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Sagesse De Shelomo

Sagesse de Shelomo ­ Sagesse

Liminaire pour Sagesse de Shelomo

     L’auteur se présente comme étant Shelomo (Salomon) en personne, et c’est à ce titre qu’il s’adresse en premier lieu aux grands de ce monde et les exhorte à vivre en conformité avec la sagesse. Mais il s’agit là d’une fiction littéraire; aussi le livre a-t-il été classé parmi les pseudépigraphes. En fait, l’auteur est un Juif alexandrin, un sage et un fin lettré. Son oeuvre ne peut pas remonter au-delà de l’an 50 avant l’ère chrétienne; certains croient même qu’elle est contemporaine du règne de Caligula (37-41) ou même de celui de Claude (41-54).

     L’auteur se fonde sur l’héritage intellectuel de Platon, d’Aristote et des stoïciens pour donner une consistance rationnelle à la pensée hébraïque. À partir du chapitre 10, les thèmes proposés sont franchement bibliques: l’histoire prodigieuse du peuple d’Israël, la sortie d’Égypte et les miracles qui l’ont précédée, la lutte contre l’idolâtrie. Mais la langue et la tournure d’esprit de l’auteur sont tout à fait hellénistiques. L’importance du livre vient de ce qu’il se situe à un carrefour central de l’histoire humaine, entre Platon et Plotin, entre la Bible et le Talmud.

     La première partie décrit en profondeur la nature et les effets de la sagesse; la seconde est construite sur le modèle d’une savante synkrisis (comparaison). C’est une série d’antithèses destinées à montrer que les Égyptiens ont été punis « mesure pour mesure », alors que les Hébreux ont été favorisés au milieu même des maux qui frappaient leurs oppresseurs. À ce schéma s’ajoute en contrepoint les brèves épreuves auxquelles les seconds ont été eux-mêmes soumis pour des raisons d’ordre pédagogique.


Chapitre 1.

Aimez la justice

1.     Aimez la justice, vous qui jugez la terre,
pensez à IHVH-Adonaï en bien, cherchez-le dans l’intégrité de coeur.
2.     Oui, il est trouvé par ceux qui ne l’éprouvent pas,
il se révèle à ceux qui ne le renient pas.
3.     Oui, des pensées perverses éloignent d’Elohîms,
la puissance mise à l’épreuve dénonce les insensés,
4.     car dans l’être qui fomente le mal la sagesse ne vient pas,
elle ne demeure pas dans un corps lourd de tort.
5.     Oui, le souffle sacré de la discipline fuit la duperie,
s’éloigne de pensées sans intelligence,
s’écarte à la venue de l’injustice.
6.     Oui, la sagesse est un souffle qui aime les hommes,
elle n’innocente pas qui blasphème de ses lèvres;
oui, Elohîms est le témoin de ses reins,
le surveillant véridique de son coeur, il entend sa langue.
7.     Oui, le souffle de IHVH-Adonaï remplit l’univers,
tient tout ensemble, connaît toute voix.
8.     Aussi, qui profère des méchancetés ne saurait se dérober,
la justice vengeresse ne le laissera pas s’échapper.
9.     Oui, les desseins de l’impie viendront à l’examen.
Le bruit de ses paroles arrivera à IHVH-Adonaï
pour correction de ses fautes.
10.     Oui, oreille zélée entend tout,
le murmure des plaintes n’est pas caché.
11.     Aussi, gardez-vous d’une plainte inutile,
gardez la langue d’une médisance de malheur.
Car nulle parole cachée ne s’en retourne vide.
La bouche diseuse de mensonge détruit l’être.
12.     Ne poursuivez pas la mort aux errances de votre vie,
ne hâtez pas la perdition par l’action de vos mains,
13.     car Elohîms n’a pas fait la mort,
il ne se réjouit pas de l’extermination des vivants.
14.     Oui, il a créé le tout afin qu’il perdure,
les genèses du cosmos sont salutaires.
En elle il n’est pas poison de mort,
la domination du Shéol n’est pas sur terre.
15.     Oui, la justice est non-mort.
16.     Les impies, de leurs mains et de leurs paroles, l’appellent
en la pensant amie, après elle ils languissent,
ils tranchent avec elle un pacte parce qu’il leur convient d’être sa part.

Chapitre 2.

Paroles des impies

1.     Oui, ils disent en eux-mêmes, ne pensant pas droit:
« Courte et triste est notre vie,
il n’est pas de remède contre la fin de l’homme,
personne n’est connu pour s’être échappé du Shéol.
2.     Oui, nous sommes nés par accident,
ensuite nous serons comme n’ayant jamais été.
Oui, l’haleine est fumée en nos narines
et le logos une étincelle dans le mouvement de notre coeur.
3.     Éteint, le corps sera cendre,
le souffle se dispersera comme un air subtil.
4.     Notre nom sera oublié dans le temps
et personne ne se souviendra de nos oeuvres.
Notre vie passe comme les traces d’un nuage,
elle se dissipe comme un brouillard
que transpercent les rayons du soleil et sur qui sa chaleur s’appesantit.
5.     Oui, notre heure propice est comme une ombre qui passe,
notre fin est sans retour, oui, scellée, sans reflux.
6.     Venez donc et jouissons des bienfaits qui sont là,
usons de la créature comme dans la jeunesse, ardemment.
7.     Remplissons-nous de vins fins, d’huile de myrrhe.
Que les fleurs du printemps ne passent pas loin de nous.
8.     Couronnons-nous de boutons de rose avant qu’ils ne se fanent.
9.     Que personne parmi nous ne s’abstienne de participer à notre orgie.
En tous lieux, laissons les signes de notre allégresse:
oui, c’est là notre part, notre héritage.
10.     Opprimons le miséreux qui est juste,
ne soyons pas exorables envers les veuves,
soyons sans révérence pour les cheveux blancs
du vieillard chargé de jours.
11.     Que notre force nous tienne lieu de tora de justice,
oui, la faiblesse s’avère sans utilité.
12.     Traquons le juste, oui, il nous est à charge, il s’oppose à nos actes,
nous blâme d’avoir abandonné la tora
et nous insulte de transgresser la discipline.
13.     Il se flatte de posséder la connaissance d’Elohîms
et se surnomme fils de IHVH-Adonaï.
14.     Il nous est devenu un reproche pour nos êtres,
sa vue même nous est à charge.
15.     Car sa vie ne ressemble pas à celle du reste des humains,
ses routes sont différentes.
16.     Il nous tient pour frelatés
et il s’éloigne de nos voies comme d’une contamination.
Le sort final des justes en dit l’allégresse:
il se vante que IHVH-Adonaï est son père,
17.     Nous verrons donc si ses paroles sont la vérité,
éprouvons ce que sera sa fin.
18.     Oui, si le juste est fils d’Elohîms, il viendra à son aide
et le secourra de la main de ceux qui se tiennent contre lui.
19.     Par l’outrage et la torture nous l’éprouverons
afin de connaître sa droiture, d’éprouver la force de sa patience.
20.     À mort de veule, condamnons-le,
puisque, selon ses dires, il y aura pour lui une visite. »
21.     Ils pensent ainsi et ils s’égarent, oui, leur crime les aveugle.
22.     Il ne pénètrent pas les mystères d’Elohîms,
ils n’espèrent pas le salaire de la sacralité,
la récompense des êtres intègres, ils ne la discernent pas.
23.     Oui, Elohîms a créé l’humain pour l’incorruptibilité,
il l’a fait à l’image de sa propre éternité.
24.     Mais par l’envie de Satân, la mort est venue au monde,
et l’éprouveront ceux dont elle est le lot.

Chapitre 3.

