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Nahoum, Habaqouq et Sephanyah

Liminaire pour Nahoum

     Trois chapitres, quarante-sept versets, composent la harangue contre Ninevé (Ninive) attribuée à Nahoum, dont le nom dérive d’une racine nhm qui évoque l’idée de réconfort. De cet inspiré, nous ne savons strictement rien, et, s’il était d’Èlqosh (1,1), nul ne saurait dire où se trouvait cette localité.

     L’activité littéraire de l’inspiré est postérieure à 663, année de la prise de No Amôn (Thèbes) par Assurbanipal. Elle doit se situer vers 612, année de la chute de Ninive, quand, au mois d’août, la capitale assyrienne fut prise et rasée par les armées des Babyloniens et des Mèdes.

     Nahoum illustre la grande tradition des inspirés d’Israël, dont il est un des derniers exemples. Son poème retentit des plus émouvants accents de la poésie hébraïque, ceux du chant de Déborah (Jg 5), ceux de l’élégie de David sur Shaoul (Saül) et Iehonatan (Jonathan) (2 S 1,19-27). Il les dépasse peut-être par la toute-puissance de ses rythmes et de ses images.


Chapitre 1.

Le vengeur

1.     Charge de Ninevé.
Acte de la contemplation de Nahoum d’Èlqosh.
2.     Él ardent, vengeur, IHVH-Adonaï, vengeur, IHVH-Adonaï,
maître de la fièvre, vengeur IHVH-Adonaï, contre ses oppresseurs !
Il surveille ses ennemis, lui !
3.     IHVH-Adonaï, long de narines, grand en force, il n’innocente pas, il n’innocente pas.
IHVH-Adonaï dans l’ouragan, sa route est dans la tempête;
la nuée est la poudre de ses pieds.
4.     Il rabroue la mer et l’assèche, il tarit tous les fleuves.
Étiolés, le Bashân, le Karmèl; étiolée, la fleur du Lebanôn.
5.     Les montagnes tremblent de lui, les collines se liquéfient.
La terre sursaute en face de lui, le monde et tous ses habitants.
6.     En face de sa fureur qui tiendra ?
Qui se dressera dans la brûlure de sa narine ?
Sa fièvre liquéfie comme un feu; les rocs se démantèlent devant lui.
7.     IHVH-Adonaï est bon, un retranchement au jour de la détresse;
il connaît ceux qui s’abritent en lui.
8.     Dans l’inondation qui passe, de son lieu il fait une extermination;
la ténèbre poursuit ses ennemis.

9.     Que pensez-vous de IHVH-Adonaï ? Il fait l’anéantissement;
la détresse ne se dressera pas deux fois.
10.     Oui, comme un hallier d’épines, saouls de saouleries,
ils seront mangés à plein, comme de la paille séchée.
11.     De toi sort celui qui a pensé à mal contre IHVH-Adonaï, le conseiller de Belia‘al.
12.     Ainsi dit IHVH-Adonaï: Si parfaits, si multiples qu’ils soient,
ainsi ils seront tondus, ils passeront.
Je t’ai violentée, je ne te violenterai plus.
13.     Maintenant, je briserai son entrave sur toi; je désagrégerai tes liens.
14.     IHVH-Adonaï l’ordonne pour toi: il ne sera plus rien semé en ton nom.
De la maison de tes Elohîms je tranche la sculpture et la fonte;
je te mets au sépulcre: oui, tu es maudit.

Chapitre 2.

