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Iehoudit

Iehoudit ­ Judith

Liminaire pour Iehoudit

     Dès l’abord, l’histoire de Iehoudit (Judith, la « Juive ») soulève des problèmes insolubles. Les données qu’elle renferme sont parfois contradictoires et constituent souvent d’évidents anachronismes. Il s’agit en fait d’une sorte de roman a clés destiné à remonter le courage des Hébreux exilés, tout en évitant de provoquer des représailles de la part des autorités perses.

     Peut-on se faire une idée des événements auxquels pourraient malgré tout se référer le récit ? Il doit s’agir d’une grande révolte contre quelque satrape de l’empire perse. L’histoire en connaît plusieurs. Celle qui conviendrait le mieux pour expliquer l’origine de notre livre eut lieu sous Artaxerxès II Mnémon en 366; Diodore de Sicile (XV, 90-92) en a fait un récit détaillé. Le livre de Iehoudit ne cite explicitement aucun livre biblique, mais il est clairement influencé par la grande littérature ancienne d’Israël. Les prières qui s’y trouvent sont rédigées dans le style des Psaumes. L’héroïne ressemble à d’autres femmes célèbres de l’histoire d’Israël: Miriâm, Debora, Iaël. Comme Èstér, elle joue un rôle capital dans le salut de son peuple.

     L’ouvrage a très probablement été écrit en hébreu, mais il n’est conservé qu’en grec. Le texte original a été perdu relativement tôt; ni Origène, ni Jérôme ne l’ont connu. Le second a traduit Judith en latin à partir d’un texte araméen qui était peut-être plus proche de l’original que la version grecque.


Chapitre 1.

Sous le règne de Neboukhadrèsar

1.     En l’an douze du règne de Neboukhadrèsar
qui régnait sur Ashour, à Ninevé, la grande ville,
aux jours d’Arpakhshad qui régnait sur Madaï à Ahmeta
2.     il bâtit autour d’Ahmeta des remparts en pierre de taille
de trois coudées de largeur et de six coudées de longueur.
Il donna au rempart une hauteur de soixante-dix coudées
et une largeur de cinquante coudées.
3.     Il porta ses tours au-dessus de ses portes de cent coudées de haut
sur soixante de large à leur fondation.
4.     Il fit ses portes d’une hauteur de soixante-dix coudées
et d’une largeur de quarante coudées
pour la sortie du gros de ses forces et le défilé de ses fantassins.
5.     En ces jours, le roi Neboukhadrèsar fit la guerre
au roi Arpakhshad dans la grande plaine aux frontières de Rogav.
6.     Contre lui s’étaient rangés tous les habitants de la montagne
et tous les habitants du Perat et du Hidèqèl;
de l’Hydaspe et des plaines d’Ariokh, roi de l’‘Éïlâm,
de nombreux peuples se rassemblent
pour prendre part à la bataille des Benéi Héléoud.
7.     Neboukhadrèsar, roi d’Ashour, envoie alors un message
à tous les habitants de la Perse, à tous ceux de la région occidentale,
aux habitants de Kilikia, de Damèssèq, du Lebanôn et de l’anti-Lebanôn,
à tous les habitants de la côte de la mer,
8.     aux nations du Karmèl, du Guil‘ad, du haut Galil, de la grande plaine d’Izre‘èl,
9.     à tous ceux de Shomrôn et de ses villes d’au-delà du Iardèn,
jusqu’à Ieroushalaîm, Béit-‘Anot, Khelous, Qadésh, le fleuve de Misraîm,
Tahpanhès, Ra‘amsés et toute la terre de Goshèn,
10.     jusqu’à l’entrée de So‘ân, de Moph,
à tous les habitants de Misraîm jusqu’à l’entrée de la frontière de Koush.
11.     Mais tous les habitants de la terre
méprisèrent la parole de Neboukhadrèsar, roi d’Ashour,
et ne vinrent pas à lui pour la guerre
car ils ne frémissaient pas de ses faces.
Il était pour eux comme un simple homme.
Ils renvoyèrent à vide ses messagers avec des insultes devant leurs faces.

Neboukhadrèsar part en guerre

12.     La narine de Neboukhadrèsar brûla fort contre toute cette terre.
Il jura sur son trône et son royaume
de se venger de toutes les frontières de Kilikia,
de la terre de Damèssèq et d’Arâm, de les exterminer par son épée,
eux et tous les habitants de la terre de Moab,
les Benéi ‘Amôn, toute la terre de Iehouda,
tous ceux de Misraîm jusqu’à l’entrée de la frontière des Deux Mers.
13.     Il sort en guerre avec son corps expéditionnaire contre le roi Arpakhshad
en l’an dix-sept, il vainc dans sa guerre,
culbute toute l’armée d’Arpakhshad, tous ses cavaliers et sa charrerie,
14.     il gouverne toutes ses villes et arrive jusqu’à Ahmeta, prend les tours,
pille ses places et donne à l’outrage sa splendeur.
15.     Il s’empare d’Arpakhshad dans les monts de Rogav,
le transperce de sa lance et l’extermine jusqu’à ce jour.
16.     Il retourne à Ninevé avec toute son armée,
une très grande foule d’hommes de guerre.
C’est là l’insouciance et la bonne chère
pour lui et son armée pendant cent vingt jours.

