.     Quoi, il râle, l’humain, vivant, le brave, sur ses fautes !
40.       Recherchons nos routes, sondons et retournons à IHVH-Adonaï.
41.     Portons nos coeurs à deux paumes vers Él dans les ciels.
42.     Nous, nous avons fait carence, nous nous sommes rebellés;
et toi, tu n’as pas pardonné.
43.       Tu nous recouvres en ta narine, nous persécutes et tues sans compatir.
44.     Tu nous recouvres de ta nuée, pour que la prière ne passe pas.
45.     Tu nous mets au rebut,
en rejet aux entrailles des peuples.
46.       Tous nos ennemis béent contre nous de leur bouche.
47.     C’est pour nous frousse et fosse, saccage, bris.
48.     Mon oeil répand des ruisseaux d’eaux
sur la brisure de la fille de mon peuple.
49.      Mon oeil gicle et ne se tait pas, faute de répit,
50.     jusqu’à ce que IHVH-Adonaï observe et voie des ciels.
51.     Mon oeil agit sur mon être, pour toutes les filles de ma ville.
52.       Ils me chassent, ils me chassent, comme un oiseau,
mes ennemis, gratuitement.
53.     Ils confinent ma vie dans une fosse,
et manient la pierre contre moi.
54.     Les eaux refluent sur ma tête; j’ai dit: « J’ai été coupé. »
55.       Je crie ton nom, IHVH-Adonaï, de la fosse souterraine.
56.     Tu entends ma voix: ne soustrais pas ton oreille
pour me soulager, à mon appel.
57.     Tu te présentes au jour où je crie vers toi, et tu dis: « Ne frémis pas ! »
58.       Tu combats, Adonaï, dans les combats de mon être; tu rachètes ma vie.
59.     Tu vois, IHVH-Adonaï, ma contorsion; juge à mon jugement.
60.     Tu vois toute leur vengeance, toutes leurs pensées contre moi.
61.       Tu entends leur flétrissure, IHVH-Adonaï,
toutes leurs pensées contre moi,
62.     les lèvres de mes assaillants, leur murmure contre moi tout le jour.
63.     Regarde-les: assis ou debout, moi, je suis leur chanson.
64.      Retourne-leur la rétribution, IHVH-Adonaï, selon l’oeuvre de leurs mains.
65.     Donne-leur une obstruction du coeur, ton imprécation contre eux.
66.     Persécute-les avec fureur,
extermine-les sous les ciels de IHVH-Adonaï.

Chapitre 4.

Notre fin est venue

1.       Quoi, l’or ternit-il ? Change-t-il, le bon vermeil ?
Sont-elles répandues, les pierres sacrées,
en tête de toutes les allées ?
2.       Chers Benéi Siôn soupesés à l’or pur,
quoi, sont-ils comptés pour cruches de grès,
ouvrage des mains du potier ?
3.       Même les chacals s’extirpent la mamelle et font téter leurs petits;
la fille de mon peuple est cruelle comme une autruche du désert.
4.       La langue du nourrisson colle de soif à son palais;
les nourrissons demandent du pain, mais nul ne leur en tend.
5.       Les mangeurs de délices se désolent dans les allées;
élevés sur la cochenille, ils étreignent des ordures.
6.       Le tort de la fille de mon peuple est plus grand que la faute de Sedôm,
bouleversés en un instant, sans que des mains se portent contre elle.
7.       Ses nazirs étaient plus purs que neige, plus limpides que lait,
plus écarlates d’essence que coraux, leur stature de saphir.
8.       Leur aspect est plus ténébreux que la suie,
méconnaissable dans les allées.
Leur peau ratatinée sur leurs os, est sèche comme du bois.
9.       Les victimes de l’épée sont mieux que les victimes de la famine;
elles succombent, poignardées, et privées de la fruition des champs.
10.       Les mains de femmes matricielles font cuire leurs enfants;
ils sont pour elles du ravitaillement
dans la brisure de la fille de mon peuple.
11.       IHVH-Adonaï achève sa fièvre et répand la brûlure de sa narine;
il attise le feu contre Siôn, il mange ses fondations.
12.       Ils n’adhéraient pas, les rois de la terre, tous les habitants du monde,
à ce que l’oppresseur, l’ennemi, viendrait aux portes de Ieroushalaîm,
13.       par la faute de ses inspirés, les torts de ses desservants,
qui répandaient en son entraille le sang des justes.
14.       Ils se meuvent, aveugles, dans les allées infectes de sang,
sans qu’ils puissent toucher leurs vêtements.
15.       « Écartez-vous, contaminés, leur criaient-ils, écartez-vous,
écartez-vous, n’y touchez pas ! »
Oui, ils se querellent, ils se meuvent aussi.
Ils disent parmi les nations: « Ils ne continueront pas à y résider. »
16.       Les faces de IHVH-Adonaï les répartit; il ne continue pas à les regarder.
Ils ne portent pas les faces des desservants,
ils ne gracient pas les anciens.
17.       Nos yeux se consument encore vers notre aide. Fumée !
À notre aguet, nous guettons une nation qui ne sauve pas.
18.       Ils poursuivent nos pas pour que nous n’allions pas en nos places.
Notre fin approche, nos jours sont accomplis.
Oui, notre fin est venue.
19.       Nos persécuteurs sont plus légers que les vautours des ciels.
Sur les montagnes, ils nous traquent;
au désert, ils s’embusquent contre nous.
20.       Souffle de nos narines, le messie de IHVH-Adonaï est pris dans leurs fosses,
lui dont nous disions: « À son ombre, nous vivrons parmi les nations. »
21.       Exulte, réjouis-toi, fille Edôm, habitante de la terre de ‘Ous !
Mais la coupe passera pour toi aussi; tu t’enivreras, tu seras nue !
22.      Ton tort s’achève, fille Siôn; il ne continuera pas à t’exiler.
Il sanctionne ton tort, fille Edôm; il découvre tes fautes.

Chapitre 5.

Tu nous as rejetés

1.     Souviens-toi, IHVH-Adonaï, de ce qui est pour nous;
regarde et vois notre flétrissure !
2.     Notre possession est versée à des étrangers,
nos maisons à des barbares.
3.     Nous sommes des orphelins sans père; nos mères, comme veuves.
4.     Nous buvons des eaux contre argent,
nos bois nous viennent contre un prix.
5.     Nous sommes persécutés sur notre cou, las, sans repos pour nous.
6.     Nous donnons la main à Misraîm,
à Ashour, pour nous rassasier de pain.
7.     Nos pères ont fauté; ils ne sont plus, mais nous portons leurs torts.
8.     Des esclaves nous gouvernent;
personne ne nous secourt contre leurs mains.
9.     Au péril de notre être, nous faisons venir notre pain
face à l’épée du désert.
10.     Notre peau embrase comme un four, face aux ardeurs de la famine.
11.     Ils violentent les femmes de Siôn, les vierges dans les villes de Iehouda.
12.     Des chefs ont été pendus par leurs mains;
les faces des anciens ne sont plus magnifiées.
13.     Des adolescents portent la meule; des jeunes sous le bois trébuchent.
14.     Des anciens chôment à la Porte; des adolescents, avec leurs musiques.
15.     L’alacrité de notre coeur chôme; notre ronde se mue en deuil.
16.     Le nimbe est tombé de notre tête. Oïe, donc, nous,
oui, nous avons fauté.
17.     Pour cela, notre coeur est dolent; pour cela nos yeux s’enténèbrent.
18.     Sur le mont Siôn désolé, des renards vont.
19.     Toi, IHVH-Adonaï, tu habites en pérennité, ton trône d’âge en âge.
20.     Pourquoi nous oublies-tu avec persistance,
nous abandonnes-tu à longueur de jours ?
21.     IHVH-Adonaï, fais-nous retourner vers toi et nous retournerons;
rénove nos jours comme jadis.
22.     Oui, tu nous as rejetés, rejetés; tu as beaucoup trop écumé contre nous.


Qohèlèt ­ Qohèlèt ­ L’Ecclésiaste

Liminaire pour Qohèlèt

     Qohèlèt dérive de la racine qhl, qui signifie « assembler ». Il a été traduit en grec, puis en latin, par Ecclesiastes, mot qui dérive lui-même de ecclesia, « assemblée ». Qohèlèt est à la fois un « rassembleur » de sentences, et celui qui se lève au sein de l’assemblée pour en être le « prédicateur ».

     Le ton général de l’ouvrage, sa signification la plus profonde, est donné par le deuxième verset, qui sert de leitmotiv au livre tout entier: Habèl ha balîm hakol habèl, « Fumée de fumées, tout est fumée ». La traduction du mot habèl par « vanité » n’a pas peu contribué à brouiller les pistes qui peuvent conduire à une exacte compréhension de la pensée de Qohèlèt. Est vain ce qui est dépourru de valeur. Parler de vanité implique un jugement de valeur.

     Or le mot habèl est essentiellement concret. Il signifie « fumée », « vapeur », « haleine ». Qohèlèt ne porte pas un jugement de valeur sur le réel; il dresse un constat: tout est fumée. Le bonheur, le travail, la sagesse, la vie, l’humanité, la famille, l’argent, la fortune, la gloire, le désir, le rire, l’avenir, la jeunesse, les jours de l’homme; oui, tout est fumée. Qohèlèt se situe dans l’ordre des constatations objectives. Sa pensée est davantage métaphysique que moralisante. Il tente de décrire la condition humaine sous l’angle de ce qui passe: état de fait indéniable et qui porte à conséquence pour la pensée et la conduite de l’homme.

     Il faut reconnaître qu’il est difficile de déceler la structure logique de son oeuvre, aussi variée et semée de contradictions que la vie dont elle entend cerner le mystère. L’unité du livre réside surtout dans son style, véritablement étincelant.

     On a souligné la parenté de certaines expressions de Qohèlèt avec des textes ougaritiques ou phéniciens. Au IIIe siècle avant notre ère, date probable de sa rédaction, la Phénicie et la terre d’Israël étaient sous la domination des Ptolémées et sous l’influence de la culture grecque. Quoi qu’il en soit, il est impossible de mettre une étiquette sur une pensée aussi riche et aussi évidemment personnelle. Qohèlèt reste, aujourd’hui encore, un penseur original, et c’est son oeuvre elle-même qui importe. Les jeux intellectuels de ses commentateurs sont souvent, eux aussi, fumée !