À l’assaut de Ninevé

1.     Voici sur les montagnes les pieds de l’annonciateur,
le hérault de la paix !
Fête tes fêtes, Iehouda, acquitte tes voeux !
Car Belia‘al ne continuera plus à passer en toi: il est tout entier tranché.
2.     Le disperseur est monté contre tes faces.
Fortifie ta forteresse, guette la route,
renforce les hanches, raffermis la force, fort.
3.     Oui, IHVH-Adonaï fait retourner le génie de Ia‘acob,
semblable au génie d’Israël, que les vidangeurs avaient vidangé;
ils avaient détruit leurs sarments.
4.     Le bouclier de ses héros rougeoie, les hommes de valeur sont écarlates,
dans le feu des aciers du char, le jour où ils l’affermissent;
les dards sont empoisonnés.
5.     Dans les allées, le char fonce; ils claquent, visibles comme des torches;
ils foncent comme des éclairs.
6.     Il se rappelle ses majestueux, qui trébuchent dans leurs allers;
ils se hâtent vers le rempart, où le faîtage est prêt.
7.     Les portes des Fleuves s’ouvrent, le palais fond.
8.     L’Idole est découverte et enlevée;
ses servants roucoulent comme d’une voix de palombe
et tambourinent de leur coeur.
9.     Ninevé était comme l’eau d’une piscine depuis toujours.
Ils s’enfuient: « Arrêtez ! Arrêtez ! » Mais nul ne fait face.
10.     « Pillez l’argent ! Pillez l’or ! »
Pas de fin au contenu, plus lourd que tous les objets convoitables.
11.     Le rapt, la rafle, le ravage, le coeur fond, les genoux titubent;
la trépidation dans toutes les hanches;
toutes les faces sont crispées, atrabilaires.
12.     Où est-il le repaire des lions, la pâture des lionceaux ?
Où qu’il aille: « Un lion, une lionne ! là, un petit de lion ! »
Et pas de perturbateur !
13.     Le lion lacère pour ses petits, il étrangle pour ses lionnes;
il remplit de proies ses trous; ses tanières, de bêtes lacérées.
14.     Me voici contre toi ! harangue de IHVH-Adonaï Sebaot.
Je fais brûler tes chars en fumée, l’épée dévore tes lionceaux:
je tranche ta proie de la terre.
La voix de ton messager ne s’entend plus.

Chapitre 3.

Ville de sangs

1.     Hoïe ! Ville de sangs, toute de félonie, pleine de déchirure !
La prédation ne s’en retirera pas.
2.     Voix du fouet, voix de trépidation de la roue,
cheval au galop, chariot qui danse !
3.     Cavalier à l’assaut, flamme de l’épée, éclair de la lance !
Multiplicité des victimes, lourdeur des carcasses !
Pas de fin aux carcasses; ils trébuchent sur leurs cadavres !
4.     Par la multiplicité des putineries de la putain,
bonne de grâce, maîtresse de sorcelleries,
vendeuses de nations par ses putineries, de clans par ses sorcelleries,
5.     me voici contre toi ! harangue de IHVH-Adonaï Sebaot.
Je découvre tes rebords contre tes faces;
et je fais voir ton sexe aux nations, aux royaumes de la turpitude.
6.     Je jette contre toi des abjections, des charognes;
je te mets comme de la chiasse.
7.     Et c’est, qui te verra errera loin de toi et dira: « Razziée, Ninevé ! »
Qui hochera sur toi ? Où demanderai-je des réconforts pour toi ?

La fin de Ninevé

8.     Serais-tu meilleure que No Amôn assise parmi les Ieorîm;
des eaux autour d’elle, dont l’enceinte, son rempart,
allait de la mer à la mer ?
9.     Koush revigorée, et Misraîm sans fin;
Pout, les Loubîm étaient à ton aide.
10.     Elle aussi, en exil elle est allée, en captivité.
Ses nourrissons aussi ont été déchiquetés en tête de toutes les allées.
Ils ont manié le sort sur ses glorieux;
tous ses grands ont été enchaînés aux fers.
11.     Toi aussi, tu t’enivreras, tu t’occulteras;
toi aussi, tu demanderas un retranchement contre l’ennemi.
12.     Toutes tes forteresses seront des figues de prémices:
mûres, elles tombent dans la bouche du mangeur.
13.     Voici ton peuple, des femmes en tes entrailles.
À tes ennemis, elles étaient ouvertes, ouvertes les portes de la terre;
le feu a mangé tes verrous.
14.     Pompe pour toi des eaux pour le siège; renforce tes forteresses !
Viens dans le limon, piétine l’argile, saisis le moule à brique !
15.     Là, le feu te mangera, l’épée te tranchera;
il te mangera comme la larve.
Alourdis-toi comme une larve; alourdis-toi comme un criquet !
16.     Tu avais multiplié tes colporteurs plus qu’étoiles des ciels:
la larve se déploie et s’envole.
17.     Tes cerbères sont comme des criquets,
tes greffiers comme des imagos campés dans les haies, un jour de gel.
Le soleil brille, ils errent. Nul ne connaît leur lieu, là où ils étaient.