Les êtres des justes

1.     Les êtres des justes sont dans la main d’Elohîms,
le tourment ne les atteint pas.
2.     Aux yeux des fous, ils sont considérés comme morts
et leur exode est pensé comme un malheur.
3.     Leur départ loin de nous est comme une fracture,
mais eux-mêmes sont en paix.
4.     Car si aux yeux des humains ils sont châtiés,
pleine est leur espérance en la non-mort.
5.     Après avoir été un peu corrigés, à eux le bien multiple,
oui, Elohîms les éprouve et il les trouve dignes de lui.
6.     Il les examine comme de l’or dans un creuset
et il les agrée comme un sacrifice de montée.
7.     Au moment de leur visite ils brilleront,
comme des étincelles dans la paille ils courront.
8.     Ils jugeront les nations, ils gouverneront les peuples
et IHVH-Adonaï règnera sur eux en pérennité.
9.     Ceux qui se fient à lui discerneront la vérité,
les fidèles dans l’amour demeureront auprès de lui.
Oui, à ses élus grâce et chérissement.
10.     Aux impies, la rétribution de ce à quoi ils pensent,
oui, ils ont négligé le juste et se sont révoltés contre IHVH-Adonaï.
11.     Oui, misérable qui méprise sagesse et discipline,
vaine leur espérance, à vide leurs peines, inutiles leurs oeuvres,
12.     folles leurs femmes, pervers leurs enfants, honnie leur prospérité.
13.     Oui, en marche, la stérile non souillée
qui n’a pas connu de couche fautive:
elle aura un salaire à la visite des êtres.
14.     De même l’eunuque qui n’a pas de sa main commis de forfait,
et n’a pas fomenté le mal contre Elohîms.
Oui, une grâce de choix lui sera donnée pour son adhérence,
une part très délicieuse dans le sanctuaire de IHVH-Adonaï.
15.     Oui, le fruit de bons labeurs est loué, la racine du discernement ne perd pas.
16.     Les enfants d’adultères n’atteignent pas la maturité,
la semence de la couche illégitime sera exterminée.
17.     S’ils prolongent leurs jours, ils seront comptés pour rien,
et leur vieillesse sans gloire jusqu’au bout.
18.     S’ils meurent tôt, il n’est pas pour eux d’espérance,
de réconfort, le jour de la décision.
19.     Oui, à génération injuste, avenir cruel !

Chapitre 4.

La vertu

1.     Mieux vaut manque d’enfants, mais avec la vertu,
oui, la non-mort est dans la mémoire de celle-ci,
car elle est connue d’Elohîms et des humains.
2.     Présente, ils l’imitent, absente ils la regrettent.
En pérennité, elle triomphe, couronnée.
Oui, elle vainc dans la lutte dont les prix sont immaculés.
3.     La multitude prolifique des impies ne proliférera pas,
issue de plants bâtards, elle n’enfonce pas de racine en profondeur,
elle n’établit pas de base solide.
4.     Oui, même si elle pousse un instant en branches, elle est en péril,
car le vent l’ébranlera, par la violence des vents elle sera déracinée.
5.     Ses rameaux seront brisés avant d’être parachevés
et leurs fruits seront sans profit,
pas assez mûrs pour être mangés, inutiles en tout.
6.     Oui, les enfants nés de sommeils illicites
seront témoins du crime des parents, quand ils seront examinés.
7.     Le juste qui meurt prématurément repose en paix.
8.     Oui, la vieillesse n’est pas honorable à longueur de temps,
elle ne se mesure pas en nombre d’années.
9.     Blanche chevelure est discernement pour les humains,
l’âge de vieillesse est dans une vie sans défaut.
10.     Étant agréé par Elohîms, il est aimé;
vivant parmi les fauteurs, il n’est plus.
11.     Il est arraché de peur que la malice n’altère son jugement
ou que la fourberie ne trompe son être.
12.     Oui, la séduction du crime obscurcit le bien,
la tempête du désir renverse le coeur intègre.
13.     Vite arrivé à son terme, il a rempli des temps multiples.
14.     Son être est agréé par IHVH-Adonaï,
aussi il se hâte de le prendre au sein de la perversité.
Les peuples voient mais ne discernent pas,
cela ne vient pas à leur pensée.
15.     Oui, grâce et chérissement à ses élus, sa visite est pour ses consacrés.
16.     Le juste qui meurt accuse les impies vivants,
et l’adolescence vite achevée, la longue vieillesse de l’injuste.
17.     Oui, ils verront la fin du sage
et ne discerneront pas quels desseins il a pour lui
ni pourquoi IHVH-Adonaï l’a mis en sûreté.
18.     Ils verront et mépriseront, mais IHVH-Adonaï se rira d’eux.
19.     Ils seront après cela des cadavres ignobles,
en outrage parmi les morts, en pérennité.
Oui, il les brisera, précipités sans voix, la tête la première,
il les ébranlera hors de leurs fondements,
ils seront dévastés jusqu’à la fin des temps,
ils seront en détresse et leur souvenir périra.
20.     Ils viendront, peureux, quand surviendra le compte de leur tort:
leurs fautes en face d’eux les confondront.

Chapitre 5.

Le juste debout

1.     Alors le juste se tiendra debout avec grande assurance
face à face devant ses oppresseurs
et devant ceux qui mépriseront ses labeurs.
2.     En le voyant, ils s’affoleront, d’une peur terrible
mis hors d’eux-mêmes par son salut auquel ils ne s’attendaient pas.
3.     Ils se diront en eux-mêmes, saisis de regrets,
gémiront, le souffle court, et diront:
4.     C’est lui qui était pour nous en dérision,
en fable injurieuse, fous que nous étions !
Sa vie, nous l’avons pensée une folie, et sa mort un déshonneur.
5.     Comment ? il est compté parmi les fils d’Elohîms,
sa part, parmi les consacrés ?
6.     Voici, nous errions hors de la route de vérité,
la lumière de la justification n’a pas lui pour nous,
le soleil n’est pas levé sur nous.
7.     Nous étions remplis de torts, sur les routes de la perdition,
nous avons traversé des déserts sans routes,
mais nous n’avons pas méconnu la route de IHVH-Adonaï.
8.     En quoi l’orgueil nous est-il utile ?
Que nous a valu la richesse avec l’arrogance ?
9.     Tout cela est passé comme une ombre, comme une rumeur vite disparue.
10.     Comme un navire qui passe en eaux houleuses,
il n’y a pas à trouver les traces de sa route
ni le sillage de sa carène dans les vagues,
11.     ou comme l’oiseau qui évolue dans l’air,
la trace de sa route ne se trouve pas;
à coups d’aile, il bat le souffle léger et fend l’air
par la force de son vol et le mouvement de ses ailes,
mais ensuite le vestige de son passage ne se trouve pas.
12.     Ou comme une flèche lancée au but, l’air est fendu soudain,
mais revient aussitôt comme il était,
et nul ne peut reconnaître sa trajectoire.
13.     Ainsi de nous: à peine nés, nous disparaissons
sans pouvoir montrer un signe de vertu,
nous nous consumons dans notre malice.
14.     Oui, l’espoir de l’impie est comme une poussière
que pourchasse le souffle,
comme un givre léger que dissipe la tempête,
comme une fumée que disperse le souffle,
il passe comme le souvenir de l’hôte d’un jour.

15.     Les justes, eux, vivent en pérennité,
leur rétribution est en IHVH-Adonaï, Él ‘Éliôn prend souci d’eux.
16.     Aussi reçoivent-ils la splendide couronne royale,
le diadème de beauté, de la main de IHVH-Adonaï.
Oui, de sa droite, il les recouvre et, de son bras, les protège.
17.     Il saisit comme une armure son ardeur
et fait de toute la création un engin de guerre pour repousser ses ennemis.
18.     Il se revêt de justification comme d’une cuirasse,
il met pour casque un jugement sans réplique,
19.     il prend la sacralité comme un bouclier invincible,
20.     il aiguise comme un glaive sa colère inexorable
et le monde guerroie, uni à lui, contre les insensés.
21.     Les éclairs jaillissent, lancés pour ne rien rater,
ils volent vers le but comme d’un arc bien bandé dans la nuée.
22.     Une baliste lance des grêlons chargés de fureur,
les flots de la mer rugissent contre eux
et les fleuves les submergent inexorablement.
23.     S’élève contre eux un souffle puissant, il les vanne comme un ouragan.
La non-tora dévaste toute la terre,
la malfaisance renverse les trônes des tyrans.

Chapitre 6.