Chapitre 1.

Fumée de fumées

1.     Paroles de Qohèlèt, le fils de David, roi de Ieroushalaîm.
2.     Fumée de fumées, dit Qohèlèt; fumée de fumées, tout est fumée.
3.     Quel avantage pour l’humain en tout son labeur,
dont il a labeur sous le soleil ?
4.     Un cycle va, un cycle vient; en pérennité la terre se dresse.
5.     Le soleil brille, le soleil décline; à son lieu il aspire et brille là.
6.     Il va au midi, il tourne au septentrion, il tourne,
tourne et va, le souffle, et retourne sur ses tours, le souffle.
7.     Tous les torrents vont à la mer et la mer n’est pas pleine.
Au lieu où les torrents vont, là, ils retournent pour aller.
8.     Toutes les paroles lassent, l’homme ne peut pas en parler.
L’oeil ne se rassasie pas de voir, l’oreille ne se remplit pas d’entendre.
9.     Ce qui a été sera, ce qui s’est fait se fera:
il n’est rien de tout neuf sous le soleil.
10.     Il est une parole qui dit: « Vois cela, c’est neuf ! »
C’était déjà dans les pérennités, c’était avant nous.
11.     Pas de souvenirs des premiers, ni même des derniers qui seront,
pas de souvenir d’eux, ni de ceux qui seront en dernier.

Moi, Qohèlèt

12.     Moi, Qohèlèt, j’ai été roi d’Israël à Ieroushalaîm.
13.     J’ai donné mon coeur à consulter et prospecter la sagesse,
sur tout ce qui s’est fait sous les ciels.
C’est un intérêt malin qu’Elohîms donne aux fils de l’humain
pour s’en violenter.
14.     J’ai vu tous les faits qui se sont faits sous le soleil:
et voici, le tout est fumée, pâture de souffle.
15.     Ce qui est tordu ne peut se réparer;
ce qui manque ne peut être compté.
16.     Moi, j’ai parlé avec mon coeur pour dire:
Me voici, j’ai fait grand, j’ajoute la sagesse
à tout ce qui était avant moi sur Ieroushalaîm.
Mon coeur voit la sagesse, la pénétration multiple.
17.     J’ai donné mon coeur à pénétrer la sagesse, la pénétration,
l’insanité, la folie. Je sais que cela aussi est paissance de souffle.
18.     Oui, à trop de sagesse, trop d’irritation;
qui ajoute à la pénétration ajoute à la douleur.

Chapitre 2.

Le bonheur, fumée

1.     Moi, j’ai dit en mon coeur:
Va donc ! Je t’éprouverai par la joie, vois le bien !
Et voici, lui aussi est fumée.
2.     Au jeu j’ai dit: « Insane »;
à la joie: « Celle-là, que fait-elle ? »
3.     J’ai prospecté mon coeur pour attirer ma chair au vin.
Mon coeur s’est conduit avec sagesse pour saisir la folie,
jusqu’à ce que je voie ce qu’il est bien pour les fils de l’humain
de faire sous les ciels, le nombre des jours de leur vie.
4.     J’ai agrandi mes oeuvres, je me suis bâti des maisons,
je me suis planté des vignobles.
5.     Je me suis fait des jardins, des vergers,
j’y ai planté des arbres de tous fruits.
6.     Je me suis fait des piscines d’eaux,
pour en arroser la forêt germante d’arbres.
7.     J’ai acheté des serviteurs, des domestiques;
j’ai eu des fils de maison et même du cheptel, bovins et ovins;
j’en ai eu une multitude,
plus que ceux qui étaient avant moi à Ieroushalaîm.

Mon labeur

8.     J’ai aussi amassé pour moi de l’argent et de l’or,
le domaine de rois et de cités.
Je me suis fait des poètes et des poétesses,
les jouissances des fils de l’humain: une démone, des démones.
9.     J’ai agrandi et ajouté plus que tout ce qui était avant moi à Ieroushalaîm.
Mais ma sagesse se dressait pour moi.
10.     Je n’ai pas préservé mes yeux de tout ce qu’ils demandaient;
je n’ai interdit aucune joie à mon coeur.
Oui, mon coeur s’est réjoui de tout mon labeur.
Ceci était ma part de tout mon labeur.
11.     Moi, j’ai fait face en toutes mes oeuvres que mes mains ont faites,
et au labeur que j’ai eu pour labeur de faire.
Et voici, le tout est fumée, paissance de souffle.
Pas davantage sous le soleil !

Le sage et le fou

12.     Moi, j’ai fait face pour voir la sagesse, l’insanité, sa folie.
Oui, quel humain viendra contre le roi, avec ce qu’ils ont déjà fait ?
13.     Et moi j’ai vu qu’il est un avantage à la sagesse sur sa folie,
comme l’avantage de la lumière sur les ténèbres.
14.     Le sage a ses yeux dans sa tête, le fou va dans la ténèbre.
Moi aussi, je sais qu’une même aventure advient à tous.
15.     Moi, j’ai dit en mon coeur: L’aventure du fou m’adviendra à moi aussi.
Alors, moi, pourquoi m’assagir davantage ?
Et j’ai parlé en mon coeur: Cela aussi, fumée !
16.     Car il n’est pas de souvenir pour le sage avec le fou, en pérennité,
parce que déjà aux jours qui viennent tout est oublié.
Eh quoi ! Le sage meurt avec le fou !
17.     Je hais la vie: oui, un mal pour moi,
le fait qui s’est fait sous le soleil.
Oui, le tout est fumée, paissance de souffle.
18.     Mais moi, je hais tout mon labeur que j’ai eu pour labeur,
moi, sous le soleil, et que je laisserai à l’humain qui sera après moi.
19.     Mais qui sait s’il sera sage ou fou ?
Il dominera tout mon labeur que j’ai eu pour labeur,
et par lequel j’étais sage sous le soleil. Cela aussi, fumée !
20.     Je me suis tourné, moi, afin de désespérer mon coeur
de tout le labeur que j’ai eu pour labeur sous le soleil.

Manger et boire

21.     Oui, il existe un humain au labeur de sagesse,
de pénétration et de talent.
Mais il donne sa part à un humain qui n’avait pas eu de labeur avec lui.
Cela aussi, fumée, malheur multiple !
22.     Oui, qu’en est-il de l’humain pour tout son labeur,
et pour la paissance de son coeur, en son labeur sous le soleil ?
23.     Oui, tous ses jours sont douleurs, et son intérêt irritation.
Même la nuit, son coeur ne se couche pas. Cela aussi, c’est fumée !
24.     Nul bien pour l’humain autre que de manger, de boire,
de faire voir à son être le bien dans son labeur.
Cela aussi, je le vois, moi, oui, c’est de la main d’Elohîms.
25.     Oui, qui mange et qui ressent hors de moi ?
26.     Oui, à l’homme qui est bien en face de lui
il donne sagesse, pénétration et joie.
Au fauteur il donne de l’intérêt pour rajouter et amasser,
afin de le donner à l’homme de bien, en face d’Elohîms.
Cela aussi, fumée, pâture de souffle !

Chapitre 3.

Un temps pour tout

1.     Un moment pour tout, un temps pour tout désir sous les ciels.
2.     Un temps pour enfanter, un temps pour mourir.
Un temps pour planter, un temps pour extirper le plant.
3.     Un temps pour tuer, un temps pour guérir.
Un temps pour faire brèche, un temps pour bâtir.
4.     Un temps pour pleurer, un temps pour rire.
Un temps se lamenter, un temps danser.
5.     Un temps pour jeter des pierres, un temps pour ramasser des pierres.
Un temps pour étreindre, un temps pour s’éloigner d’étreindre.
6.     Un temps pour chercher, un temps pour perdre.
Un temps pour garder, un temps pour jeter.
7.     Un temps pour déchirer, un temps pour coudre.
Un temps pour chuchoter, un temps pour parler.
8.     Un temps pour aimer, un temps pour haïr.
Un temps, la guerre, un temps, la paix.

Rien à ajouter

9.     Quel est l’avantage de l’ouvrier en ce qu’il a pour labeur ?
10.     J’ai vu l’intérêt qu’Elohîms a donné aux fils de l’humain,
pour les violenter.
11.     Le tout, il l’a fait bel en son temps.
La pérennité aussi, il l’a donnée en leur coeur,
sans que l’humain ne trouve le fait qu’Elohîms a fait,
depuis la tête et jusqu’à la fin.
12.     Je le sais, ils n’ont de bien en eux que de se réjouir
et de bien faire en sa vie.
13.     Aussi tout humain qui mange, boit et voit le bien en tout son labeur:
voilà un don d’Elohîms !
14.     Je le sais, tout ce que l’Elohîms fait est en pérennité.
Il n’y a rien à y ajouter et rien à en retrancher.
L’Elohîms fait qu’ils frémissent en face de lui.
15.     Ce qui était est déjà; ce qui doit être était déjà.
Elohîms cherche le persécuté.

L’humain et la bête

16.     Je vois encore sous le soleil:
au lieu de jugement, le crime; au lieu de justice, le criminel.
17.     Moi, je dis en mon coeur: l’Elohîms juge le juste et le criminel.
Oui, il est un temps à tout désir et à tout fait, là.
18.     Moi, je dis en mon coeur sur la parole des fils de l’humain:
l’Elohîms les sélectionne pour voir qu’ils sont des bêtes,
eux-mêmes pour eux-mêmes !
19.     Oui, l’aventure des fils de l’humain et l’aventure de la bête
est la même aventure,
la mort de celui-ci est comme la mort de celui-là.
Un seul souffle pour tous;
la supériorité de l’humain sur la bête est nulle. Oui, le tout, fumée !...
20.     Tout va vers un lieu unique;
tout est poussière et tout retourne à la poussière.
21.     Qui sait si le souffle des fils de l’humain monte en haut,
et le souffle de la bête descend en bas, sous terre ?
22.     Je vois qu’il n’est rien de meilleur pour l’humain
que de se réjouir en ses faits.
Oui, c’est sa part, car qui le fera venir pour voir ce qui sera après lui ?