18.     Tes pâtres somnolaient, roi d’Ashour;
tes majestueux, dans leurs demeures !
Ton peuple a été dispersé sur les montagnes; et pas de regroupeur !
19.     Pas de rémission pour ta brisure; pernicieux, ton coup !
Tous les entendeurs de ta rumeur font résonner les paumes contre toi.
Oui, contre qui ton mal n’est-il pas passé en permanence ?

Habaqouq ­ Habaqouq ­ Habaquq

Liminaire pour Habaqouq

     L’inspiré porte cette fois un nom bien attesté en akkadien: celui d’une plante odoriférante, habaqouqou. La date du volume qui porte son nom est incertaine. L’estimation la plus probable le situe entre 615 et 597.

     L’écrit se divise en trois parties. La première (1,1 à 2,4) est faite d’une longue prière de l’inspiré qui souffre de l’iniquité à l’heure du triomphe des Chaldéens; ceux-ci ayant défait les Égyptiens à Karkemish et à Hamat. La deuxième partie (2,5-20) renferme cinq imprécations. Celles-ci commencent toutes par le cri de deuil Hoïe, inexactement traduit par « Malheur ! » et dont je conserve ici la forme d’onomatopée, comme l’ont fait la Septante et le Nouveau Testament. La troisième partie (3,1-19) nous offre une nouvelle prière de l’inspiré, qui décrit en termes classiques la théophanie de IHVH-Adonaï.


Chapitre 1.

Le jugement tortueux

1.     Charge qu’a contemplée Habaqouq l’inspiré.
2.     Jusqu’à quand, IHVH-Adonaï ? J’appelle, mais tu n’entends pas;
je clame vers toi contre la violence, mais tu ne sauves pas.
3.     Pourquoi me fais-tu voir la fraude ?
Tu regardes le labeur, la razzia, la violence contre moi;
et c’est la querelle, l’hostilité, à porter.
4.     Sur quoi la tora est défaillante, le jugement ne sort plus avec persistance.
Oui, le criminel coiffe le juste; sur quoi le jugement sort, tortueux.

Sa force est son Elohîms

5.     Voyez parmi les nations, regardez ! Étonnez-vous, étonnez-vous !
Oui, l’ouvrier oeuvre de vos jours.
Si cela vous était conté, vous n’y adhéreriez pas.
6.     Oui, me voici, je suscite les Kasdîm, la nation amère, rapide,
qui va au large de la terre, pour hériter de résidences non siennes.
7.     Elle, l’effroyable, à frémir, son jugement sort d’elle-même avec son faix.
8.     Ses chevaux sont plus légers que léopards,
plus tranchants que loups du soir;
ses cavaliers se propagent, ses cavaliers venus de loin.
Ils volent comme un vautour pressé de manger.
9.     Tout entier à la violence, il vient, ses faces absorbées en avant.
Il réunit les captifs comme du sable.
10.     Il fait dérision des rois; les potentats sont un jeu pour lui.
Il se rit de toutes les forteresses:
il accumule de la poussière et les investit.
11.     Alors le souffle change, il passe et condamne.
Ceci, sa force, est son Elohîms.