Entendez, rois

1.     Entendez donc, rois, soyez avisés,
instruisez-vous, juges des confins de la terre.
2.     Écoutez, dominateurs des multitudes,
qui vous enorgueillissez de foules de nations.
3.     Oui, la puissance vous est donnée de la part de IHVH-Adonaï,
le pouvoir d’‘Éliôn. Lui, il examine vos oeuvres, il scrute vos desseins.
4.     Oui, vous étiez les officiers de son royaume,
vous n’avez pas jugé droitement,
vous n’avez pas gardé sa loi, vous n’êtes pas allés selon le dessein d’Elohîms;
5.     aussi, terrible et prompt, il vient contre vous,
un jugement inexorable s’exerce sur les grands.
6.     Oui, il donne au petit par pitié,
mais les forts sont châtiés avec force,
7.     car l’Adôn du Tout ne se bride en face de personne,
la grandeur ne lui en impose pas,
oui, il a fait les petits et les grands et il veille sur tous ensemble.
8.     Aux forts, il réserve un dur examen.
9.     À vous donc, ô tyrans, mes paroles s’adressent
afin que vous appreniez la sagesse et ne trébuchiez pas.
10.     Oui, les gardiens de la sacralité et des paroles sacrées
seront consacrés et leurs adeptes y trouveront leur défense.
11.     Recherchez donc mes paroles, désirez-les et vous serez instruits.
12.     La sagesse illumine, elle ne se fane pas,
elle se fait voir facilement par ses amants,
elle se trouve pour ceux qui la cherchent.
13.     Elle se hâte de se laisser connaître par ceux qui la désirent.
14.     Qui se lève tôt pour la rencontrer ne se fatigue pas,
oui, il la trouve assise au seuil de sa porte.
15.     Oui, médite sur elle, elle est la perfection de l’intelligence,
qui veille à cause d’elle est aussitôt libéré d’angoisse.
16.     Oui, elle circule à la recherche de ceux qui lui conviennent,
elle leur apparaît volontiers sur les routes
et dans toutes leurs pensées elle vient à leur rencontre.
17.     Oui, son commencement est désir vrai de discipline
et le souci de discipline, c’est l’amour.
18.     Amour est garde de ses toras,
mettre son coeur dans les toras est assurance de non-destruction.
19.     La non-destruction rapproche d’Elohîms.
20.     Ainsi le désir de sagesse est introduit au royaume.
21.     Si donc vous plaisent trônes et sceptres, souverains des peuples,
glorifiez la sagesse pour régner en pérennité.
22.     Ce qu’est la sagesse, comment elle fut formée,
je l’annoncerai, je ne vous cacherai pas ses mystères,
mais je suivrai ses traces depuis le début de sa genèse,
je mettrai en pleine lumière sa gnose,
je ne m’écarterai pas de la route de vérité,
23.     je n’irai pas avec l’envie qui ronge,
car elle n’a pas de part avec la sagesse.
24.     Avec la multitude des sages le salut du cosmos,
un roi sagace est la force du peuple.
25.     Aussi, disciplinez-vous en mes paroles, vous serez aidés.

Chapitre 7.

Mortel égal à tous

1.     Moi aussi, je suis un homme mortel égal à tous,
de la descendance du premier façonné d’argile.
Dans la matrice d’une mère j’ai été sculpté de chair.
2.     Pendant dix mois de temps, j’étais figé dans le sang,
extrait d’une semence d’homme,
et de la jouissance, compagne du sommeil.
3.     Après ma naissance, j’ai respiré, moi aussi, l’air commun.
Je suis tombé sur la terre, qui reçoit semblablement.
Et ma première voix, comme pour tous, fut un pleur.
4.     J’ai grandi dans les langes et les soucis.
5.     Pas un roi n’eut, au début, une genèse différente;
6.     il est une seule entrée dans la vie, un même exode pour tous.
7.     Aussi, j’ai prié et le discernement me fut donné,
j’ai appelé et sur moi vint un souffle de sagesse.
8.     Je l’ai appréciée davantage que sceptres et trônes,
j’ai compté la richesse pour nulle en face de sa valeur.
9.     Je ne lui ai pas égalé la pierre la plus précieuse,
oui, tout l’or, au regard d’elle, est comme un peu de sable
et l’argent ressemble à de la boue comparé à elle.
10.     Je l’aime davantage que la santé et la beauté,
je préfère l’avoir plutôt qu’une lumière
parce que la clarté qui émane d’elle ne s’éteint pas.
11.     Tout bien m’advient en même temps qu’elle,
une richesse innombrable est en ses mains.
12.     De tous ces biens je me suis réjoui parce que c’est la sagesse qui les amène,
mais j’ignorais qu’elle en fût la mère.
13.     Sans fraude je l’ai apprise et sans envie je la transmets,
je ne cacherai pas sa richesse.
14.     Oui, elle est un trésor inépuisable pour les humains.
Ses acquéreurs atteignent à l’amitié d’Elohîms,
les dons de la discipline la recommandent.
15.     Qu’Elohîms me donne de parler selon sa pénétration,
de discerner comme il convient ce qu’il m’a donné !
Oui, il est lui-même le conducteur de la sagesse, le guide des sages.
16.     En ses mains nous sommes, nous et nos paroles,
tout discernement, tout savoir-faire.
17.     Oui, lui-même m’a donné la pénétration exacte des êtres
pour pénétrer l’ordre du monde et l’énergie des éléments,
18.     la tête des temps, leur fin et leur milieu,
les alternances des solstices, la succession des saisons,
19.     les révolutions de l’année, les positions des astres,
20.     la nature des animaux, l’instinct des bêtes sauvages,
la force des souffles, le discours des humains,
la variété des plantes, les vertus des racines.
21.     Ce qui est caché et ce qui est découvert, je le connais.
Oui, la sagesse, artisan du tout, me l’a enseigné.
22.     Oui, il est en elle un souffle sagace, sacré,
homogène, multiple, subtil, vif, clair, pur, lucide,
impassible, aimant le bien, aigu,
23.     libre, rétributeur, aimant l’humain, courageux,
stable, serein, tout-puissant, voyant tout,
s’insinuant en tous souffles sagaces, purs, subtils.
24.     Car plus que tout mouvement la sagesse est mobile.
25.     Oui, elle est l’haleine de la puissance d’Elohîms,
le pur effluve de la gloire de qui peut tout.
Aussi aucune contamination ne peut s’y introduire.
26.     Oui, elle est le reflet de la lumière de pérennité,
le miroir immaculé de l’énergie d’Elohîms, l’image de sa bonté.
27.     Elle est unique et toute-puissante,
elle reste en elle-même et renouvelle tout,
de génération en génération elle se transmet aux êtres fervents
et fait d’eux des amis d’Elohîms, des inspirés.
28.     Car Elohîms n’aime la parole que si elle demeure unie à la sagesse.
29.     Oui, elle est plus resplendissante que le soleil
au-dessus de toute constellation astrale
et si elle est comparée à la lumière elle remporte le prix,
30.     car la nuit succède à la lumière
mais contre la sagesse, le mal ne prévaut pas.

Chapitre 8.

La sagesse aimée

1.     Elle s’étend d’un bout à l’autre, avec force, elle entretient bien le tout.
2.     Je l’aime et la cherche depuis ma jeunesse.
J’ai désiré la prendre pour épouse, depuis je suis amoureux de sa beauté.
3.     Elle se louange de sa noblesse en symbiose avec Elohîms:
l’Adôn de tous la chérit.
4.     Oui, elle connaît les mystères du savoir d’Elohîms et choisit ses oeuvres.
5.     Si la richesse est un bien désirable dans la vie,
qui est plus riche que la sagesse qui opère tout ?
6.     Si le discernement est opérateur, qui mieux qu’elle possède ce qui est ?
7.     Si l’homme chérit la justice, voici, toutes les vertus sont ses labeurs.
Oui, elle enseigne la tempérance, le discernement, la justice, la vaillance,
rien n’est plus utile pour la vie de l’homme.
8.     Si une grande expérience est désirée,
voici, elle connaît le passé et conjecture l’avenir,
elle discerne les détours des paroles et l’interprétation des énigmes,
elle prévoit d’avance les signes et les prodiges,
l’aboutissement des temps et des époques.