Chapitre 2.

Exterminer toute chair

1.     En l’an dix-huit, le vingt-deux du premier mois,
une parole était dans la maison de Neboukhadrèsar, roi d’Ashour:
se venger de toute la terre, comme il l’avait dit.
2.     Il convoque tous ses serviteurs, et tous les grands de son royaume,
il tient avec eux un conseil secret et il décrète de sa propre bouche
la calamité totale de la terre.
3.     Et ils décidèrent d’exterminer toute chair
qui ne suivrait pas la parole de sa bouche.

4.     Quand il termina son conseil, Neboukhadrèsar, roi d’Ashour, convoque
Holophernès, le chef de son armée, qui était son second et lui dit:
5.     « Ainsi dit le grand roi, le maître de toute la terre:
Voici, toi, tu sortiras en face de moi,
tu prendras avec toi des hommes sûrs de leur force,
environ cent vingt mille hommes de pied
et un gros contingent de chevaux avec leurs cavaliers, douze mille.
6.     Sors à la rencontre de toute la terre d’Occident qui s’est rebellée
contre les dires de ma bouche.
7.     Dis-leur de préparer la terre et l’eau, car je sors contre eux dans ma fureur,
je couvre toute la face de la terre par les pieds de mon armée
et je la leur donne en butin.
8.     Leurs blessés rempliront leurs ravins,
les torrents et les fleuves, pleins de leurs cadavres, déborderont.
9.     J’emmènerai leurs captifs aux confins de toute la terre.
10.     Et toi, va, investis pour moi toute leur frontière.
Ils se rendront à toi et tu me les garderas
pour le jour de leur châtiment.
11.     Contre ceux qui refuseront d’obéir, que ton oeil ne soit pas exorable:
donne-les à la tuerie et au pillage dans toute la terre.
12.     Oui, par ma vie et par la force de mon royaume,
moi, j’ai parlé et j’agirai de ma main.
13.     Et toi ne fais pas tomber une parole des paroles de ton maître.
Agis comme je te l’ai ordonné.
Ne tarde pas à faire ces paroles. »
14.     Holophernès sort en face de son maître.
Il convoque tous les dynastes et tous les stratèges de la milice
et les épistates de l’armée d’Ashour.
15.     Il recense les hommes d’élite de l’armée,
comme le lui avait ordonné son maître,
quelque cent vingt mille hommes et douze mille archers à cheval.
16.     Il les range comme se range une armée en guerre.
17.     Il prend des chameaux, des ânes, des mulets
en immense quantité, pour leurs bagages,
des ovins, des bovins, des caprins sans nombre pour provisions,
18.     avec de la nourriture en abondance pour les hommes,
et beaucoup, beaucoup d’or et d’argent de la maison du roi.
19.     Il sort avec tout son corps expéditionnaire
pour défiler en face du roi Neboukhadrèsar
et couvrir toute les faces de la terre, en Occident, de leurs chars,
de leurs cavaliers et des fantassins d’élite qui étaient avec eux.
20.     La foule composite aussi sort nombreuse
comme des sauterelles, comme la poussière de la terre si multiple qu’elle ne peut se compter.
21.     Ils voyagent de Ninevé une route de trois jours
sur les faces de la plaine de Biqtilat.
Ils campent après Biqtilat près de la montagne
à gauche de la haute Kilikia.
22.     Il prend toute son armée, les fantassins, les cavaliers,
sa charrerie et il part de là vers la montagne.
23.     Il pourfend Pout et Loud; les hommes de son armée
pillent tous les Benéi Rassis et les Benéi Ishma‘él
qui sont sur les faces du désert au sud du Héléôn.
24.     Il longe le Perat, passe au milieu d’Arâm Naaraîm,
démolit toutes les hautes villes sur le torrent d’‘Abrona
jusqu’à l’accès de la mer.
25.     Il prend les frontières de Kilikia,
extermine tous ceux qui se soulèvent contre lui
et arrive jusqu’à la frontière de Ièphèt au sud sur les faces d’‘Arab.
26.     Il encercle tous les Benéi Midiân,
brûle leurs tentes et pille les enclos de leurs ovins.
27.     Il descend dans la plaine de Damèssèq aux jours de la moisson des blés,
il incendie tous leurs champs, il anéantit leurs ovins et leurs bovins,
pille leurs villes, détruit leurs champs
et frappe leurs adolescents à bouche d’épée.
28.     Son tremblement, sa terreur tombent
sur tous les habitants de la côte de la mer de Sidôn et de Sor,
sur tous les habitants de Sour et d’Okina, tous les habitants de Iabné,
et ceux qui habitent Ashdod et Ashqelôn frémissent fort.