12.     N’est-ce pas toi, d’antan, IHVH-Adonaï ?
Mon Elohîms, ma sacralité, tu ne meurs pas !
IHVH-Adonaï, tu l’as mis en jugement, tu l’as fondé en roc pour admonester.
13.     Les yeux trop purs pour voir le mal,
tu ne peux pas regarder la souffrance.
Pourquoi regardes-tu les traîtres
et fais-tu le sourd quand le criminel engloutit plus juste que lui ?
14.     Tu fais de l’humain comme des poissons de la mer,
comme des reptiles sans gouverneur.
15.     Il les fait tous monter à l’hameçon;
il les attire dans ses rets et les réunit dans sa nasse.
Après quoi, il se réjouit et s’égaye.
16.     Et après quoi, il sacrifie à son filet, il encense sa nasse.
Oui, grâce à eux, sa part est replète, sa nourriture plantureuse.
17.     Est-ce pour cela qu’il videra son collet en permanence,
pour tuer des nations sans compatir ?

Chapitre 2.

Écris

1.     Je me dresse sur ma vigie, sur la tour; je me poste au siège,
et guette pour voir en quoi il parlera contre moi.
Que répliquera-t-il à mon admonestation ?
2.     IHVH-Adonaï me répond et dit: Écris la contemplation,
grave-la sur des tablettes pour que leur lecteur y coure.
3.     Oui, c’est encore une contemplation pour le rendez-vous.
Elle insuffle la fin et ne décevra pas.
Si elle tarde, attends-la; oui, elle viendra, elle viendra,
elle ne tardera pas !
4.     Voici, la boursouflure de celui dont l’être n’est pas droit en lui;
mais le juste vit en son adhérence.

Babèl sanglante

5.     Mais oui, le vin trahit et le brave effronté n’aura pas d’oasis.
Il élargit son être comme le Shéol, et comme la mort ne se rassasie pas.
Il a réuni en lui toutes les nations et groupé tous les peuples.
6.     Tous ceux-là n’élèveront-ils pas contre lui
un exemple, une satire, des énigmes, disant:
Hoïe, qui multiplie le non-sien ­ jusqu’à quand ?­
qui alourdit sur lui l’endettement.
7.     Ne se lèveront-ils pas soudain, tes créanciers ?
Tes agitateurs s’éveilleront, et tu seras spolié par eux.
8.     Oui, tu as pillé de multiples nations.
Tout le reste des peuples te pillera,
pour le sang de l’humain et la violence contre la terre,
la cité et tous ses habitants.

9.     Hoïe, profiteur de mauvais profits pour sa maison,
qui met son nid dans l’altitude,
pour être secouru par la paume du malheur.
10.     Tu as conseillé le blêmissement à ta maison,
le raclage de peuples multiples; et ton être a fauté.
11.     Oui, la pierre du mur clame, et la solive de bois lui répond.

12.     Hoïe, bâtisseur de ville dans le sang, promoteur de cité dans la forfaiture !
13.     N’est-ce pas de la part de IHVH-Adonaï Sebaot ?
Voici, les peuples s’épuisent pour le feu,
les patries se fatiguent pour le vide.
14.     Oui, la terre se remplira de la connaissance de la gloire de IHVH-Adonaï,
comme les eaux couvrent la mer.
15.     Hoïe, abreuveur de ton compagnon !
Tu ajoutes ta fièvre à la liqueur pour regarder leur sexe !
16.     Tu t’es rassasié de turpitude sans gloire !
Bois, toi aussi, et découvre ton prépuce !
La coupe de la droite de IHVH-Adonaï se tourne vers toi
en vomissement de turpitude, contre ta gloire.
17.     Oui, la violence faite au Lebanôn te couvre,
et la razzia effare les bêtes, pour le sang humain,
ta violence contre la terre, la cité et tous ses habitants !
18.     En quoi est-elle utile, la sculpture que son auteur sculpte ?
Une fonte, un enseigneur de mensonge !
Oui, le formateur de sa forme se sécurise en elle,
en faisant des idoles muettes !
19.     Hoïe, diseur au bois: « Réveille-toi ! »;
« Éveille-toi ! » à la pierre silencieuse. Enseignera-t-elle ?
La voici saisie dans l’or et l’argent,
mais tout souffle est absent de ses entrailles.
20.     IHVH-Adonaï au palais de son sanctuaire.
Silence, face à lui, toute la terre !