9.     Aussi, j’ai décidé de la faire venir à moi pour la symbiose,
sachant qu’elle me sera conseillère de bien,
soutien dans les soucis et l’affliction.
10.     À cause d’elle, j’aurai renom parmi les foules,
gloire parmi les anciens, bien que je sois jeune.
11.     Je serai trouvé aigu dans mon jugement
et les puissants s’étonneront de me voir.
12.     Quand je me tairai, ils m’attendront, quand je parlerai, ils seront attentifs,
quand je continuerai à parler, ils mettront leur main sur leur bouche.
13.     À cause d’elle, j’hériterai de non-destruction,
je laisserai un souvenir en ceux qui viendront après moi.
14.     Je gouvernerai les peuples, les nations se soumettront à moi;
15.     de terribles tyrans l’entendront et frémiront en face de moi,
dans la multitude j’apparaîtrai excellent et dans la guerre vaillant.
16.     À mon arrivée en ma maison, je retrouverai repos auprès d’elle,
car il n’est point d’amertume en sa compagnie,
pas d’affliction en sa symbiose, mais seulement joie, allégresse.
17.     Cela, je le pense en moi-même, et le considère en mon coeur.
Oui, la non-destruction est à proximité de la sagesse.
18.     Une jouissance suprême est en son amitié,
dans les labeurs de ses mains une inépuisable richesse,
dans sa fréquentation assidue l’intelligence,
et la renommée à s’entretenir avec elle.
Et voici, je suis allé de tous côtés et je l’ai recherchée
afin de la prendre chez moi.
19.     J’étais un adolescent de bonne nature, j’avais en partage un bon être.
20.     Mieux, étant bon, je suis entré dans un corps non souillé.
21.     Mais sachant que je n’en serais pas le maître sans un don d’Elohîms,
c’était déjà de l’intelligence que de savoir de qui vient ce chérissement.
J’ai consulté IHVH-Adonaï, je l’ai prié et je dis de tout mon coeur:

Chapitre 9.

Prière pour obtenir la sagesse

1.     « Elohîms des pères, maître des matrices, toi qui as tout fait par ta parole
2.     et qui par ta sagesse as formé l’humain
afin qu’il gouverne les créatures dont la genèse est en toi,
3.     conduise le monde en ta sacralité et ta justice
et rende le jugement avec droiture d’être,
4.     donne-moi donc la sagesse qui siège près de tes trônes,
ne me chasse pas du nombre de tes enfants.
5.     Oui, je suis ton serviteur, le fils de ta servante, un homme asthénique,
à la vie éphémère, trop petit pour comprendre le jugement et la tora;
6.     même si un fils d’homme était parfait parmi les humains,
il serait compté pour rien si la sagesse venue de toi était loin de lui.
7.     Toi, tu m’as choisi pour roi de ton peuple,
pour juge de tes fils et de tes filles.
8.     Tu m’as ordonné de bâtir un Temple sur ta montagne sacrée,
un autel dans la ville où tu as fixé ta tente,
à l’imitation de la tente sacrée que tu avais préparée dès l’origine.
9.     Avec toi, la sagesse connaît tes oeuvres,
elle était présente quand tu fis l’univers,
elle sait ce qui est bien à tes yeux, la droiture selon tes ordres.
10.     Envoie-la des ciels de ta sacralité, de ton trône de gloire envoie-la
afin qu’elle peine en étant avec moi
et que je sache ce qui est droit devant toi.
11.     Oui, elle connaît et discerne tout, elle me dirigera dans mes actions
avec discernement, elle me gardera dans sa gloire.
12.     Mes oeuvres seront acceptables et je jugerai ton peuple avec justice,
je serai digne du trône de mon père.
13.     Oui, quel homme connaît le conseil d’Elohîms ?
Qui discerne ce que désire IHVH-Adonaï ?
14.     Les pensées des mortels sont timides et fragiles nos desseins.
15.     Oui, le corps corruptible pèse sur l’être
et la tente d’argile alourdit l’intelligence aux multiples pensées.
16.     Voici, nous imaginons à peine ce qui est sur terre,
avec difficulté nous trouvons ce qui est en nos mains:
qui scrute ce qui est dans les ciels ?
17.     Qui connaît ton conseil
si ce n’est pas toi qui donnes la sagesse
et si tu n’envoies pas ton souffle sacré d’en haut ?
18.     Ainsi les routes de ceux de la terre ont été frayées
et ainsi les humains ont été instruits de ce que tu agrées,
c’est par la sagesse qu’ils sont sauvés. »

Chapitre 10.

La sagesse protectrice

1.     C’est elle qui a protégé le père du cosmos,
après qu’il eut été modelé le premier et créé seul.
Elle l’a arraché à sa propre chute
2.     et lui a donné la force de tout gouverner.
3.     Mais, quand un injuste se fut écarté d’elle dans sa colère,
il périt en ses fureurs fratricides.
4.     La terre, inondée d’eau à cause de lui,
est à nouveau sauvée par la sagesse qui pilote le juste sur bois frêle.
5.     Elle connaît le juste, au milieu des nations déchues
et unanimes dans le crime, elle le conserve pour Elohîms,
pur de tout vice, et le garde fort, dans l’émoi de ses entrailles, pour son fils.
6.     Quand les impies sont exterminés, elle secourt le juste
qui s’enfuit en face du feu descendu sur les Cinq Villes.
7.     En témoignage de leur perversité, une terre désolée fume encore,
les arbustes y portent des fruits qui ne mûrissent pas
et une colonne de sel se dresse, en souvenir d’un être incrédule.
8.     En s’écartant de la route de la sagesse,
ils se nuisent non seulement en ne connaissant pas le beau
mais encore en laissant aux vivants le souvenir de leur folie,
afin que la cause de leur échec ne puisse être cachée.
9.     Mais la sagesse secourt les peines de ceux qui la cultivent.
10.     Elle a conduit le juste sur les voies de la droiture,
quand il fuyait la colère de son frère,
elle lui a fait voir le royaume d’Elohîms,
elle lui a donné la connaissance de ceux qui sont consacrés,
elle s’est tenue avec lui dans ses labeurs,
elle a multiplié le fruit de ses peines.
11.     Elle s’est tenue avec lui contre l’exploitation de ses oppresseurs
et elle l’a enrichi.
12.     Elle l’a gardé des ennemis,
et protégé contre ceux qui lui dressaient des embûches.
Elle a arbitré pour lui pendant le dur combat
afin qu’il sache que la ferveur est plus puissante que tout.
13.     Elle n’a pas abandonné le juste vendu, et l’a arraché à la faute.
14.     Elle est descendue avec lui dans la fosse
et ne l’a pas négligé dans les biens,
jusqu’à faire venir à lui le sceptre du royaume,
le pouvoir contre ses oppresseurs.
Elle a découvert les mensonges de ses diffamateurs
et lui a donné la gloire en pérennité.
15.     Elle a racheté de la nation qui l’opprimait le peuple fervent,
la semence sans défaut.
16.     Elle est venue dans l’être du serviteur de IHVH-Adonaï
et s’est tenue en face de rois,
faisant frémir avec des signes et des prodiges.
17.     Elle a donné aux fervents le salaire de leurs fatigues
et les a conduits sur une voie de merveilles.
Elle a été pour eux un abri le jour, une lumière d’astres la nuit.
18.     Elle les a fait passer la mer du Jonc,
et, dans la grande eau, les a conduits.
19.     Elle a englouti leurs ennemis,
les a rejetés des profondeurs de l’abîme.
20.     Ainsi les justes ont dépouillé les impies
et ils louangent IHVH-Adonaï, le nom de ta sacralité,
ils chantent d’une seule bouche ta main protectrice.
21.     Oui, la sagesse a ouvert la bouche des muets,
elle a délié la langue des nourrissons.

Chapitre 11.

Par la main d’un inspiré

1.     Elle a fait réussir leurs routes par la main d’un inspiré consacré.
2.     Ils sont allés dans un désert inhabité,
ils ont planté des tentes dans des lieux où nul ne passait.
3.     Ils se sont dressés contre des ennemis, ils ont repoussé des haineux.
4.     Dans leur soif, ils ont crié vers toi:
l’eau leur a été donnée d’un roc escarpé,
le remède à la soif d’un dure pierre.
5.     Ce qui avait châtié leurs ennemis
devenait pour eux un bien dans leur détresse.
6.     À la place de la source intarissable
d’un fleuve que troublait du sang mêlé de boue,
7.     en châtiment d’un décret infanticide,
tu leur as donné contre tout espoir des eaux abondantes,
8.     en faisant voir par la soif qu’ils avaient alors
comment tu châties les ennemis.
9.     Oui, éprouvés, ils étaient corrigés, avec matrices,
sachant comment les impies sont examinés et jugés dans la colère.
10.     Oui, eux, tu les as éprouvés comme un père qui admoneste,
mais ceux-là, tu les as examinés comme un roi inexorable qui condamne.
11.     Les proches et les lointains ont été exterminés ensemble.
12.     Oui, un double chagrin les avait saisis,
un gémissement au souvenir de ce qu’il leur était advenu.
13.     Et quand ils eurent entendu
que les autres avaient eu du bien par ce qui les avait châtiés,
ils reconnurent IHVH-Adonaï.
14.     Oui, celui qu’ils avaient jadis abandonné, renié avec dérision,
à la fin des événements ils s’en émerveillèrent
parce qu’ils avaient été assoiffés d’une tout autre soif que celle des justes.