Chapitre 3.

Des paroles de paix

1.     Des messagers lui sont envoyés avec des paroles de paix pour dire:
2.     « Voici, nous les enfants de Neboukhadrèsar, le grand roi,
nous tombons à terre en face de toi: fais-nous comme bon à tes yeux.
3.     Voici, tous nos parcs à bestiaux, tout champ de blé
et notre territoire tout entier, les ovins, les bovins,
tous les enclos de nos tentes sont à ta disposition:
uses-en comme bon à tes yeux.
4.     Voici aussi nos villes et leurs habitants sont tes serfs.
Viens, frappe-les comme bon à tes yeux. »
5.     Les hommes viennent vers Holophernès et lui rapportent ces paroles.
6.     Il descend vers la côte avec son armée.
Il met une garnison aux villes fortifiées
et prend d’elles des hommes d’élite comme auxiliaires.
7.     Ils les reçoivent, et tous les alentours,
avec des couronnes, des danses, des tambours.
8.     Il dévaste tous leurs sanctuaires, il abat leurs arbres sacrés
conformément à la mission d’exterminer tous les dieux de la terre
afin que tous les peuples ne servent que Neboukhadrèsar seul
et que toute tribu et toute langue l’invoquent pour dieu.
9.     Il vient en face d’Izre‘èl près de Dotân,
qui est en face du passage vers Iehouda.
10.     Il campe entre Guebaï et Béit-Sheân. Il est là un mois de jours
pour rassembler tout l’équipage de son armée.

Chapitre 4.

Ils tremblent d’Holophernès

1.     Les Benéi Israël qui habitent Iehouda
entendent ce qu’a fait Holophernès,
le chef de l’armée de Neboukhadrèsar, roi d’Ashour,
et qu’il a pillé et désolé leurs sanctuaires.
2.     Ils frémissent fort, fort de ses faces; ils tremblent pour Ieroushalaîm
et pour le sanctuaire de IHVH-Adonaï leur Elohîms.
3.     Oui, depuis peu de temps ils étaient montés de l’exil;
maintenant tout le peuple de Iehouda s’était regroupé,
les objets, l’autel, la maison
avaient été consacrés après leur profanation.
4.     Ils envoient des hommes sur toute la frontière de Shomrôn
à Kona, à Béit Horôn, à Abél Maîm, à Ieriho,
à Hoba, à Essoura et dans le torrent de Shalém.
5.     Ils occupent toutes les têtes des hautes montagnes,
ils fortifient les villages,
y amassent de la nourriture en provision de guerre,
car depuis peu leurs champs avaient été moissonnés.
6.     Yehoyaqîm, le grand desservant,
qui est en ces jours en résidence à Ieroushalaîm
écrit aux habitants de Betoulia et de Baïtomestaîm
qui est contre Izre‘èl en face de la vallée proche de Dotân,
7.     pour dire: « Occupez les cols des montagnes,
oui, ce sont les routes d’accès vers Iehouda,
afin de les empêcher de les franchir aisément:
le passage est étroit même pour deux hommes. »
8.     Les Benéi Israël font comme le leur ordonne
Yehoyaqîm, le grand desservant, et le conseil des anciens
de tout le peuple de Ieroushalaîm, qui siègent à Ieroushalaîm.

La prière d’Israël

9.     Tout homme d’Israël clame vers l’Elohîms avec force,
ils jeûnent avec une grande consécration,
10.     eux, leurs femmes, leur marmaille, leurs bestiaux,
tout habitant, salarié, serviteur acquis de leur argent,
ils mettent des sacs sur leurs reins.
11.     Tout homme d’Israël, femmes et enfants qui habitent Ieroushalaîm
tombent en face du sanctuaire,
mettent de la poussière sur leur tête
et déploient leurs sacs en face de IHVH-Adonaï.
12.     Ils mettent aussi un sac autour de l’autel
et clament vers l’Elohîms d’Israël, d’un seul coeur, avec force,
pour qu’il ne livre pas leur marmaille en pillage,
leurs femmes en butin, les villes de leur héritage en désolation
et le sanctuaire à la profanation et à l’outrage des nations.
13.     IHVH-Adonaï entend leur clameur, il voit leur détresse.
Le peuple jeûne de nombreux jours dans tout Iehouda et Ieroushalaîm
en face du sanctuaire de IHVH-Adonaï Sebaot.
14.     Yehoyaqîm, le grand desservant,
et tous ceux qui se tiennent en face de IHVH-Adonaï,
les desservants et les officiants de IHVH-Adonaï,
ceints de sacs autour de leurs reins,
présentent la montée permanente, les voeux et les gratifications du peuple.
15.     C’est de la cendre sur leurs turbans
et ils clament vers IHVH-Adonaï de toute énergie
pour qu’il sanctionne en bien toute la maison d’Israël.