Chapitre 3.

Prière de l’inspiré

1.     Prière de Habaqouq, l’inspiré. Sur les hymnes.
2.     IHVH-Adonaï, j’entends ta rumeur, et je frémis !
IHVH-Adonaï, vivifie ton oeuvre aux entrailles des années,
fais-la connaître aux entrailles des années !
Dans l’irritation, mémorise pour matricier !
3.     Eloha vient du Téimân; le Sacré, du mont Parân, sèlah !
Sa majesté couvre les ciels; sa louange remplit la terre.
4.     Sa fulguration est comme une lumière aux cornes de sa main,
là, dans l’enfouissement de son énergie.
5.     En face de lui va la peste, l’étincelle sort de ses pieds.
6.     Il se dresse, et fait vaciller la terre; il voit, et ébranle les nations.
Les montagnes pérennes se dispersent,
les collines de pérennité se prosternent. À lui, les allers de pérennité !
7.     Sous la fraude, je vois les tentes de Koushân,
les tentures irritées de la terre de Midiân.

8.     Contre les fleuves, brûle-t-il, IHVH-Adonaï ?
Est-elle contre les fleuves, ta narine ?
Ou contre la mer, ton emportement ?
Oui, tu montes sur tes chevaux, et tes chars donnent le salut.
9.     Nu, tu réveilles ton arc, satiété des traits du dire, sèlah !
De fleuves, tu fends la terre !
10.     Elles t’ont vu, les montagnes, elles se convulsent !
La trombe d’eau passe, l’abîme donne de la voix;
de ses mains l’altitude le porte.
11.     Il arrête le dôme du soleil et de la lune.
Ils vont à la lumière de tes flèches,
à la fulguration et à l’éclair de tes lances.
12.     Avec exaspération, tu arpentes la terre;
avec fureur, tu foules les nations !
13.     Tu sors pour le salut de ton peuple, pour le salut de ton messie.
Tu brésilles la tête de la maison du criminel,
mis à nu du fondement jusqu’au cou, sèlah !
14.     Tu perces de tes traits la tête de ses commandeurs:
ils tempêtaient pour me disperser.
Leur exultation était de manger l’humilié en secret.
15.     Tu as conduit tes chevaux dans la mer,
dans l’amoncellement des eaux multiples.
16.     J’ai entendu et mon ventre s’irrite;
à la voix, mes lèvres claquent. La carie vient dans mes os;
sous moi, je m’irrite, au lieu de me reposer au jour de détresse,
pour monter contre le peuple qui nous assaille.
17.     Non, le figuier ne fleurit pas, pas de récolte dans les vignes,
le fait de l’olivier s’émacie, la campagne ne fait pas de nourriture,
l’ovin est coupé de la bergerie, et pas de bovins dans les étables.
18.     Moi, j’exulte en IHVH-Adonaï, je m’égaye dans l’Elohîms de mon salut.
19.     IHVH-Elohîms Adonaï, ma vaillance !
Il fait de mes pieds des biches, pour cheminer sur mes tertres.
Au chorège, en mes musiques.

Sephanyah ­ Sephanyah ­ Sophonie

Liminaire pour Sephanyah

     Sephanyah (« Yah a caché », ou « Yah a protégé ») est un contemporain d’Habaquq. Il écrit et parle quelques années avant lui. Entre les deux ouvrages, un événement de taille: la réforme de Josias (622). C’est sous le règne de celui-ci qu’a vécu l’inspiré. Juda est affaibli. Israël, le peuple frère, est effacé de la carte depuis un siècle et, dans le royaume du Sud, le long règne de Menashè (Manassé) (699-645) a marqué la décadence du monothéisme. Les Hébreux ont adopté les idoles et les moeurs des puissants Assyriens. Depuis Michée (vers 722), aucune voix prophétique ne s’est élevée. L’insécurité est grande. C’est parmi les menaces qui planent sur le pays à l’intérieur et à l’extérieur que s’élève la grande voix de Sophonie.