15.     Pour leurs pensées sottes et injustes, qui les ont égarés
à servir des reptiles sans discernement et de viles bestioles,
tu leur as envoyé en châtiment
une multitude d’animaux dépourvus de discernement,
16.     pour qu’ils sachent que l’homme est châtié par où il faute.
17.     Car il n’était pas impossible à ta main toute-puissante
qui a créé le cosmos d’une matière informe
d’envoyer contre eux une multitude d’ours, de lions féroces
18.     ou de bêtes inconnues, des créatures nouvelles pleines de fureur,
des créatures crachant le feu par le souffle de leur bouche,
exhalant une puante fumée,
répandant de leurs yeux des étincelles terribles
19.     qui pouvaient non seulement les exterminer par leur nuisance,
mais par leur simple vue les terrifier et les détruire.
20.     Même sans cela, ils pouvaient s’effondrer d’un seul souffle
quand la justice les poursuivait, balayés par le souffle de ta puissance,
mais tu prépares tout avec mesure, nombre, poids.
21.     Oui, ton pouvoir immense est toujours à ton service.
Qui peut se dresser en face de ton bras souverain ?
22.     Oui, tout le monde entier est en face de toi
comme le rien qui fait pencher la balance,
comme la goutte de rosée qui, le matin, tombe sur la terre.
23.     Toi, tu matricies tout, oui, tu peux tout,
tu te détournes des fautes de l’homme afin qu’il se tourne vers toi.
24.     Oui, tu aimes tout ce qui est, tu ne te dégoûtes de rien de ce que tu as fait,
car si tu l’avais haï tu ne l’aurais pas formé.
25.     Comment tiendrait ce que tu n’aurais pas voulu,
comment se conserverait ce que tu n’as pas appelé ?
26.     Tu es exorable pour tout, car tout est à toi, Adôn qui aimes l’âme.

Chapitre 12.

Exorable, même pour eux

1.     Oui, ton souffle incorruptible est en tous.
2.     Aussi tu reprends peu à peu ceux qui tombent,
tu les corriges en leur rappelant en quoi ils fautent
pour qu’ils abandonnent le mal et adhèrent à toi, IHVH-Adonaï.
3.     Les anciens habitants de la terre de ta sacralité, eux aussi
4.     tu les as haïs à cause des abominations
les plus extrêmes qu’ils perpétraient,
actes de sorcellerie, et cultes à mystère.
5.     Impitoyables assassins d’enfants,
banquets où ils se mangeaient les entrailles,
la chair et le sang des hommes,
parmi les initiés membres de confréries occultes,
6.     parents qui assassinaient de leurs mains des êtres sans défense,
tu as voulu les exterminer par la main de nos pères
7.     afin que la terre précieuse pour toi parmi toutes
reçût la digne émigration des enfants d’Elohîms.
8.     Eh bien, tu as été exorable même pour eux parce qu’ils sont des humains.
Tu as envoyé contre eux des frelons
en avant-coureurs de ton armée pour les achever peu à peu,
9.     non parce que tu ne pouvais pas donner les impies
aux mains de justes en une bataille rangée,
ou les exterminer d’un coup par les bêtes féroces
ou d’une parole tranchante,
10.     mais en les punissant peu à peu tu leur donnais lieu pour le retour.
Tu n’ignorais pas pourtant que leur semence était mauvaise,
leur perversité innée, et que leurs pensées ne changeraient jamais.
11.     Oui, ils sont d’une semence maudite dès l’en-tête.
Ce n’est pas non plus par égard pour quiconque
que tu leur as accordé l’impunité de leurs fautes,
12.     car qui te dira: « Qu’as-tu fait ? » ou qui se lèvera contre ton jugement ?
Qui te ferait comparaître pour avoir détruit des nations que tu as formées
ou qui viendra se dresser contre toi pour venger des hommes criminels ?
13.     Non, il n’est personne hormis toi qui prenne soin de tout,
à qui tu doives prouver que tu ne juges pas sans droit.
14.     Il n’est pas non plus de roi ou de tyran qui puisse te braver
en soutenant ceux que tu châties.
15.     Étant juste, tu diriges tout avec justice:
incriminer et châtier qui n’est pas coupable,
tu verrais cela comme étranger à ta puissance.
16.     Oui, ta force est principe de justice
et dominer tout te rend exorable pour tout.
17.     Oui, tu fais voir ta force à ceux qui n’adhèrent pas à ta parfaite puissance
et parmi ceux qui la connaissent tu punis l’arrogance.
18.     Toi, dominateur de la force, tu juges avec modération,
tu nous guides avec de multiples ménagements:
oui, le pouvoir est dans ta main, si seulement tu le désires.
19.     En agissant ainsi, tu as appris à ton peuple
qu’il convient au juste d’aimer les hommes,
tu as mis bonne espérance en tes fils
en leur donnant le retour loin des fautes.
20.     Car si tu as châtié en mettant tellement d’égards, d’indulgence,
les ennemis de tes fils passibles de mort,
si tu leur as donné temps et lieu de se défaire de leur perversité,
21.     avec quelle précaution tu juges tes fils,
toi qui as établi avec leurs pères serments et pactes en garantie de bonheur !
22.     Ainsi, tu nous éduques, quand tu frappes avec mesure nos ennemis
afin que nous prenions à coeur ta bonté quand nous jugeons,
et espérions le chérissement quand nous sommes jugés.
23.     C’est pourquoi ceux qui mènent une vie d’impiété et de démence,
tu les tourmentes par leurs propres abominations.
24.     Oui, ils errent, allant trop loin dans leurs routes d’errance,
comptant pour Elohîms le plus vil des animaux abominables,
abusés comme des jeunes déments.
25.     Aussi comme à des enfants sans raison
leur as-tu envoyé un châtiment de dérision.
26.     Ceux qui n’avaient pas pris à coeur un châtiment dérisoire,
Elohîms fit venir contre eux le jugement qu’ils méritaient.
27.     Oui, ils furent châtiés par ceux qu’ils pensaient être des Elohîms
et contre lesquels ils s’indignaient,
et voyant ce qu’auparavant ils n’avaient pas voulu pénétrer,
ils reconnurent l’Elohîms de vérité.
Aussi, survint contre eux le châtiment suprême.

Chapitre 13.

Vains par nature

1.     Vains par nature tous les hommes qui n’ont pas la pénétration d’Elohîms
et qui, d’après les bienfaits visibles, ne peuvent reconnaître celui qui est;
ils ne reconnaissent pas non plus l’artisan en considérant ses oeuvres.
2.     Oui, ils comptent pour Elohîms le feu, le souffle ou l’air rapide,
ou l’ombre des autres étoiles ou les eaux puissantes,
ou les luminaires du ciel pour guider le cosmos.
3.     Si, charmés de leur beauté, ils les ont comptés pour dieux,
qu’ils reconnaissent donc la supériorité de leur Adôn,
oui, il est l’auteur de la beauté qui les a créés.
4.     S’ils s’émerveillent de leur force et de leur énergie,
qu’ils s’avisent donc à partir d’elles
combien plus fort qu’elles est celui qui les a formées.
5.     Oui, de la grandeur des créations et de leur beauté
se conjecture par analogie leur auteur.
6.     Cependant, en tout cela il est peu à blâmer d’eux:
en effet, eux aussi recherchaient Elohîms et désiraient le trouver,
mais peut-être s’égarèrent-ils ?
7.     Oui, faisant face à ses oeuvres et les scrutant,
la vision de leurs yeux les incite, car les réalités visibles sont belles.
8.     Pourtant eux aussi ne sont pas pardonnables,
9.     car s’ils ont si bien réussi à pénétrer et apprécier le monde,
pourquoi n’ont-ils pas vite trouvé leur Adôn ?
10.     Ils sont misérables et leur espoir se situe dans les morts,
eux qui ont surnommé Elohîms des oeuvres de mains d’hommes,
or, argent, ouvrages d’artisans, images d’animaux
ou pierres inutiles manufacturées jadis.
11.     Et voici un bûcheron, il scie une branche facile à transporter,
il en ôte avec talent toute l’écorce et, la travaillant avec adresse,
il prépare un objet utile aux besoins de la vie.
12.     Les copeaux qui tombent pendant le travail,
il les prend pour préparer la nourriture dont il se rassasie.
13.     Il en prend le rebut qui ne servait à rien,
un bois tordu et plein de noeuds,
le taille avec application pendant ses heures de loisirs, il le sculpte,
grâce au savoir-faire dû à l’expérience, et lui donne forme d’homme,
14.     ou il le fait à l’image d’un vil animal,
il l’enduit de vermillon, en rougit la face avec des fards
et recouvre d’un enduit toutes ses taches.
15.     Il lui fait une demeure convenable,
le place dans un mur, le consolide avec du fer.
16.     Oui, il veille à ce qu’il ne vacille pas,
sachant bien qu’il ne pourra pas s’aider lui-même:
oui, c’est une sculpture qui a besoin d’aide.
17.     Pourtant, s’il prie pour ses biens, ses mariages, ses enfants,
il ne rougit pas de parler à ce qui est dépourvu d’être,
il supplie pour la santé ce qui est asthénique.
18.     Pour la vie il implore ce qui est mort,
pour un secours il supplie ce qui a le moins d’expérience,
la réussite d’un voyage à qui ne peut même pas se servir de ses pieds.
19.     Il demande le gain, l’efficacité et la réussite des entreprises de ses mains
à ce qui n’a aucune force dans les mains.