Chapitre 4.

Je félicite les morts

1.     Mais je me retourne, moi, et je vois toutes les oppressions
qui se font sous le soleil.
Voici les larmes des opprimés, sans réconfort pour eux;
la force est en main de leurs oppresseurs, sans réconfort pour eux.
2.     Et je félicite, moi, les morts qui sont déjà morts,
plutôt que les vivants qui sont encore en vie.
3.     Et, mieux que les deux, celui qui n’est pas encore,
qui n’a pas vu le fait du mal qui se fait sous le soleil.
4.     Et je vois, moi, tout le labeur et tout le talent du fait:
oui, c’est l’ardeur de l’homme contre son compagnon.
Même cela, fumée, pâture de souffle.
5.     Le fou croise ses mains et mange sa propre chair.
6.     Une paume pleine de repos, plutôt que deux poignées
pleines de labeur et de pâture de souffle.

7.     Mais je me retourne, moi, et vois une fumée sous le soleil:
8.     quelqu’un existe, sans second, sans fils, ni frères aussi,
et sans fin à tout son labeur.
Son oeil aussi ne se rassasie pas de richesse:
« Pour qui dois-je peiner et priver mon être de bonheur ? »
Cela aussi, fumée, intérêt du mal, lui !

Un, deux, trois

9.     Deux valent mieux qu’un, parce qu’un bon salaire existe à leur labeur.
10.     Oui, s’ils tombent, l’un relève son compère;
mais, si un seul tombe, pas de second pour le relever !
11.     Si deux se couchent aussi, ils ont chaud;
mais un seul, comment se chauffe-t-il ?
12.     Si l’un est attaqué, les deux se dressent contre.
Triple fil ne se désagrège pas vite.
13.     Mieux vaut un enfant mesquin mais sage qu’un vieux roi, mais fou,
qui ne sait plus être prudent.
14.     Oui, il sort de la maison d’arrêt pour régner,
mais, même pour son règne, il naît indigent.
15.     Je vois tous les vivants aller sous le soleil,
avec le deuxième enfant qui se dresse à sa place.
16.     Pas de fin à tout le peuple, à tous ceux qui sont en face d’eux;
les derniers aussi ne se réjouissent pas de lui.
Oui, cela aussi, fumée, paissance de souffle.
17.     Garde ton pied quand tu vas à la maison d’Elohîms;
approche pour entendre, plutôt que d’offrir un sacrifice avec les fous:
oui, ils ne savent rien d’autre que méfaire.

Chapitre 5.

Nul ne désir les fous

1.     Ne t’affole pas de ta bouche, que ton coeur ne se hâte pas
d’exprimer une parole en face de l’Elohîms:
oui, l’Elohîms est dans les ciels, et toi sur terre;
sur quoi, que tes paroles soient brèves.
2.     Oui, le rêve vient de trop d’intérêt, et la voix du fou de trop de paroles.
3.     Quand tu voues un voeu à Elohîms, ne tarde pas à le payer,
car nul ne désire les fous. Paie ce que tu as voué.
4.     Mieux vaut ne pas vouer que vouer et ne pas payer.
5.     Ne donne pas à ta bouche de faire fauter ta chair,
et ne dis pas en face du messager: « Oui, c’était par inadvertance. »
Pourquoi Elohîms écumerait-il contre ta voix ?
Sabote-t-il l’ouvrage de ta main ?
6.     Oui, en trop de rêves, de fumées et de multiples paroles,
oui, frémis de l’Elohîms !
7.     Si tu vois dans la cité l’indigent opprimé,
la maraude du jugement et de la justice, ne t’étonne pas de la tendance:
oui, un supérieur garde le supérieur, avec des supérieurs sur eux.
8.     L’avantage de la terre, en tout, c’est un roi au champ servi.

La richesse et la mort

9.     L’amoureux de l’argent ne se rassasie pas d’argent,
ni l’amoureux de l’opulence, du revenu.
Cela aussi, fumée !
10.     À la multiplication du bien, ses mangeurs se multiplient.
Quel talent à ses maîtres, sinon voir de ses yeux ?
11.     Le sommeil du serviteur est doux; peu ou prou, il mange;
la satiété du riche ne le laisse pas sommeiller.
12.     Il existe un malheur maladif, je l’ai vu sous le soleil,
une richesse gardée par son maître pour son malheur.
13.     Il perd cette richesse dans une mauvaise affaire;
le fils qu’il a fait enfanter sera sans rien en sa main.
14.     Comme il est sorti du ventre de sa mère,
nu il s’en retourne, pour s’en aller comme il était venu.
Il n’emportera rien de son labeur, qui s’en est allé de sa main.
15.     Cela aussi est un malheur maladif:
tout comme il était venu, ainsi s’en va-t-il.
Quel avantage pour lui d’avoir eu du labeur contre du souffle ?
16.     Aussi, tous ses jours il mangera dans la ténèbre;
trop d’irritation, de maladies, d’écume...
17.     Voici ce que je vois, moi, il est bel et bien de manger, de boire,
de voir du bonheur dans tout son labeur dont il a labeur sous le soleil,
au nombre des jours de sa vie que l’Elohîms lui donne.
Oui, telle est sa part.
18.     Aussi, tout humain auquel Elohîms donne la richesse et des biens,
et lui permet d’en manger, de porter sa part et
de se réjouir de son labeur, voilà, c’est un don d’Elohîms.
19.     Oui, il se souviendra de ce que peu nombreux sont les jours de sa vie,
et de ce que l’Elohîms lui répond par la joie de son coeur.

Chapitre 6.

Un malheur sous le soleil

1.     Il existe un malheur que j’ai vu sous le soleil;
il est grave pour l’humain:
2.     un homme auquel Elohîms donne la richesse, des biens, la gloire,
et qui ne manque de rien pour son être en tout ce qu’il désire.
Mais Elohîms ne lui permet pas d’en manger;
oui, c’est un homme étranger qui le mangera.
C’est une fumée, une morbidité du mal.
3.     Quand l’homme en ferait enfanter cent et vivrait de multiples années,
pour multiples que soient les jours de ses années,
son être ne serait guère rassasié de bonheur;
il n’aurait même pas de sépulture.
Je dis: « Un avorton est mieux que lui »,
4.     car il est venu dans la fumée, et dans la ténèbre il s’en va;
son nom est couvert par la ténèbre.
5.     Il n’a même pas vu ni connu le soleil.
Celui-ci a plus de répit que celui-là.
6.     Qu’il vive deux fois mille ans sans voir de bonheur,
tout ne va-t-il pas vers un lieu unique ?
7.     Tout le labeur de l’humain est pour sa bouche;
mais aussi l’être ne s’en remplit pas.
8.     Oui, qu’a le sage de plus que le fou ?
Que sait l’humilié pour aller contre la vie ?
9.     Mieux vaut ce que les yeux voient que d’aller après l’être.
Cela aussi, fumée, pâture de souffle.
10.     Ce qui est, son nom s’est déjà crié;
mais il est connu, pour ce qui est de l’humain,
qu’il ne peut contester avec plus vigoureux que lui.
11.     Oui, il existe de multiples paroles qui multiplient la fumée.
Quoi de plus pour l’humain ?
12.     Oui, qui sait ce qui est bon pour l’humain dans la vie ?
Le nombre de jours de sa fumée de vie, il les a faits comme une ombre.
Qui donc rapporte à l’humain ce qui est après lui sous le soleil ?

Chapitre 7.

Mieux vaut...

1.     Mieux vaut bon renom que bonne huile,
et le jour de la mort que le jour de sa naissance.
2.     Mieux vaut aller à la maison de deuil qu’aller à la maison du festin,
en ce que c’est la fin de tout humain.
Le vivant le donne à son coeur.
3.     Mieux vaut l’irritation que le jeu; oui, à face mauvaise, bon coeur.
4.     Le coeur des sages dans la maison de deuil,
le coeur des fous dans la maison de joie.
5.     Mieux vaut entendre la réprobation du sage
que, pour un homme, entendre le poème des fous.
6.     Oui, comme la voix des pimprenelles sous un pot,
ainsi le rire du fou. Et cela aussi, fumée !
7.     Oui, l’oppression rend le sage insane. Le don perd le coeur.
8.     Mieux vaut l’avenir d’une parole que son en-tête.
Mieux vaut longueur de souffle que hauteur de souffle.
9.     Ne t’affole pas en ton souffle pour t’irriter:
oui, l’irritation repose au sein des fous.
10.     Ne dis pas: « Qu’en était-il pour que les premiers jours
fussent meilleurs que ceux-ci ? »
Non, ce n’est pas par sagesse que tu demandes cela !

Sagesse

11.     Bonne est la sagesse avec la possession;
c’est l’avantage des voyants du soleil.
12.     Oui, à l’ombre de la sagesse, à l’ombre de l’argent,
savoir est un avantage. La sagesse vivifie ses maîtres.
13.     Vois le fait d’Elohîms: oui, qui peut réparer ce qu’il tord ?
14.     Au jour du bonheur, sois dans le bien.
Au jour du malheur, vois,
Elohîms a fait aussi celui-ci juxtaposé à celui-là,
à propos de ce que l’humain ne trouve rien après lui.
15.     J’ai tout vu dans les jours de ma fumée:
tel juste existe qui perd avec sa justice;
tel criminel existe qui se prolonge dans son mal.
16.     Ne sois pas trop juste, ne t’assagis pas à l’excès:
pourquoi te désolerais-tu ?
17.     Ne t’accuse pas trop, ne sois pas fol:
pourquoi mourrais-tu avant ton heure ?
18.     Mieux vaut que tu saisisses ceci,
et de cela aussi ne dépose pas ta main:
oui, qui frémit d’Elohîms sort de tout.