     La première partie du volume (1,1 à 2,3) annonce le jour de IHVH-Adonaï, celui où les coupables seront châtiés, tous ensemble, avec la création, solidaire des crimes des hommes. Il est urgent de chercher la justice et de retourner vers le Créateur des ciels et de la terre. La deuxième partie (2,4 à 3,8) contient de violentes diatribes contre diverses nations voisines d’Israël. Puis c’est la charge fameuse contre les chefs de la nation et contre la ville contaminée, Jérusalem. Le livre s’achève sur la vision réconfortante du retour des nations à IHVH-Adonaï et sur le splendide chant d’allégresse de Sion.

     Le message de Sophonie est visiblement inspiré par la prédication d’Isaïe qui, un siècle auparavant, dénonçait l’idolâtrie. Il reprend les incantations d’Amos, qui avait, le premier, semble-t-il, annoncé le jour de IHVH-Adonaï ­ la manière dont ce thème, le Dies irae, est ici traité, reste inoubliable. Mais, au-delà de la nuit, Sophonie annonce l’aube, la gloire future de son Elohîms et de son peuple.



Chapitre 1.

Le jour de IHVH-Adonaï

1.     Parole de IHVH-Adonaï qui était à Sephanyah bèn Koushi, bèn Guedalyah,
bèn Amaryah, bèn Hizqyah,
aux jours de Ioshyahou bèn Amôn, roi de Iehouda.

2.     J’extermine, j’extermine tout sur les faces de la glèbe, harangue de IHVH-Adonaï.
3.     J’extermine l’humain et la bête,
j’extermine les volatiles des ciels, les poissons de la mer,
les embûches avec les criminels.
Je tranche l’humain sur les faces de la glèbe, harangue de IHVH-Adonaï.
4.     Je tends ma main sur Iehouda, sur tous les habitants de Ieroushalaîm.
Je tranche de ce lieu le reste de Ba‘al,
le nom des prêtres avec les desservants;
5.     ceux qui se prosternent sur les toits devant la milice des ciels,
ceux qui se prosternent et jurent par IHVH-Adonaï,
avec ceux qui jurent par Milkôm,
6.     et ceux qui reculent derrière IHVH-Adonaï,
qui ne recherchent pas IHVH-Adonaï et ne le consultent pas.
7.     Silence en face d’Adonaï IHVH-Elohîms ! Oui, le jour de IHVH-Adonaï est proche;
oui, IHVH-Adonaï prépare le sacrifice, il sacre ses invités.
8.     Et c’est au jour du sacrifice de IHVH-Adonaï,
je sanctionnerai les chefs, les fils du roi,
tous ceux qui se sont vêtus d’un vêtement étranger.
9.     Je sanctionnerai tous les gambadeurs du palier en ce jour,
qui remplissent la maison de leur Adôn de violence et de duperie.
10.     Et c’est en ce jour, harangue de IHVH-Adonaï,
voix de clameur depuis la porte des Poissons,
alalas depuis le Mishnè, la grande brisure depuis les collines.
11.     Geignez, habitants du Makhtésh !
Oui, tout le peuple de Kena‘ân fait silence;
ils sont tranchés, tous les leveurs d’argent.
12.     Et c’est en ce temps, je recherche dans Ieroushalaîm avec des lampes,
et sanctionne les hommes gelés sur leurs lies,
qui disent en leur coeur: « IHVH-Adonaï ne bienfait ni ne méfait ! »
13.     Leur richesse sera à la spoliation, leurs maisons à la désolation.
Ils bâtiront des maisons et ne les habiteront pas;
ils planteront des vignobles et ne boiront pas leur vin.