Chapitre 14.

Un sentier assuré

1.     Tel autre se prépare à naviguer à travers les vagues puissantes,
il invoque un bois plus fragile que le bateau qui le porte.
2.     Oui, il a été conçu par la soif du profit et fabriqué par la sagesse artisane.
3.     Mais ta providence, mon père, le pilote quand tu donnes,
même en mer, une route et parmi les vagues un sentier assuré.
4.     Tu fais voir que tu peux secourir de tout,
même quand un homme dépourvu d’expérience embarque.
5.     Toi, tu veux que les activités de ta sagesse ne soient pas inactives.
aussi même à un bois minuscule les humains confient leur vie,
et, en traversant les eaux tumultueuses sur un radeau,
ils sont sains et saufs.
6.     Déjà aux jours de jadis, quand les orgueilleux géants furent exterminés
l’espoir du monde se réfugia dans un radeau
et, piloté par ta main, laissa aux siècles futurs
le germe d’une génération nouvelle.
7.     Oui, béni est le bois par qui s’accomplit la justice,
8.     mais honni soit celui fait des mains des hommes
et celui qui l’a fabriqué, l’un pour l’avoir fabriqué
et l’autre parce que, corruptible, il est appelé Él.
9.     Oui, l’impie et son impiété sont également haïssables pour Elohîms.
10.     Oui, l’oeuvre sera châtiée avec l’ouvrier.
11.     Ainsi, contre les idoles des nations, il sera aussi une visite:
oui, dans la création d’Elohîms elles sont en abomination,
en scandale pour les êtres des humains,
en pièges pour les pieds des déments.
12.     L’idée des idoles a été au commencement de la puterie
et leur invention une destruction de la vie.
13.     Car elles n’étaient pas en tête et ne seront pas toujours.
14.     Oui, c’est par la vaine gloire des hommes
qu’elles ont fait leur entrée dans le monde,
aussi leur fin prochaine est prévue.
15.     Oui, un père accablé par un deuil prématuré
fait une image de son enfant qui lui a été brusquement ravi,
et celui qui naguère n’était qu’un homme mort,
il l’honore désormais comme un dieu,
il invite ses subordonnés à des mystères et des initiations.
16.     Avec le temps, cette coutume impie se consolide
et s’observe comme une tora,
17.     et par l’ordre des tyrans, des sculptures reçoivent un culte;
les hommes, qui ne pouvaient pas les glorifier à vue d’oeil,
à cause de l’éloignement des lieux, dessinèrent leur apparence
et rendirent visible l’image du roi glorieux
afin de flatter avec zèle l’absent comme s’il était présent.
18.     Pour l’extension du culte,
l’ambition de l’artiste éveillait ceux qui ne la connaissaient pas.
19.     Parce qu’il voulait sans doute plaire au souverain,
il dessinait par son art l’image la plus belle.
20.     La foule, attirée par la grâce de l’oeuvre,
pense maintenant digne du culte ce qui, voici peu,
était honoré en tant qu’homme.
21.     Et c’est là une embûche pour la vie,
car les hommes asservis à la détresse ou à la tyrannie
appellent du nom ineffable des pierres ou du bois.

22.     Ensuite cela ne suffisait plus de se tromper dans la connaissance d’Elohîms,
mais, étant en grande guerre à cause de leur ignorance,
ils ont appelé de tels maux du nom de paix.
23.     Oui, ils célébrèrent des cérémonies occultes et des mystères secrets,
tuant des enfants, ou des rites initiatiques ou des festins orgiaques.
24.     Ils ne gardent plus la pureté de leur vie et de leur mariage,
mais l’homme supprime insidieusement son compagnon,
l’outrage en lui faisant un bâtard.
25.     Partout règne un tumulte de sang et de meurtre,
de vol et de fraude, de déloyauté,
de rébellion, de désordre, des faux serments.
26.     Irritation des bons, ingratitude, pourriture des êtres,
inversion des générations, égarements conjugaux, adultère, débauche.
27.     Oui, le culte des idoles dont les noms ne sont pas à mentionner
est le commencement, la cause et le but de tout mal.
28.     Dans leur joie ils délirent, ils ont des menteuses inspirations
ou vivent d’injustice ou parjurent avec promptitude.
29.     Oui, rassurés par des idoles qui n’ont pas souffle de vie,
ils n’appréhendent pas le malheur qu’ils parjurent.
30.     Mais pour un double motif, le jugement de justice les frappera:
pour avoir mal pensé à Elohîms en se réfugiant auprès des idoles
et pour avoir parjuré dans leur fraude, au mépris du sacré.
31.     Ce n’est pas la force de ceux au nom de qui se fait le serment,
mais le jugement des fauteurs
qui poursuit toujours le tort des criminels.

Chapitre 15.

Bon et véridique

1.     Toi, notre Elohîms, bon et véridique, lent à la colère,
qui entretiens tout avec chérissement,
2.     même si nous fautons, nous sommes à toi, connaissant ton pouvoir.
Mais nous ne fauterons pas, sachant que nous sommes comptés pour les tiens.
3.     Te pénétrer est perfection de justice,
reconnaître ta souveraineté racine de non-mort.
4.     Non, les trompeuses inventions des hommes ne nous égarent pas,
ni le labeur des peintres, art stérile,
figure crasseuse de couleurs bariolées,
5.     dont la vue provoque la passion chez les déments
et leur fait désirer l’image d’une forme morte, privée de vie.
6.     Amants du mal et dignes de tels esprits,
leurs fabricants et ceux qui les désirent et les servent.
7.     Oui, le potier pétrit avec peine la glèbe molle,
et façonne chaque objet pour notre usage;
cependant il fait de la même argile
des vases qui servent à des actions pures,
ou tout le contraire, toujours de la même manière.
Le potier décide à quel usage chacun est destiné.
8.     Mais, peine mal employée !
Il forme une vaine divinité de cette même argile,
lui qui, sorti depuis peu de la glèbe,
après un temps bref retournera là d’où il a été tiré,
lui à qui sera demandé de restituer le dû de son être.
9.     Mais il ne se soucie pas de ce qu’il devra bientôt agoniser
ni de ce que sa vie est brève,
et rivalise seulement avec ceux qui travaillent l’or et l’argent,
il imite les lamineurs de bronze,
et pense glorieux pour lui de fabriquer de vaines scories.
10.     Son coeur est de cendre, plus vile que la terre son espérance,
et sa vie est de moindre prix que l’argile.
11.     Car il ne connaît pas son potier,
celui qui a insufflé en lui un être d’énergie et inspiré un souffle vital.
12.     Oui, ils comptent notre vie pour un amusement,
et l’existence un jeu de foire qui rapporte un gain,
ils disent: « Qu’importe d’où vient le gain,
même du mal, il faut en profiter ! »
13.     Oui, il pénètre mieux que tout qu’il faute
en fabriquant avec de l’argile vases et statues fragiles.
14.     Tous fous, plus malheureux que l’être d’un nourrisson,
les ennemis de ton peuple qui l’ont subjugué.
15.     Oui, ils comptent pour Elohîms toutes les idoles des nations,
elles ne servent pas d’yeux pour voir,
de narines pour respirer l’air, d’oreilles pour entendre,
des doigts de la main pour palper,
et de leurs pieds sans force pour marcher.
16.     Oui, un humain les a faites, un être au souffle d’emprunt les a façonnées,
car il n’est pas au pouvoir de l’humain de fabriquer un Él pareil à lui.
17.     Mortel, de ses mains sans tora il fait un mort.
Il vaut mieux que ce qu’il adore,
car il est vivant: eux ne le seront jamais en pérennité.
18.     Ils servent même des animaux odieux
qui, comparés aux autres bêtes, les surpassent par leur bêtise.
19.     Ils ne sont même pas désirables comme certaines belles à voir,
ils sont loin de l’éloge d’Elohîms et de sa bénédiction.