Je me suis retourné

19.     La sagesse rend le sage plus fort que les dix potentats
qui sont dans la ville.
20.     Oui, il n’est pas sur terre d’homme juste qui fasse le bien sans faute.
21.     Aussi, à toutes les paroles dont ils parleront, ne donne pas ton coeur:
ainsi tu n’entendras pas ton serviteur te maudire.
22.     Oui, de multiples fois ton coeur sait aussi
que toi aussi tu en as maudit d’autres.
23.     Tout cela je l’ai prouvé dans la sagesse.
Je dis: « Je serai sage. » Mais elle est loin de moi !
24.     Loin de ce qui est profond, profond... Qui le trouvera ?
25.     Je me suis retourné, moi et mon coeur, pour savoir,
pour prospecter, chercher sagesse, calcul,
et pénétrer que le crime est fou, et la folie insane.

La femme et la mort

26.     Je trouve, moi, la femme plus amère que la mort;
oui, son coeur est trappes et rets, ses mains sont des attaches.
Le bien, en face de l’Elohîms, lui échappe;
le fauteur est pris par elle.
27.     Vois, j’ai trouvé ceci, dit le Qohèlèt, une à une trouver le compte.
28.     Ce que mon être cherche encore, je ne l’ai pas trouvé.
J’ai trouvé un humain sur mille,
mais une seule femme, parmi toutes celles-là, je ne l’ai pas trouvée.
29.     D’ailleurs, vois, j’ai trouvé ceci, que l’Elohîms a fait l’humain droit;
mais eux, ils ont cherché de multiples calculs.

Chapitre 8.

Le sens de la parole

1.     Qui est comme le sage ? Qui pénètre le sens de la parole ?
La sagesse de l’humain illumine ses faces;
la rudesse de ses faces en est changée.
2.     Moi: « La bouche du roi, garde-la
et toute parole d’un serment d’Elohîms.
3.     Ne t’affole pas quand en face de lui tu vas;
ne tiens pas propos de mal;
oui, il fait tout ce qu’il désire,
4.     en ce que la parole du roi, c’est le pouvoir.
Qui lui dira: « Que fais-tu ? »
5.     Gardien de l’ordre ne connaît pas propos de mal.
Le temps et le jugement, il les connaît, le coeur sage.
6.     Oui, à tout dessein, il existe un temps et un jugement,
quand le mal de l’humain abonde contre lui.
7.     Non, il ne sait pas ce qui sera, car, ce qui sera, qui le lui rapporterait ?
8.     Nul homme ne domine le souffle pour écrouer le souffle,
et nulle domination du jour de la mort,
nulle délégation dans la guerre.
Le crime ne quitte pas ses maîtres.
9.     Tout cela, je l’ai vu, j’ai donné mon coeur
à tout fait ce qui se fait sous le soleil,
au temps où l’humain domine l’humain pour son mal.

10.     Ainsi j’ai vu des criminels ensevelis.
Ils venaient du lieu sacré où ils allaient,
et ils faisaient oublier en ville ce qu’ils avaient certes fait !
Cela aussi, fumée !
11.     Que la sanction d’un méfait ne se fasse pas vite,
il remplit le coeur des fils de l’humain pour méfaire.
12.     Que le fauteur fasse le mal un centuple et qu’il le prolonge,
quand je sais, moi aussi, que le bien est pour les frémissants d’Elohîms,
qui frémissent en face de lui !
13.     Mais: « Le bien n’est pas au criminel,
ses jours ne se prolongeront pas, comme l’ombre,
lui qui ne frémit pas en face de l’Elohîms ! »
14.     Il est une fumée, ce qui se fait sur terre,
où il existe des justes à qui arrive le fait des criminels,
et où il existe des criminels à qui arrive le fait des justes.
Je dis que cela aussi, fumée !

La joie

15.     Je vante, moi, la joie ! Rien ne vaut pour l’humain sous le soleil
que manger, boire, se réjouir.
Qu’elle l’accompagne dans son labeur, les jours de sa vie
que l’Elohîms lui donne sous le soleil !
16.     Quand j’ai donné mon coeur à pénétrer la sagesse,
à voir l’intérêt de ce qui se fait sur terre,
que de jour et de nuit aussi, il ne voit pas de sommeil sur ses yeux,
17.     j’ai vu tout le fait d’Elohîms;
non, l’humain ne peut pas trouver le fait qui se fait sous le soleil.
Quoique l’humain ait pour labeur de demander, il ne le trouvera pas.
Même si le sage dit qu’il sait, il ne peut trouver.

Chapitre 9.

Une même aventure

1.     Oui, j’ai donné mon coeur à tout cela pour élucider tout cela,
que les justes, les sages et leurs travaux sont en main d’Elohîms.
Même de l’amour, même de la haine
l’humain ne sait rien, tout en face d’eux.
2.     Que tout est à tous:
une même aventure pour le juste et le criminel;
pour le bon, pour le pur, pour le contaminé;
pour qui sacrifie et pour qui ne sacrifie pas.
Le bon est comme le fauteur;
le jureur est comme celui qui frémit de jurer.
3.     Voici le mal en tout ce qui se fait sous le soleil:
oui, une même aventure pour tous.
Le coeur des fils de l’humain est aussi plein de mal,
l’insanité est au coeur de leur vie.
Et après lui, aux morts !
4.     Oui, il est une sécurité à celui qui est associé à tous les vivants.
Oui, un chien vivant vaut mieux qu’un lion mort.
5.     Oui, les vivants savent qu’ils mourront, mais les morts ne savent rien;
oui, ils n’ont pas de salaire. Leur souvenir est oublié,
6.     leur amour aussi, leur haine aussi,
leur ardeur aussi; c’est déjà perdu !
Plus de part pour eux en pérennité dans tout ce qui se fait sous le soleil.

La femme que tu aimes

7.     Va, mange avec joie ton pain, bois de bon coeur ton vin;
oui, Elohîms a déjà agréé tes faits.
8.     Qu’en tout temps tes habits soient blancs;
l’huile ne manquera pas sur ta tête.
9.     Vois la vie avec la femme que tu aimes,
tous les jours de ta fumée de vie, qu’il t’a donnée sous le soleil,
tous les jours de ta fumée; oui, c’est ta part dans la vie,
dans ton labeur que tu as pour labeur sous le soleil.
10.     Tout ce que ta main trouve à faire, fais-le dans ta force;
non, pas de fait, de compte, de pénétration, de sagesse,
au Shéol, là où tu vas.

Mesquin, mais sage

11.     Je suis retourné et vois sous le soleil:
non, la course n’est pas aux légers, ni la guerre aux héros;
le pain aussi n’est pas aux sages, ni même la richesse aux sagaces,
ni même la grâce aux savants;
oui, le temps et l’accident adviennent à eux tous.
12.     Non, l’humain aussi ne pénètre pas son temps.
Comme les poissons saisis dans la trappe du malheur,
comme les oiseaux saisis au piège,
les fils de l’humain sont piégés au temps du malheur,
quand il tombe sur eux soudain.
13.     Cela aussi je le vois: une sagesse sous le soleil, grande pour moi !
14.     Une petite ville avec en elle peu d’hommes.
Un grand roi y vient et la contourne.
Il bâtit contre elle de grandes trappes.
15.     Il y trouve un homme, mesquin mais sage,
qui fait s’échapper la ville par sa sagesse.
Mais pas un humain ne se souvient de l’homme mesquin !
16.     Moi, je dis: « Mieux vaut sagesse qu’héroïsme ! »
La sagesse du mesquin est méprisée,
ses paroles ne sont pas entendues.
17.     Les paroles des sages sont entendues avec répit,
plus que la clameur d’un gouverneur parmi des fous.
18.     Mieux vaut sagesse qu’engins de taille.
Un seul fauteur perd un bonheur multiple.

Chapitre 10.

Labeur des fous

1.     Mouches de mort empestent et gâtent l’huile du droguiste.
Un peu de folie est plus précieuse que sagesse et que gloire.
2.     Coeur du sage à sa droite, coeur du fou à sa gauche.
3.     Sur la route aussi quand le fou va, le coeur lui manque.
Il dit à tous: « C’est un fou. »
4.     Si le souffle du gouverneur monte contre toi, ne lâche pas ton lieu:
oui, la guérison repose de grandes fautes.
5.     Il est un malheur, je le vois sous le soleil,
comme un égarement sorti des faces du dominateur:
6.     la folie donnée aux multiples altitudes,
tandis que des riches dans l’abaissement habitent.
7.     Je vois des esclaves sur des chevaux,
et des chefs aller à terre comme des esclaves.
8.     Qui fore une cavité y tombe.
Qui fait une brèche dans une clôture, un serpent le mord.
9.     Transporteur de pierres peine avec elles.
Fendeur de bois s’y risque.
10.     Si le fer s’émousse, et si la lame n’est pas aiguisée,
il faut redoubler de vaillance. La sagesse avantage le talent.
11.     Si le serpent mord sans chuchotis,
pas d’avantage au maître de la langue.
12.     Les paroles de la bouche du sage sont grâce.
Les lèvres du fou l’engloutissent.
13.     Le commencement des paroles de sa bouche, c’est folie;
l’après de sa bouche, une insanité malfaisante.
14.     Le fou multiplie les paroles, mais l’humain ne sait ce qui sera;
et ce qui est après lui, qui le lui rapportera ?
15.     Le labeur des fous les lasse, eux qui ne savent pas aller vers la ville.
16.     Oïe, toi, terre dont le roi est un adolescent,
et dont les chefs mangent dès le matin !
17.     En marche, toi, terre dont le roi est le fils d’un dignitaire,
et dont les chefs mangent à temps, avec héroïsme et sans beuverie !
18.     À paresse double, la charpente pourrit;
au rabais des mains, la maison suinte.
19.     Pour jouer, ils font un festin; le vin réjouit les vivants,
et l’argent exauce tout.
20.     En ton escient aussi, ne maudis pas le roi;
dans les alcôves de ta couche, ne maudis pas le riche:
oui, le volatile des ciels fait aller la voix,
le maître à deux ailes leur rapporte la parole.

Chapitre 11.