14.     Il est proche, le jour de IHVH-Adonaï, le grand, proche, très vite.
Voix du jour de IHVH-Adonaï, amer; le héros hue là.
15.     Jour d’emportement, ce jour, jour de détresse, de harcèlement;
jour de sac et de tourmente,
jour de ténèbre et d’obscurité, jour de nuée et de brouillard;
16.     jour de shophar et d’ovation contre les villes fortifiées,
contre les hauts angles.
17.     J’assiège les humains, et ils vont comme des aveugles;
oui, ils ont fauté contre IHVH-Adonaï.
Leur sang est répandu comme de la poussière,
leur bidoche comme des crottes.
18.     Même leur argent, même leur or ne pourront pas les secourir,
au jour de l’emportement de IHVH-Adonaï.
Au feu de son ardeur, toute la terre sera mangée.
Oui, il fera l’anéantissement;
ah ! l’affolement de tous les habitants de la terre !

Chapitre 2.

Contre les nations

1.     Agglutinez-vous, agglutinez, nation non enviée,
2.     avant l’enfantement de la loi, le jour passe comme une glume;
avant que ne vienne sur vous la brûlure de narine de IHVH-Adonaï,
avant que ne vienne sur vous le jour de narine de IHVH-Adonaï.
3.     Demandez IHVH-Adonaï, tous les humbles de la terre,
qui oeuvrez selon son jugement.
Recherchez la justice, recherchez l’humilité !
Peut-être serez-vous cachés, le jour de la narine de IHVH-Adonaï.

4.     Oui, ‘Aza abandonnée, Ashqelôn en désolation.
Ashdod, en plein midi répudiée, ‘Èqrôn extirpée.
5.     Hoïe, habitants du district de la mer, nation des Kerétîm !
La parole de IHVH-Adonaï est contre vous, Kena‘ân, terre des Pelishtîm:
« Je te perds, sans habitants. »
6.     Et c’est le district de la mer, une oasis en parcs d’ovins,
où creusent les pâtres.
7.     Et c’est le district du reste de la maison de Iehouda: ils paîtront là.
Dans les maisons d’Ashqelôn, le soir, ils seront accroupis.
Oui, IHVH-Adonaï, leur Elohîms, les sanctionnera; il fera retourner leurs retours.

8.     J’ai entendu la flétrissure de Moab, les outrages des Benéi ‘Amôn,
dont ils ont flétri mon peuple. Ils ont fait grand sur leur frontière.
9.     Aussi, moi, le vivant, harangue de IHVH-Adonaï Sebaot, l’Elohîms d’Israël,
oui, Moab sera comme Sedôm, et les Benéi ‘Amôn comme ‘Amora:
un domaine de sanves, une mine de sel, une désolation, en pérennité.
Le reste de mon peuple les pillera, le résidu de ma nation les possédera.
10.     Ceci, pour eux, à la place de leur génie, parce qu’ils l’ont flétri,
qu’ils ont fait grand contre le peuple de IHVH-Adonaï Sebaot.
11.     IHVH-Adonaï contre eux à frémir; oui, il fera maigrir tous les Elohîms de la terre.
Toutes les îles des nations se prosterneront devant lui,
chaque homme en son lieu.
12.     Vous aussi, Koushîm ! Ils sont les victimes de mon épée !
13.     Il tend sa main sur le septentrion, il perd Ashour,
il met Ninevé en désolation, un reg comme le désert.
14.     Les troupeaux s’accroupissent au milieu d’elle,
tous les animaux, en nation, même la chevêche,
même le hibou des marais nuite dans ses chapiteaux.
La voix poétise à la fenêtre, la dévastation sur le seuil.
Oui, elle est dénudée de ses cèdres.
15.     Voilà la ville exultante, assise en sécurité,
qui disait en son coeur: « Moi, et nulle autre !
Comment est-elle en désolation, en accroupissoir d’animaux.
Tout passant siffle, agite sa main contre elle, il agite la main...