Chapitre 16.

Tu as comblé ton peuple

1.     Aussi, avec justice ils ont été châtiés par des êtres semblables,
tourmentés par une multitude d’animaux.
2.     Au lieu de ce châtiment, tu as comblé de bienfaits ton peuple,
lui députant des cailles pour subsistance,
un aliment merveilleux pour l’appétit de nourriture.
3.     Si bien que ceux-ci, désireux de se nourrir,
étaient dégoûtés de leur appétit par la laideur de ce qui leur était envoyé;
et que ceux-là, pour un peu de temps dépourvus de subsistance,
avaient en partage un aliment merveilleux.
4.     Oui, il fallait infliger à ces tyrans oppresseurs
une famine à frémir, et pour ceux-là,
il suffisait de voir comment leurs ennemis étaient tourmentés
5.     quand vint contre eux la terrible fureur des bêtes,
et qu’ils périssaient sous la morsure de serpents tortueux,
ta fureur ne tint pas jusqu’à les exterminer.
6.     Ils furent effrayés par un bref avertissement,
c’était pour eux un signe salvateur pour leur rappeler l’ordre de la tora.
7.     Car celui qui se tournait vers lui n’était pas sauvé
par le bronze qu’il voyait, mais par toi, sauveur de tous.
8.     En cela tu prouvais à nos ennemis que tu délivres de tout mal.
9.     Oui, ils étaient tués par des piqûres de sauterelles et de mouches
contre lesquelles ils ne trouvaient pas pour leur être de remède,
car il convenait qu’ils fussent châtiés de cette manière.
10.     Mais tes fils n’ont pas été vaincus,
même par les dents des serpents venimeux:
oui, ton chérissement allait en face d’eux et les guérissait.
11.     Voici, ils étaient piqués pour leur rappeler le souvenir de tes paroles,
et vite ils étaient sauvés afin qu’ils ne tombent pas dans le profond oubli
et ne deviennent pas insensibles à tes bienfaits.
12.     Car ce n’est pas une plante ni un cataplasme qui les guérit,
mais ta parole seule, IHVH-Adonaï, médecin du tout.
13.     Oui, tu as pouvoir sur la vie et la mort,
tu fais tomber aux portes du Shéol et tu en fais remonter.
14.     Un homme dans sa malice peut bien tuer, mais le souffle qui est sorti,
il ne le fait pas retourner et il ne délie pas un être enseveli.
15.     Ainsi, il est impossible d’échapper à ta main.
16.     Les impies qui refusent de te connaître sont frappés
par la force de ton bras, poursuivis par des pluies extraordinaires,
par des grêles, par d’incessantes averses et deviennent la proie du feu.
17.     Le plus prodigieux est que dans l’eau, qui éteint tout,
le feu n’avait que plus d’énergie.
Oui, le cosmos guerroie aux côtés des justes.
18.     Tantôt la flamme se modérait
pour ne pas consumer les animaux envoyés contre les impies,
pour qu’ils regardent et voient
qu’ils étaient poursuivis par le jugement d’Elohîms.
19.     Tantôt elle prenait, même au milieu de l’eau, plus que la force du feu
afin de détruire les produits d’une terre inique.
20.     Par contre, tu nourris ton peuple de la nourriture des messagers
et leur impartis un pain du ciel, tout prêt, sans labeur,
qui assouvit tout désir, une nourriture suave à tous les goûts.
21.     Oui, la substance que tu donnais faisait voir ta douceur avec tes enfants,
suivant l’appétit de qui la prenait,
elle se changeait en ce que chacun souhaitait.
22.     La neige et la glace tenaient au feu sans fondre,
afin qu’ils pénètrent que les fruits des ennemis étaient brûlés
par un feu qui flamboyait sous la grêle et les éclairs
et par des éclairs qui brillaient sous la pluie.
23.     Au contraire, pour que les justes se nourrissent,
le feu oubliait sa propre vertu.
24.     Oui, la création qui est à ton service et que tu as faite
se tend à fond pour châtier les injustes
et se détend envers ceux qui se fient à toi, pour leur faire du bien.
25.     Alors aussi, se transformant en tout, elle sert ta générosité,
nourricière universelle, au désir de qui demande,
26.     pour que tes fils que tu chéris, IHVH-Adonaï,
apprennent que ce ne sont pas les fruits
en leurs diverses espèces qui nourrissent l’homme
mais ta parole, elle, qui garde ceux qui ont confiance en toi.
27.     Ce qui n’était pas mangé par le feu
fondait aisément à la chaleur d’un bref rayon du soleil
28.     pour que cela soit bien connu: il convient de devancer le soleil
pour te célébrer, te solliciter dès le lever de la lumière.
29.     Oui, l’espérance de l’ingrat fond comme givre d’hiver
et s’écoule comme des eaux inutiles.

Chapitre 17.

Tes jugements sont grands

1.     Oui, tes jugements sont grands, nul ne peut les compter,
aussi les êtres ignorants s’égarent.
2.     Oui, les sans-tora s’imaginent dominer le peuple consacré,
eux, les captifs des ténèbres enchaînés à la longue nuit,
enfermés sous leurs toits, ils sont couchés,
bannis loin de la providence de pérennité.
3.     Ils imaginent se cacher sous le secret de leurs torts,
être couverts par l’obscurité sous le voile de l’oubli ténébreux,
mais voici, ils s’affolent, dispersés,
sur une route terrifiante, épouvantés par des fantômes.
4.     Oui, la cachette qui les enfermait ne les protégeait pas de la peur,
des voix épouvantables retentissaient autour d’eux
et des sceptres terrifiants, à la face lugubre, se montraient à eux.
5.     Toute la force du feu ne pouvait les éclairer
et la lueur des étoiles brillantes
ne parvenait pas à illuminer cette nuit horrible.
6.     Tout ce qui brille pour eux,
c’est un feu qui monte automatiquement, semant la peur
dans l’épouvante de cette vision qu’ils n’avaient déjà plus
et qu’ils pensaient être plus terrible que ce qu’ils voyaient.
7.     Les artifices de l’art magique cessaient,
le discernement dont ils s’enorgueillissaient est en humiliante dérision.
8.     Eux qui promettaient de chasser des êtres malades,
les troubles et les terreurs étaient malades d’un tremblement risible.
9.     Même si rien d’effrayant ne les faisait trembler, ils étaient épouvantés
par le grouillement des bestioles et le sifflement des serpents,
ils périssaient de frayeur, refusant de regarder l’air
auquel en aucune manière ils ne pouvaient échapper.
10.     Oui, la perversité condamnée de son propre aveu est de soi lâche,
elle exagère toujours les difficultés parce que sa conscience la harcèle.
11.     La peur n’est certes rien d’autre qu’une défaillance
des secours venus du discernement.
12.     L’espérance intérieure devenue plus petite
grandit notre ignorance des causes des tourments.
13.     Pour eux, ils dormaient de leur sommeil dans la nuit impuissante
qui montait des confins du Shéol impuissant,
14.     tantôt agités par des phantasmes monstrueux,
tantôt évanouis dans la défaillance de leur être,
oui, une terreur inattendue les avait envahis.
15.     Ensuite, tous ceux qui se trouvaient là tombaient,
étaient mis sous garde dans une prison sans verrous.
16.     Le laboureur, le pâtre, l’ouvrier qui peine au désert,
surpris, subissent l’inéluctable nécessité,
tous sont liés par une même chaîne de ténèbres.
17.     Le souffle qui siffle,
le chant mélodieux de l’oiseau sur les branches touffues,
le bruit cadencé d’une eau coulant avec violence,
18.     la course invisible d’animaux bondissants,
le hurlement des bêtes les plus sauvages,
l’écho répercuté des vallées aux montagnes, tout les fige d’épouvante.
19.     Oui, sur le monde entier brille une lumière étincelante,
chacun vaque à ses travaux sans obstacle,
20.     sur eux seuls pèse une sombre nuit, image des ténèbres
qui les enseveliront eux-mêmes à eux-mêmes plus lourds que ténèbre.