Semailles

1.     Lance ton pain sur les faces des eaux:
oui, dans la multiplicité des eaux, tu le trouveras.
2.     Donne une part à sept, et même à huit,
car tu ne sais quel labeur sera sur terre.
3.     Si les nébulosités sont pleines, elles vident la pluie sur terre.
Si un arbre tombe au midi ou au septentrion,
au lieu où tombe l’arbre, là il reste.
4.     Gardeur de souffle ne sème pas;
voyeur de nébulosités ne moissonne pas.
5.     Comme tu ne pénètres pas quelle est la route du souffle,
ni les os dans un ventre plein,
ainsi tu ne pénètres pas le fait de l’Elohîms qui fait tout.
6.     Le matin, sème ta semence; le soir, ne repose pas ta main:
non, tu ne pénètres pas qui réussira, celui-ci ou celui-là,
ni si tous les deux, comme un seul, sont bons.
7.     La lumière est douce; il est bien pour les yeux de voir le soleil.
8.     Oui, si l’humain vit de multiples années, il se réjouit de toutes.
Qu’il se souvienne de ce que les jours de ténèbre, oui, sont multiples.
Tout ce qui vient, fumée !
9.     Réjouis-toi, adolescent, en ton enfance !
Que ton coeur te fasse du bien aux jours de ton adolescence;
va aux routes de ton coeur, à la vision de tes yeux;
et sache que pour tout cela l’Elohîms te fera venir en jugement !
10.     Écarte l’irritation de ton coeur, fais passer le malheur de ta chair !
Oui, enfance, aurore, fumée !

Chapitre 12.

Viennent les jours du malheur

1.     Souviens-toi de ton créateur aux jours de ton adolescence,
avant que ne viennent les jours du malheur
et n’arrivent les années où tu diras: « Je n’en ai pas le désir »,
2.     avant que le soleil ne s’enténèbre avec la lumière, la lune et les étoiles,
que les nébulosités ne s’en retournent après la pluie,
3.     le jour où s’agitent les gardiens de la maison;
se tordent les hommes vaillants;
baguenaudent les meulières qui se raréfient;
s’enténèbrent les voyeurs aux lucarnes;
4.     se ferment les deux portails sur le marché;
à la chute de la voix du moulin, se lève la voix de l’oiseau
et s’inclinent toutes les filles du poème.
5.     Ils frémissent aussi de la hauteur et se consternent sur la route.
L’amandier scintille, la locuste se fait lourde, la câpre s’annule.
Oui, il va, l’humain, vers la maison de sa pérennité.
Les pleureurs tournent au marché,
6.     jusqu’à ce que se rompe la corde d’argent,
que la sphère d’or se fracasse,
la cruche se brise sur la cascade,
la roue se fracasse dans la fosse.
7.     La poussière retourne à la terre comme elle était,
et le souffle retourne vers Elohîms qui l’a donné...
8.     Fumée de fumées, dit le Qohèlèt, tout est fumée !

Un écrit de droiture

9.     En plus de ce que Qohèlèt était un sage,
il a encore appris au peuple la pénétration.
Il a pesé, sondé, corrigé de multiples exemples.
10.     Qohèlèt a demandé à trouver des paroles désirables,
un écrit de droiture, des paroles de vérité.
11.     Les paroles des sages sont comme des aiguillons,
les maîtres des congrégations comme des clous plantés;
elles sont données par un pâtre unique.
12.     Plus que par elles, mon fils, sois prévenu:
faire des livres multiples n’a pas de fin;
le murmure multiple lasse la chair.
13.     Parole de la fin: tout entendu, frémis d’Elohîms,
garde ses ordres. Oui, voilà tout l’humain.
14.     Oui, l’Elohîms fera venir en jugement
pour tout ce qui est occulte, soit le bien, soit le mal.


Èstér ­ Èstér ­ Esther

Liminaire pour Èstér

     Le contenu de ce volume est bien connu: Ahashvérosh (Xerxès pour les Grecs, Assuérus pour les Latins), roi des Perses et des Mèdes, répudie la reine Vashti puis épouse la belle Èstér (Esther), que patronne son oncle Mordekhaï (Mardochée). Celui-ci découvre un complot dirigé contre le roi et le sauve. Mais le ministre Hamân, jaloux de Mordekhaï, essaie de perdre les Iehoudîm. Èstér intervient, dénonce Hamân et sauve son peuple. Mordekhaï prend la place de Hamân comme premier personnage après le roi. Les Iehoudîm se vengent de leurs ennemis.

     Le récit est mené de main de maître, avec simplicité, par un auteur qui connaît le poids des mots et sait ménager ses effets. Depuis des siècles, il tient ses lecteurs en haleine, du premier jusqu’au dernier mot.

     Traditionnellement, le récit avait été considéré comme rapportant des faits authentiques jusque dans les moindres détails. Il a fallu arriver au XVIIIe siècle pour que son caractère historique soit mis en question. Et il est vrai qu’Ahashvérosh a bien régné sur la Perse de 486 à 465. De surcroît, un texte découvert à Borsippa (Perse) parle d’un ministre nommé Mardouk ou Mordekhaï, justement à cette époque. De plus, l’auteur connaît parfaitement les coutumes perses et les lieux qu’il décrit. Mais, sur ce fond de vérité, les critiques découvrent de nombreuses difficultés chronologiques ou historiques. La femme de Xerxès, selon Hérodote, ne s’appelait ni Vashti ni Èstér, mais Amestris. L’étonnante promotion d’Èstér et de Mordekhaï semble bien improbable, dans le contexte de l’époque, comme aussi la découverte d’un complot. On souligne aussi le caractère naïf d’un récit fait avant tout pour émouvoir. Il s’agit donc probablement d’une composition libre, d’un récit d’imagination, écrit pour expliquer la célébration de la fête des Pourîm, qui a dû être à l’origine une sorte de carnaval comme beaucoup de peuples en célèbrent à la fin de l’hiver.

     L’introduction du livre d’Èstér dans le canon de la Bible a donné lieu à controverse, notamment parce que le nom d’Elohîms n’y figure pas, sans doute aussi à cause de l’hostilité dont il témoigne à l’égard des nations. Une fois consacré, l’ouvrage est devenu parmi les Juifs l’un des plus populaires de la Bible. Un certain Lysimaque, fils d’un Ptolémée de Jérusalem, l’a traduit en grec, et son oeuvre a été introduite en Égypte en 78 ou 77 avant l’ère chrétienne. Elle contient six passages qui ne se trouvent pas dans le texte hébreu actuel. On les trouvera plus loin (p. 1835). Il est probable que différentes versions, en hébreu, de l’histoire d’Èstér ont circulé avant la mise en forme définitive du texte. Dans la synagague de Doura-Europos, des représentations de scènes de la vie d’Èstér n’ont pas d’équivalents dans les textes que nous possédons de ce livre.


Chapitre 1.

Un festin

1.     Et c’est aux jours d’Ahashvérosh, lui Ahashvérosh,
le régent de Hodou à Koush: cent vingt-sept cités.
2.     En ces jours où le roi Ahashvérosh siège
sur le trône de son royaume à Shoushân, la capitale,
3.     en l’an trois de son règne, il fait un festin pour tous ses chefs,
ses serviteurs, l’armée de Paras, de Madaï,
les gérontes et les chefs des cités en face de lui.
4.     Il leur montre la richesse de la gloire de son règne,
la précieuse splendeur de sa grandeur,
des jours multiples: cent quatre-vingt jours.
5.     Ces jours remplis, le roi fait, pour tout le peuple
qui se trouvait à Shoushân, la capitale, du grand au petit,
un festin de sept jours dans la cour du jardin et du pavillon du roi,
6.     écru, coton, indigo, saisis par des cordons de byssus et de pourpre,
sur des globes d’argent et des colonnes de marbre;
lits d’or et d’argent,
sur un dallage de porphyre, de marbre, de nacre, d’agate;
7.     breuvages dans des vases d’or, des vases, des vases divers,
et un vin royal, abondant comme la main du roi;
8.     une beuverie en règle, sans contrainte,
parce qu’ainsi le roi avait fixé à tous les grands de sa maison
de faire la volonté de chaque homme.
9.     Même Vashti, la reine, fait un festin de femmes,
dans la maison royale du roi Ahashvérosh.

La répudiation de Vashti

10.     Le septième jour, quand le coeur du roi est bien dans le vin,
il dit à Mehoumân, Bizta, Harebona, Bigta, Abagta, Zétar et Karkas,
les sept eunuques qui officient face au roi Ahashvérosh,
11.     de faire venir Vashti, la reine, face au roi, avec la couronne royale,
pour montrer aux peuples et aux chefs sa beauté:
oui, elle est bien à voir.
12.     Mais la reine Vashti refuse de venir à la parole du roi
par la main des eunuques. Le roi écume fort. Sa fièvre s’allume en lui.
13.     Le roi dit aux sages qui connaissent les temps
que telle est la parole du roi
en face de tous ceux qui connaissent la loi et le droit;
14.     ses proches, Karshena, Shétar, Admata, Tarshish,
Mèrès, Marsena, Memoukhân,
les sept chefs de Paras et Madaï,
qui voient les faces du roi et siègent en premier dans le royaume:
15.     « Selon la loi, que faire à la reine Vashti
parce qu’elle n’a pas fait ce que le roi Ahashvérosh avait dit
par la main des eunuques ? »
16.     Memoukhân dit face au roi et aux ministres:
« Ce n’est pas contre le roi seul que Vashti, la reine, a tort,
mais contre tous les chefs et contre tous les peuples
dans toutes les cités du roi Ahashvérosh.
17.     Oui, la parole de la reine sortira vers toutes les femmes,
pour rendre leurs maris méprisables à leurs yeux, quand elles diront:
‹ Le roi Ahashvérosh a dit de faire venir Vashti, la reine,
en face de lui, et elle n’est pas venue ! ›
18.     Ce jour-là, les princesses de Paras et Madaï
qui auront entendu la parole de la reine
le diront à tous les chefs du roi. Assez de mépris et d’écume !
19.     Si c’est bien pour le roi, la parole royale sortira en face de lui
et sera écrite dans les lois de Paras et Madaï et ne passera pas:
Vashti ne viendra plus en face du roi Ahashvérosh.
Le roi donnera sa royauté à l’une de ses compagnes meilleure qu’elle.
20.     Le décret du roi qui sera fait sera entendu dans tout son royaume
­ oui, il est multiple ­,
et toutes les femmes donneront de l’estime à leur mari, du grand au petit. »
21.     La parole est bien aux yeux du roi et des chefs.
Le roi fait selon la parole de Memoukhân.
22.     Il envoie des actes à toutes les cités du roi,
à chaque cité et cité selon son écriture,
à chaque peuple et peuple selon sa langue,
pour que tout homme soit maître dans sa maison
et y parle selon la langue de son peuple.