Chapitre 3.

La ville de l’exploitation

1.     Hoïe, dégoûtante, infecte, ville du sévice !
2.     Elle n’a pas entendu la voix, elle n’a pas pris la discipline,
elle ne s’est pas sécurisée en IHVH-Adonaï,
elle ne s’est pas approchée de son Elohîms.
3.     Ses chefs, en son entraille, sont des lions qui rugissent;
ses juges, des loups du soir, ne laissent pas un tibia pour le matin;
4.     ses inspirés, des impulsifs, des hommes de trahisons;
ses desservants profanent le sanctuaire, violentent la tora.
5.     IHVH-Adonaï, juste en ses entrailles, ne fait pas de forfait.
Le matin, le matin, il donne son jugement dans la lumière;
il n’est pas absent. Mais le félon ne connaît pas le blêmissement.
6.     Je tranche les nations, leurs angles sont désolés.
Je dévaste leurs allées sans passant;
leurs villes, sans un homme, sans un habitant, sont chassées.
7.     Je dis: « Ah, si tu frémissais de moi, si tu prenais la discipline,
son logis ne serait pas tranché, tout ce par quoi je la sanctionne.
Cependant, ils se lèvent tôt et détruisent avec tous leurs agissements.
8.     Ainsi, attendez-moi, harangue de IHVH-Adonaï,
au jour où je me lèverai pour la prise:
oui, mon jugement pour réunir les nations, pour grouper les royaumes,
pour répandre contre eux mon exaspération, toute la brûlure de ma narine.
Oui, toute la terre sera mangée au feu de mon ardeur.
9.     Oui, alors, je transformerai les peuples d’une lèvre claire,
pour qu’ils crient tous le nom de IHVH-Adonaï, pour le servir d’une même épaule.
10.     Au passage des fleuves de Koush, mes intercesseurs,
avec la fille de mes dispersés, transporteront mon offrande.

11.     En ce jour tu ne blêmiras pas de tous tes agissements,
par lesquels tu as fait carence contre moi.
Oui, j’écarterai alors de tes entrailles les jubilants de ton orgueil.
Tu ne continueras plus à te hausser contre la montagne de mon sanctuaire.
12.     Je laisserai en tes entrailles un peuple humble et pauvre.
Ils s’abriteront dans le nom de IHVH-Adonaï.
13.     Le reste d’Israël ne fera pas de forfait;
il ne parlera pas de tromperie.
La langue frauduleuse ne se trouvera pas dans leur bouche.
Oui, ils paîtront, ils s’accroupiront sans perturbateur.

Jubile, fille Siôn

14.     Jubile, fille Siôn ! Ovationnez, Israël !
Réjouis-toi et exulte de tout coeur, fille Ieroushalaîm !
15.     IHVH-Adonaï a écarté ton jugement, il a déblayé ton ennemi.
Le roi d’Israël, IHVH-Adonaï, est dans tes entrailles;
tu ne verras plus de mal.

16.     En ce jour, il sera dit à Ieroushalaîm:
« Ne frémis pas, Siôn; tes mains ne se relâcheront pas !
17.     IHVH-Adonaï, ton Elohîms, est dans tes entrailles le héros qui sauve;
il exulte de joie pour toi, il se tait en son amour.
Il s’égaye pour toi dans la jubilation. »
18.     Les affligés du rendez-vous, je les ai réunis ­ ils étaient loin de toi ­,
pour qu’ils ne sortent plus, à cause d’elle, de flétrissure.
19.     Me voici, j’agirai contre tous tes tyrans, en ce temps.
Je sauverai la boiteuse, je grouperai la bannie,
je les mettrai en louange, en nom, sur toute terre de leur blêmissement.
20.     En ce temps, je vous ferai venir, au temps où je vous grouperai.
Oui, je vous donnerai en nom, en louange,
parmi tous les peuples de la terre,
faisant retourner vos retours sous vos yeux, dit IHVH-Adonaï.