Chapitre 18.

La très grande lumière

1.     Pour tes consacrés, c’est la très grande lumière.
Ceux qui entendent leur voix sans voir leur aspect
les proclament heureux de ne pas souffrir comme eux-mêmes.
2.     Ils leur rendent grâce de ne pas se venger de leurs sévices
et demandent pardon de les avoir fait tomber dans le malheur.
3.     Au lieu de cela, tu prépares pour lui une colonne brûlante de feu
en un voyage inconnu, un soleil
qui ne leur nuise pas dans leur migration de gloire.
4.     Oui, il convenait à ceux-là d’être privés de lumière,
prisonniers des ténèbres, eux qui avaient emprisonné tes fils
par qui devait être donnée au monde la lumière impérissable de la tora.
5.     Ils avaient résolu de tuer les nouveau-nés des consacrés;
seul un enfant jeté fut sauvé,
et tu les châtias en prenant la multitude de leurs enfants,
tu les fis périr tous ensemble dans les eaux tumultueuses.
6.     Cette nuit, annoncée d’avance à nos pères, ils se réjouirent
de connaître l’exactitude des serments auxquels ils avaient cru.
7.     Ton peuple attend le salut des justes et l’extermination des ennemis.
8.     Oui, avec ce par quoi tu châtias nos tyrans,
tu nous glorifias en nous appelant à toi.
9.     En secret, les consacrés, enfants des bons, sacrifient pour toi,
et d’un commun accord ils reçoivent la tora d’Elohîms
selon laquelle ceux qui sont consacrés prennent part égale
des mêmes biens et des mêmes dangers;
déjà ils chantent à l’avance la louange des pères.
10.     À cela répond l’amère clameur des ennemis,
la longue plainte de ceux qui pleuraient leurs enfants.
11.     Un même jugement châtie l’esclave et le maître,
la multitude du peuple souffre comme le roi.
12.     Tous ensemble d’une même mort périssent sans nombre,
les vivants ne suffisent pas pour ensevelir les morts.
En un instant l’élite de leur semence périt.
13.     Ceux qui n’adhéraient pas à cause de leurs sorcelleries,
après l’extermination des premiers-nés,
reconnaissent que le peuple est fils d’Elohîms.
14.     Quand le silence paisible cerne tout,
la nuit étant au milieu de sa course rapide,
15.     descend ta parole toute-puissante de ton trône royal, des ciels,
comme un héros de guerre terrible,
au milieu de la terre vouée à la destruction,
ayant en main ta sanction irrévocable,
brandie comme une épée tranchante.
16.     En se dressant, elle remplit tout de mort:
elle touche aux ciels en marchant sur terre.
17.     Alors les épouvantent soudain les visions d’horribles cauchemars,
tombe sur eux une terreur inattendue.
18.     L’un ici, l’autre là, ils sont jetés à moitié morts
et chacun ouvre à tous la cause de sa mort.
19.     Oui, les cauchemars qui les épouvantaient les avaient prévenus d’avance,
afin qu’ils ne restent pas sans connaître, en périssant,
le pourquoi du malheur qui les atteignait.
20.     La mort atteint également les justes pour les éprouver:
c’est au désert une calamité pour une multitude
mais la colère ne dure pas longtemps.
21.     Un homme sans défaut s’empresse de se battre pour eux,
en prenant les armes de son service,
le sacrifice expiatoire, la prière de l’encens.
Il se dresse en face du courroux et met fin à la détresse
en faisant voir qu’il est son serviteur.
22.     Il vainc l’animosité non par la vigueur du corps
ni par la puissance des armes, mais par la parole,
il soumet celui qui s’apprête à châtier
en rappelant la promesse faite aux pères et leurs pactes.
23.     Quand les morts tombent les uns sur les autres en tas,
il se dresse au milieu d’eux,
il arrête la colère et lui coupe la route vers les vivants.
24.     Oui, sur sa tunique qui arrive jusqu’aux pieds
se trouvait le cosmos tout entier, les gloires des pères étaient gravées
sur quatre rangées de pierres, ta majesté sur le diadème de sa tête.
25.     Oui, l’exterminateur recule en face d’eux, à cause d’eux, il frémit;
oui, à elle seule l’épreuve de la colère suffit.

Chapitre 19.

Contre les impies

1.     Contre les impies se tient jusqu’à la fin la brûlure inexorable,
oui, il pénètre d’avance leur avenir.
2.     Après les avoir laissés partir, renvoyés à la hâte,
leur coeur change et ils les poursuivent.
3.     Leurs deuils dans leurs mains,
et soupirant encore sur les sépulcres des morts,
ils se tournent vers une autre pensée démente,
et poursuivent comme des fugitifs
ceux qu’ils avaient expulsés, en les suppliant.
4.     Une nécessité digne d’eux les pousse à cette extrémité, leur faisant oublier
ce qui était arrivé afin de parfaire le comble de leur châtiment,
5.     ton peuple éprouve alors une route prodigieuse
et ils trouvent une mort insolite.
6.     Car toute la création, en sa nature propre,
qui sert selon tes ordres, est de nouveau façonnée
afin que tes enfants soient gardés indemnes.
7.     La nuée visible couvre le camp de son ombre,
la terre sèche apparaît là où, auparavant, il y avait de l’eau,
la mer du Jonc fait place à une route libre,
le tumulte impétueux à une plaine verdoyante de plantes.
8.     Par là tout ton peuple passe protégé par ta main,
ils voient des signes prodigieux.
9.     Ils sont à la pâture comme des chevaux, ils dansent comme des agneaux,
et te louangent, IHVH-Adonaï, toi qui les sauves.
10.     Ils se souviennent encore des aventures de leur exil,
comment la terre, au lieu d’animaux, produit des poux,
comment le fleuve, au lieu de poissons,
vomit une multitude de batraciens.
11.     Ensuite, ils voient aussi un nouveau mode de naissance pour les oiseaux,
quand tu suscites en eux le désir de demander une nourriture succulente:
12.     pour les satisfaire, la caille monte pour eux de la mer.
13.     En toute justice, les châtiments ne viennent pas sur les fautifs
sans avertissement préalable en fracas du tonnerre,
ils souffrent pour leurs propres torts
la très dure haine qu’ils vouaient aux étrangers.
14.     Certains n’avaient pas accueilli les inconnus qui venaient à eux,
mais eux, ils asservirent des étrangers qui leur avaient fait du bien.
15.     Pas seulement cela, mais une autre visite leur convient
pour avoir reçu des étrangers avec hostilité.
16.     Eux les accueillent avec fêtes,
mais après leur avoir donné part à leurs droits,
ils les accablent de terribles peines.
17.     C’est pourquoi ils sont frappés de cécité
comme ceux-là le furent aux portes du juste, quand, cernés
par la ténèbre obscure, chacun d’entre eux cherchait la route de ses portes.
18.     Ainsi les éléments se combinent en accords neufs,
ainsi les sons du psaltérion
changent le rythme en conservant le même ton,
comme il est possible d’en juger à la vue d’événements.
19.     Les animaux terrestres deviennent aquatiques,
ceux qui nageaient marchent sur terre.
20.     Le feu redouble sa propre force dans les eaux,
et l’eau perd son pouvoir d’extinction.
21.     Par contre, les flammes ne dévorent pas la chair
des animaux fragiles qui s’y meuvent,
elles ne font pas fondre la nourriture divine
dont l’aspect est, comme celui de la glace, facile à liquéfier.
22.     Oui, tu exaltes et glorifies ton peuple en tout,
tu ne le rejettes pas, tu l’aides en tout temps et tout lieu.