Chapitre 2.

Mordekhaï et Èstér

1.     Après ces paroles, quand la fièvre du roi Ahashvérosh se modère,
il se souvient de Vashti, de ce qu’elle a fait
et de ce qui a été décrété contre elle.
2.     Les adolescents du roi, ses officiants, disent:
« Qu’ils demandent pour le roi des adolescentes vierges, bien à voir.
3.     Le roi préposera des préposés dans toutes les cités de son royaume.
Ils grouperont toute adolescente, vierge, bien à voir,
à Shoushân, la capitale, dans la maison des femmes
en main de Hégaï, l’eunuque du roi,
qui garde les femmes et donne leurs onguents.
4.     L’adolescente qui plaira aux yeux du roi régnera à la place de Vashti. »
La parole plaît aux yeux du roi; il fait ainsi.

5.     Un homme, un Iehoudi, était à Shoushân, la capitale.
Son nom, Mordekhaï bèn Iaïr bèn Shim‘i bèn Qish,
un homme de Iemini.
6.     Il avait été exilé de Ieroushalaîm,
dans l’exil qui avait été exilé avec Yekhonyah, roi de Iehouda,
qu’avait exilé Neboukhadrèsar, roi de Babèl.
7.     Il est le parrain de Hadassa, elle, Èstér, la fille de son oncle,
car elle n’avait ni père ni mère.
L’adolescente est belle de tournure et bien à voir.
À la mort de son père et de sa mère,
Mordekhaï l’avait prise à lui pour fille.

Èstér au harem

8.     Et c’est à l’audition de la parole du roi et de sa loi,
quand de multiples adolescentes sont groupées à Shoushân, la capitale,
en main de Hégaï, Èstér est prise à la maison du roi,
en main de Hégaï, le gardien des femmes.
9.     L’adolescente plaît à ses yeux et apporte le chérissement en face de lui.
Il se hâte de lui donner ses onguents, ses parts,
et sept adolescentes de la maison du roi, aptes à lui être données.
Il la distingue en bien avec ses adolescentes dans la maison des femmes.
10.     Èstér n’avait rien rapporté sur son peuple ni son enfantement;
oui, Mordekhaï lui avait ordonné de ne pas le rapporter.
11.     Tous les jours, Mordekhaï va en face de la cour de la maison des femmes,
pour savoir si Èstér est en paix et ce qu’il est fait d’elle.
12.     Le tour de chaque jeune fille arrive pour venir enfin
vers le roi Ahashvérosh
après avoir subi la loi des femmes, douze lunaisons.
Oui, ainsi se remplissent les jours de leurs onguents:
six lunaisons dans l’huile de myrrhe,
six lunaisons dans les aromates et les onguents des femmes.
13.     Avec cela l’adolescente vient vers le roi.
Il lui est donné tout ce qu’elle dit, pour venir avec,
de la maison des femmes à la maison du roi.
14.     Le soir elle vient, et le matin elle retourne à la maison des femmes,
la deuxième, en main de Sha‘ashgaz,
l’eunuque du roi, le gardien des concubines.
Elle ne viendra plus vers le roi,
sauf si le roi la désire et si elle est criée en nom.

La reine Èstér

15.     Quand arrive le tour d’Èstér, la fille d’Abihaïl,
l’oncle de Mordekhaï, qui l’avait prise à lui pour fille,
de venir vers le roi, elle ne demande pas une parole,
sinon ce que lui avait dit Hégaï, l’eunuque du roi, le gardien des femmes.
Et c’est Èstér, la porteuse de grâce aux yeux de tous ceux qui la voient.
16.     Èstér est prise pour le roi Ahashvérosh, en sa maison royale,
la dixième lunaison, la lunaison de Tébét, en l’an sept de son règne.
17.     Le roi aime Èstér plus que toutes les femmes;
elle porte grâce et chérissement en face de lui plus que toutes les vierges.
Il met la couronne royale sur sa tête;
il la fait régner à la place de Vashti.
18.     Le roi fait un grand festin pour tous ses chefs et serviteurs,
le festin d’Èstér.
Il fait un allégement pour les cités,
et donne des charges à main de roi.
19.     Quand les vierges sont groupées une deuxième fois,
Mordekhaï siège à la porte du roi.
20.     Èstér ne rapporte pas son enfantement ni son peuple,
comme Mordekhaï le lui avait ordonné.
Èstér fait la parole de Mordekhaï,
comme lorsqu’elle était en tutelle chez lui.

Le complot

21.     En ces jours, Mordekhaï siège à la porte du roi.
Bigtân et Tèrèsh, deux eunuques du roi, gardiens du seuil, écument;
ils demandent à porter la main contre le roi Ahashvérosh.
22.     Mordekhaï connaît le propos. Il le rapporte à Èstér, la reine.
Èstér le dit au roi, au nom de Mordekhaï.
23.     Le propos est recherché et trouvé; les deux sont pendus à un arbre.
Et c’est écrit dans l’acte: « Paroles des jours », en face du roi.

Chapitre 3.

L’oppresseur des Iehoudîm

1.     Après ces paroles, le roi Ahashvérosh fait grandir
Hamân bèn Hamdata, l’Agagui.
Il le porte et met son trône au-dessus de tous les chefs qui sont avec lui.
2.     Tous les serviteurs du roi, à la porte du roi, s’inclinent,
ils se prosternent devant Hamân; oui, le roi l’ordonne ainsi.
Or Mordekhaï ne s’incline pas, il ne se prosterne pas.
3.     Les serviteurs du roi, à la porte du roi, disent à Mordekhaï;
« Pourquoi passes-tu outre à l’ordre du roi ? »
4.     Et c’est quand ils le lui disent jour après jour
et qu’il ne les entend pas, ils le rapportent à Hamân
pour voir si les paroles de Mordekhaï tiennent;
oui, il leur avait rapporté qu’il était un Iehoudi.
5.     Hamân voit que Mordekhaï ne s’incline pas,
qu’il ne se prosterne pas devant lui.
Hamân se remplit de fièvre.
6.     Il est méprisable à ses yeux de porter la main contre Mordekhaï seul;
mais ils lui rapportent quel est le peuple de Mordekhaï.
Hamân demande à exterminer tous les Iehoudîm
de tout le royaume d’Ahashvérosh, le peuple de Mordekhaï.
7.     La première lunaison, la lunaison de Nissân,
en l’an douze du roi Ahashvérosh,
il fait tomber le Pour ­ c’est le sort ­ en face de Hamân,
jour après jour, lunaison après lunaison,
jusqu’à la douzième lunaison, c’est la lunaison d’Adar.
8.     Hamân dit au roi Ahashvérosh: « Il existe un peuple dispersé
et séparé parmi les peuples, dans toutes les cités de ton royaume.
Leurs lois diffèrent de celles de tous les peuples.
Les lois du roi, ils ne les appliquent pas.
Il ne vaut rien au roi de les laisser.
9.     Si c’est bien pour le roi, il sera écrit de les perdre.
Je pèserai dix mille talents d’argent
aux mains des exécuteurs de l’ouvrage, à faire venir aux trésors du roi. »
10.     Le roi ôte de sa main sa bague et la donne
à Hamân bèn Hamdata l’Agagui, l’oppresseur des Iehoudîm.
11.     Le roi dit à Hamân: « L’argent t’est donné et le peuple
pour en faire comme bien à tes yeux. »
12.     Les actuaires du roi sont appelés à la première lunaison, le treizième jour.
Il est écrit tout ce que Hamân ordonne
aux satrapes du roi, aux pachas des cités et des cités,
aux chefs des peuples et des peuples,
cité et cité selon son écriture, peuple et peuple selon sa langue,
écrit au nom du roi Ahashvérosh, et scellé avec la bague du roi.
13.     Les actes sont envoyés en main de coureurs vers toutes les cités du roi,
pour exterminer, tuer et perdre tous les Iehoudîm,
de l’adolescent à l’ancien, marmaille et femmes, en un seul jour,
le treize de la douzième lunaison, la lunaison d’Adar, et leur butin, le piller.
14.     Copie de l’écrit est donnée en loi à toute cité et cité,
découverte pour tous les peuples, d’être prêts ce jour-là.
15.     Les coureurs sortent en hâte avec la parole du roi.
La loi est donnée à Shoushân, la capitale.
Le roi et Hamân s’assoient pour boire; la ville de Shoushân s’égare.

Chapitre 4.

Une clameur amère

1.     Mordekhaï savait tout ce qui s’était fait.
Mordekhaï déchire ses habits, se revêt de sac et de poussière.
Il sort dans la ville. Il clame, une grande clameur amère.
2.     Il vient jusqu’en face de la porte du roi,
car il ne devait pas venir à la porte du roi en vêtement de sac.
3.     Dans chaque cité et cité, au lieu où la parole du roi et sa loi arrivent,
c’est grand deuil pour les Iehoudîm,
jeûne, pleurs, lamentation, sac, poussière étendue pour la multitude.
4.     Les adolescentes d’Èstér, ses eunuques viennent et le lui rapportent.
La reine en est fort émue.
Elle envoie des habits pour en vêtir Mordekhaï
et pour qu’il écarte son sac loin de lui. Il n’accepte pas.
5.     Èstér appelle Hatakh, un des eunuques du roi,
qu’il avait placé en face d’elle.
Elle lui donne ordre de savoir: « Qu’est-ce et pourquoi ? »
6.     Hatakh sort vers Mordekhaï, vers les places de la ville,
face à la porte du roi.
7.     Mordekhaï lui rapporte tout ce qui était advenu,
l’affaire de l’argent que Hamân avait dit de peser pour le trésor du roi,
contre les Iehoudîm, pour les perdre;
8.     la copie de l’écrit de la loi donnée à Shoushân pour les exterminer,
il la lui donne pour la montrer à Èstér,
pour le lui rapporter et lui ordonner de venir vers le roi
demander grâce et implorer en face de lui, pour son peuple.
9.     Hatakh vient. Il rapporte à Èstér les paroles de Mordekhaï.
10.     Èstér dit à Hatakh et l’ordonne à Mordekhaï:
11.     « Tous les serviteurs du roi et le peuple des cités du roi
savent que tout homme ou femme qui vient vers le roi
dans la cour intérieure sans être convoqué, sa loi est une:
le mettre à mort. Seul celui à qui le roi tend son sceptre d’or vit.
Et moi je n’ai pas été appelée pour venir chez le roi voici trente jours ! »
12.     Ils rapportent à Mordekhaï les paroles d’Èstér.
13.     Mordekhaï dit de répondre à Èstér:
« N’imagine pas en ton être échapper dans la maison du roi,
seule de tous les Iehoudîm.
14.     Oui, même si tu te taisais, te taisais en ce temps,
le soulagement et le sauvetage se dresseraient,
pour les Iehoudîm, d’un autre lieu.
Mais toi et la maison de ton père vous seriez perdus.
Et qui sait si ce n’est pas pour un temps semblable
que tu es arrivée au règne ? »
15.     Èstér dit de répondre à Mordekhaï:
16.     « Va, réunis tous les Iehoudîm qui se trouvent à Shoushân.
Jeûnez pour moi: ne mangez pas, ne buvez pas pendant trois jours,
nuit et jour. Moi aussi je jeûnerai ainsi avec mes adolescentes.
Ensuite, je viendrai chez le roi, ce qui n’est pas selon la loi.
Si je suis perdue, je suis perdue ! »
17.     Mordekhaï passe. Il fait tout, comme le lui a ordonné Èstér.

Chapitre 5.

Le sceptre d’or

1.     Et c’est le troisième jour. Èstér revêt le vêtement royal.
Elle s’arrête dans la cour intérieure de la maison du roi,
devant la maison du roi.
Le roi siège sur le trône de son royaume, dans la maison du royaume,
devant l’ouverture de la maison.
2.     Et c’est quand le roi voit Èstér, la reine, debout dans la cour,
elle porte grâce à ses yeux.
Le roi tend à Èstér le sceptre d’or qui est en sa main.
Èstér s’approche; elle touche la tête du sceptre.
3.     Le roi lui dit: « Qu’as-tu, reine Èstér ? Quelle est ta demande ?
Il te sera donné jusqu’à la moitié du royaume ! »
4.     Èstér dit: « Si c’est bien pour le roi,
le roi viendra avec Hamân aujourd’hui, au festin que je fais pour lui. »
5.     Le roi dit: « Hâtez-vous auprès de Hamân pour faire la parole d’Èstér. »
Le roi vient avec Hamân au festin qu’Èstér fait.
6.     Le roi dit à Èstér au festin de vin:
« Quelle est ta question ? Cela te sera donné.
Et quelle est ta demande ? Elle sera accordée jusqu’à la moitié du royaume. »
7.     Èstér répond et dit: « Ma question et ma demande,
8.     si j’ai trouvé grâce aux yeux du roi et si c’est bien pour le roi
de résoudre ma question et d’accorder ma demande,
que le roi vienne avec Hamân au festin que je ferai pour eux.
Demain je ferai selon la parole du roi. »
9.     Hamân sort en ce jour, joyeux, le coeur bien.
Mais quand Hamân voit Mordekhaï à la porte du roi,
qu’il ne se lève pas et ne bronche pas devant lui,
Hamân est plein de fièvre contre Mordekhaï.
10.     Hamân se maîtrise et vient à sa maison.
Il mande et fait venir ses amis, et Zèrèsh, sa femme.
11.     Hamân leur raconte la gloire de sa richesse, la multitude de ses fils,
combien le roi l’a fait grandir et l’a porté
au-dessus des chefs et des serviteurs du roi.
12.     Hamân dit: « La reine Èstér aussi n’a fait venir que moi seul
avec le roi au festin qu’elle a fait;
et demain aussi je suis invité chez elle avec le roi.
13.     Mais tout cela ne vaut rien pour moi,
tout le temps où je vois Mordekhaï, le Iehoudi,
siéger à la porte du roi. »
14.     Zèrèsh, sa femme, lui dit avec tous ses amis:
« Qu’ils fassent un bois haut de cinquante coudées.
Le matin, dis-le au roi, et qu’ils y pendent Mordekhaï.
Puis viens avec le roi au festin, joyeux. »
La parole excelle en face de Hamân. Il fait le bois.

Chapitre 6.

Le vêtement royal

1.     En cette nuit, le sommeil du roi errait.
Il dit de faire venir l’acte des mémoires « Paroles des jours ».
2.     Il s’y trouve écrit ce que Mordekhaï avait rapporté
contre Bigtân et Tèrèsh, les deux eunuques du roi, des gardiens du seuil,
qui cherchaient à porter la main contre le roi Ahashvérosh.
3.     Le roi dit: « Qu’a-t-il été fait
d’estime et de grandeur à Mordekhaï pour ceci ? »
Les adolescents du roi, ses officiants, disent:
« Pas une parole n’a été faite pour lui. »
4.     Le roi dit: « Qui est dans la cour ? »
Hamân vient dans la cour extérieure de la maison du roi
pour dire au roi de pendre Mordekhaï
sur le bois qu’il avait préparé pour lui.

5.     Les adolescents du roi lui disent:
« Voici Hamân, il est debout dans la cour. » Le roi dit: « Qu’il vienne ! »
6.     Hamân vient. Le roi lui dit:
« Que faire à un homme que le roi désire honorer ? »
Hamân se dit en son coeur:
« À qui le roi désirerait-il faire honneur plus qu’à moi ? »
7.     Hamân dit au roi: « L’homme que le roi désire faire honorer,
8.     ils feront venir le vêtement royal que revêt le roi,
le cheval sur lequel le roi est monté
et la couronne royale sera mise sur sa tête.
9.     Le vêtement et le cheval seront donnés
en main d’un homme des chefs du roi, des gérontes,
et ils revêtiront l’homme dont le roi désire l’honneur.
Ils le feront monter à cheval sur la place de la ville,
et ils crieront en face de lui:
‹ Il est fait ainsi à l’homme que le roi désire honorer ›. »
10.     Le roi dit à Hamân: « En hâte, prends le vêtement et le cheval
ainsi que tu l’as dit, et fait ainsi à Mordekhaï le Iehoudi,
qui siège à la porte du roi.
Ne laisse pas tomber une parole de tout ce dont tu as parlé. »
11.     Hamân prend le vêtement et le cheval. Il revêt Mordekhaï.
Il le fait chevaucher sur la place de la ville.
Il crie en face de lui:
« Il sera fait ainsi à l’homme que le roi désire honorer: »
12.     Mordekhaï retourne à la porte du roi.
Hamân se presse vers sa maison, endeuillé, la tête recouverte.
13.     Hamân raconte à Zèrèsh, sa femme, et à tous ses amis
tout ce qui lui est advenu.
Ses sages, et Zèrèsh sa femme, lui disent:
« Si Mordekhaï est de la semence des Iehoudîm,
lui en face duquel tu as commencé à tomber, tu ne pourras rien contre lui.
Oui, tu tomberas, tu tomberas en face de lui. »
14.     Ils lui parlaient encore quand arrivent les eunuques du roi.
Ils affolent Hamân pour le faire venir au festin qu’Èstér faisait.

Chapitre 7.

Quelle est ta demande ?

1.     Le roi vient avec Hamân pour boire avec la reine Èstér ?
2.     Le roi dit à Èstér, le deuxième jour aussi, au festin de vin:
« Quelle est ta demande, reine Èstér ? Elle te sera donnée.
Et quelle est ta requête ?
Elle te sera accordée jusqu’à la moitié du royaume. »
3.     La reine Èstér répond. Elle dit: « Si j’ai trouvé grâce à tes yeux, roi,
et si c’est bien pour le roi,
que mon être me soit donné pour ma demande
et mon peuple pour ma requête.
4.     Oui, nous avons été vendus, moi et mon peuple,
pour être exterminés, tués, perdus !
Si nous avions été vendus en tant qu’esclaves et domestiques,
je me serais tue; mais non, l’oppresseur n’évalue pas le dommage du roi ! »

5.     Le roi Ahashvérosh dit, il dit à la reine Èstér:
« Quel est-il, celui-là, et d’où est-il,
celui dont le coeur s’est empli pour faire ainsi ? »
6.     Èstér dit: « L’homme, l’oppresseur, l’ennemi, c’est Hamân, ce mal ! »
Hamân est terrifié en face du roi et de la reine.
7.     Le roi dans sa fièvre se lève du festin de vin au jardinet du pavillon.
Hamân se dresse pour demander à la reine Èstér son être;
oui, il avait vu que pour lui le malheur était achevé de la part du roi.

La pendaison de Hamân

8.     Le roi retourne du jardin du pavillon à la maison du festin du vin.
Hamân tombe sur le lit où se trouvait Èstér.
Le roi dit: « Est-ce aussi pour conquérir la reine,
avec moi dans la maison ? »
La parole sort de la bouche du roi. Les faces de Hamân se recouvrent.
9.     Harebona, l’un des eunuques, dit en face du roi:
« Voici aussi le bois que Hamân avait fait pour Mordekhaï,
qui a parlé pour le bien du roi.
Il se dresse dans la maison de Hamân, haut de cinquante coudées. »
Le roi dit: « Pendez-le dessus. »
10.     Ils pendent Hamân sur le bois qu’il avait préparé pour Mordekhaï.
La fièvre du roi se modère.

Chapitre 8.

La bague du roi

1.     En ce jour, le roi Ahashvérosh donne à la reine Èstér
la maison de Hamân, l’oppresseur des Iehoudîm,
et Mordekhaï vient en face du roi;
oui, Èstér lui avait rapporté qui il était pour elle.
2.     Le roi ôte sa bague qu’il avait reprise à Hamân.
Il la donne à Mordekhaï.
Èstér installe Mordekhaï dans la maison de Hamân.
3.     Èstér continue, elle parle en face du roi.
Elle tombe à ses pieds et lui demande la grâce
d’écarter le maléfice de Hamân l’Agagui
et son dessein qu’il préméditait contre les Iehoudîm.
4.     Le roi tend à Èstér le sceptre d’or.
Èstér se lève et se dresse en face du roi.
5.     Elle dit: « Si c’est bien pour le roi, si j’ai trouvé grâce en face de lui,
si la parole est régulière face au roi
et si je suis bien à ses yeux, moi, il sera écrit de retourner
les actes de la pensée de Hamân bèn Hamdata, l’Agagui,
qu’il avait écrits pour perdre les Iehoudîm de toutes les cités du roi.
6.     Oui, comment pourrais-je voir le malheur qui trouverait mon peuple,
et comment pourrais-je voir la perte de ma patrie ! »
7.     Le roi Ahashvérosh dit à la reine Èstér et à Mordekhaï le Iehoudi:
« Voici la maison de Hamân; je l’ai donnée à Èstér.
Lui, ils l’ont pendu sur le bois
pour avoir porté sa main contre les Iehoudîm.
8.     Et vous, écrivez sur les Iehoudîm comme il sera bien à vos yeux,
au nom du roi, et scellez-le avec la bague du roi;
oui, un écrit au nom du roi et scellé avec la bague du roi
il n’y a rien à y répondre. »
9.     Les actuaires du roi sont appelés en ce temps,
à la troisième lunaison, la lunaison de Sivân, le vingt-trois.
Il est écrit tout ce que Mordekhaï ordonne pour les Iehoudîm,
aux satrapes et pachas, aux chefs des cités,
de Hodou à Koush, cent vingt-sept cités,
cité et cité selon son écriture, peuple et peuple selon sa langue,
et aux Iehoudîm selon leur écriture et selon leur langue.
10.     Il écrit au nom du roi Ahashvérosh et scelle avec la bague du roi.
Il envoie les actes en main de coureurs à cheval,
montés sur les coursiers royaux, les poulains des haras,
11.     par lesquels le roi donne aux Iehoudîm qui sont dans toute ville et ville
de se rassembler et de se dresser sur leur être pour exterminer,
tuer et perdre toute l’armée du peuple ou de la cité qui les oppresserait,
eux, la marmaille et les femmes, ou qui les pillerait, pour le butin.

Un grand nimbe d’or

12.     En un seul jour, dans toutes les cités du roi Ahashvérosh,
le treize de la douzième lunaison, elle, la lunaison d’Adar,
13.     copie de l’écrit est donnée en loi en toute cité et cité,
découverte à tous les peuples,
afin que les Iehoudîm soient prêts pour ce jour-là à se venger
de leurs ennemis.
14.     Les coureurs montés sur les coursiers royaux sortent
affolés et pressés avec la parole du roi.
La loi est donnée à Shoushân, la capitale.

15.     Mordekhaï sort face au roi en vêtement royal,
indigo, écru, avec un grand nimbe d’or,
et une houppelande de byssus et de pourpre.
La ville de Shoushân hennit et se réjouit.
16.     Pour les Iehoudîm c’est la lumière et la joie, l’exultation et l’estime.
17.     Dans toute cité et cité, dans toute ville et ville,
au lieu où la parole du roi et sa loi arrivent,
pour les Iehoudîm c’est la joie, l’exultation, un festin, un jour faste !
Parmi le peuple de la terre, ils sont multiples à se faire Iehoudîm:
oui, le tremblement devant les Iehoudîm était tombé sur eux.

Chapitre 9.

La vengeance

1.     À la douzième lunaison, la lunaison d’Adar, le treizième jour,
alors que la parole du roi et sa loi arrivent pour être exécutées,
le jour où les ennemis des Iehoudîm s’impatientaient pour les dominer,
c’est l’inverse: ce sont les Iehoudîm qui dominent leurs haineux.
2.     Les Iehoudîm se sont rassemblés dans leurs villes,
dans toutes les cités du roi Ahashvérosh,
pour porter la main sur les chercheurs de leur malheur.
Personne ne se dresse contre eux;
oui, leur tremblement était tombé sur tous les peuples.
3.     Tous les chefs des cités, les satrapes, les pachas,
les exécuteurs de l’ouvrage du roi portaient les Iehoudîm:
oui, la peur de Mordekhaï était tombée sur eux.
4.     Oui, Mordekhaï est grand dans la maison du roi;
sa rumeur va dans toutes les cités.
Oui, l’homme Mordekhaï allait et grandissait.
5.     Les Iehoudîm frappent tous leurs ennemis;
coup d’épée, tuerie, perdition;
ils font ce qu’ils veulent de leurs haineux.
6.     À Shoushân, la capitale, les Iehoudîm tuent
et perdent cinq cents hommes:
7.     Parshandata et Dalphôn et Aspata
8.     et Porata et Adalia et Aridata
9.     et Parmashta et Arissaï et Aridaï et Vayezata.
10.     Les dix fils de Hamân bèn Hamdata, l’oppresseur des Iehoudîm,
ils les tuent. Ils n’envoient par leur main au pillage.
11.     En ce jour, le nombre des tués à Shoushân, la capitale,
parvient en face du roi.
12.     Le roi dit à la reine Èstér: « À Shoushân, la capitale,
les Iehoudîm ont tué cinq cents hommes,
et les dix fils de Hamân sont perdus.
Dans le reste des cités du roi, qu’ont-ils fait ? Quelle est ta demande ?
Elle t’est donnée, et quelle est encore ta requête ? Elle t’est accordée. »
13.     Èstér dit: « Si c’est bien pour le roi,
il donnera demain aussi aux Iehoudîm de Shoushân
de faire selon la loi de ce jour,
et que les dix fils de Hamân soient pendus sur le bois. »
14.     Le roi dit qu’il soit fait ainsi. Une loi est promulguée à Shoushân.
Ils pendent les dix fils de Hamân.

La fête de Pourîm

15.     Les Iehoudîm de Shoushân se rassemblent aussi
le quatorzième de la lunaison d’Adar.
Ils tuent à Shoushân trois cents hommes,
mais ils ne lancent pas leur main au pillage.
16.     Le reste des Iehoudîm, des cités du roi, se rassemblent;
ils se dressent sur leur être, se reposent de leurs ennemis,
tuent leurs haineux et tuent de leurs ennemis soixante-quinze mille;
mais ils ne lancent pas leur main au pillage.
17.     Le treizième jour de la lunaison d’Adar,
le quatorzième, ils se reposent et font un jour de festin et de joie.
18.     Les Iehoudîm de Shoushân se rassemblent
le treize de cette lunaison et le quatorze.
Le quinze, ils se reposent, ils font un jour de festin et de joie.
19.     Sur quoi, les Iehoudîm dispersés, habitant des villes sans muraille,
font du quatorzième jour de la lunaison d’Adar, joie, festin, jour faste,
où chaque homme fait envoi de parts à son compagnon.

20.     Mordekhaï écrit ces paroles. Il envoie des actes à tous les Iehoudîm
qui sont dans toutes les cités du roi Ahashvérosh,
les proches et les lointains,
21.     d’accomplir pour eux et d’être à faire
le quatorzième jour de la lunaison d’Adar
et le quinzième jour, année après année,
22.     comme des jours où les Iehoudîm se reposent de leurs ennemis,
et une lunaison où, pour eux, l’affliction tourne à la joie,
le deuil en jour faste, pour en faire des jours de festin et de joie,
d’envoi de parts, chaque homme à son compagnon,
et de dons aux pauvres.
23.     Les Iehoudîm acceptent ce qu’ils avaient commencé à faire
et ce que leur avait écrit Mordekhaï.
24.     Oui, Hamân bèn Hamdata, l’Agagui, l’oppresseur de tous les Iehoudîm,
avait pensé perdre les Iehoudîm.
Il avait jeté le Pour ­ c’est le sort ­, pour les bouleverser et les perdre.
25.     Mais venant en face du roi, il dit qu’avec l’acte
sa pensée de malheur qu’il avait préméditée contre les Iehoudîm
retournerait contre sa tête: ils le pendent, avec ses fils, sur le bois.
26.     Ainsi ils ont appelé ces jours Pourîm, selon le nom de Pour.
Ainsi pour toutes les paroles de cette missive
et pour ce qu’ils avaient vu en ceci,
et pour ce qui leur était arrivé,
27.     les Iehoudîm accomplissent et acceptent pour eux
et pour leur semence, et pour tous ceux qui s’adjoignent à eux;
et cela ne passera pas, d’être à faire ces deux jours
selon leur écrit et selon leur temps, en tout, d’année en année.
28.     Ces jours sont commémorés et faits d’âge en âge, de clan à clan,
de cité à cité, de ville à ville.
Ces jours de Pourîm ne passeront pas parmi les Iehoudîm;
leur souvenir ne finira pas en leur semence.
29.     La reine Èstér, la fille d’Abihaïl, écrit avec Mordekhaï, le Iehoudi,
avec toute autorité pour accomplir cette missive de Pourîm, la deuxième.
30.     Il envoie des actes à tous les Iehoudîm,
aux cent vingt-sept cités du royaume d’Ahashvérosh,
des paroles de paix et de vérité,
31.     pour accomplir ces jours de Pourîm en leur époque,
comme les avaient accomplis Mordekhaï, le Iehoudi, et la reine Èstér,
et comme ils les avaient accomplis, eux et leur semence,
les paroles des jeûnes et leur clameur.
32.     Le dit d’Èstér accomplit ces paroles de Pourîm: c’est écrit dans l’acte.

Chapitre 10.

Mordekhaï est grand

1.     Le roi Ahashvérosh établit une corvée sur la terre et les Îles de la mer.
2.     Tout le fait de sa puissance et de son héroïsme,
l’affaire de la grandeur de Mordekhaï, que le roi a fait grandir,
ne sont-ils pas écrits sur l’acte:
« Paroles des jours des rois de Madaï et Paras » ?
3.     Oui, Mordekhaï, le Iehoudi, le second du roi Ahashvérosh,
est grand pour les Iehoudîm, agréé par la multitude de ses frères.
Il cherche le bien de son peuple et parle de paix pour toute sa semence.