Chapitre 5.

La colère d’Holophernès

1.     Il est rapporté à Holophernès, le chef de l’armée d’Ashour,
que les Benéi Israël se préparent à la guerre,
qu’ils ont fermé les passes de la montagne,
fortifié toute tête de haut mont et mis des pièges dans les vallées.
2.     Sa narine brûle beaucoup. Il convoque tous les chefs de Moab,
tous les stratèges des Benéi ‘Amôn, et tous les pachas du littoral de la mer.
3.     Il leur dit: « Rapportez-moi, Benéi Kena‘ân,
qui est ce peuple qui habite la montagne,
quelles sont les villes où ils demeurent,
quelle est l’importance de leur milice,
en quoi se trouvent leur force et leur puissance,
quel est le roi qui les gouverne et commande leur armée.
4.     Pourquoi ont-ils dédaigné de venir à ma rencontre
comme tous les habitants de l’Occident ? »

Le récit d’Ahior

5.     Ahior, chef des Benéi ‘Amôn, dit:
« Mon maître entendra donc la parole de la bouche de son serviteur.
Je te rapporterai la vérité sur le peuple qui habite cette montagne
et qui demeure proche de toi.
Le mensonge ne sortira pas de ma bouche.
6.     Ce peuple est issu des Kasdîm.
7.     Ils résidèrent en premier lieu en Arâm-Naaraîm
mais ils refusèrent d’aller derrière les Elohîms de leurs pères
qui étaient en terre des Kasdîm.
8.     Ils se sont éloignés de la route de leurs ancêtres
et se sont prosternés devant l’Elohîms du ciel,
l’Elohîms qu’ils connaissaient.
Ils les chassèrent en face de leurs Elohîms
et ils s’enfuirent en Arâm-Naaraîm où ils résidèrent de nombreux jours.
9.     Leur Elohîms leur dit de sortir de leur résidence
et d’aller en terre de Kena‘ân. Ils habitèrent là
et se remplirent d’argent, d’or, et d’un bétail très nombreux.
10.     Quand la famine recouvrit les faces de la terre de Kena‘ân,
ils descendirent en Misraîm,
ils résidèrent là pendant qu’ils y furent nourris.
Ils devinrent là un grand peuple: il n’était pas de nombre à leur race.
11.     Le roi de Misraîm se leva contre eux.
Il fut plus avisé qu’eux et les asservit à l’argile et aux briques.
Ils les maltraitèrent et en firent des serfs.
12.     Ils clamèrent vers leur Elohîms.
Lui, il frappa tout Misraîm
avec des coups sans remède.
Les Misrîm les chassèrent loin de leurs faces.
13.     Elohîms assécha la mer du Jonc en face d’eux.
14.     Il les fit aller sur la route du Sinaï et de Qadésh Barnéa‘.
Ils chassèrent tous les habitants du désert.
15.     Ils habitèrent la terre de l’Emori,
ils exterminèrent par leur force tous les Benéi-Hèshbôn,
ils passèrent le Iardèn et héritèrent de toute la montagne.
16.     Ils chassèrent en face d’eux le Kena‘ani, le Perizi,
le Ieboussi, le Shikhmi et tout le Guirgashi
et ils y habitèrent des jours multiples.
17.     Tant qu’ils ne fautèrent pas contre leur Elohîms,
c’était pour eux le bonheur;
oui, avec eux l’Elohîms hait tout crime.
18.     Mais quand ils s’écartèrent de la route qu’il leur avait ordonnée
ils perdirent des guerres très nombreuses,
ils furent exilés sur une terre non leur.
Le sanctuaire de leur Elohîms fut rasé,
leurs villes furent investies par leurs ennemis.
19.     Maintenant qu’ils sont retournés à leur Elohîms,
ils sont montés de l’exil où ils avaient été dispersés,
ils ont pris Ieroushalaîm
où est la maison de leur sanctuaire
et ils habitent la montagne parce qu’elle était dévastée.
20.     Maintenant, mon maître le gouverneur,
s’il est un tort en ce peuple et qu’ils ont fauté contre leur Elohîms,
nous voyons que cet obstacle est en eux-mêmes.
Nous monterons et nous les vaincrons.
21.     S’il n’est pas de faute dans leur peuple, que mon maître passe donc,
de peur que IHVH-Adonaï leur Elohîms ne les protège,
et nous serions outragés aux yeux de toute la terre. »
22.     Quand Ahior achève de parler ces paroles,
tout le peuple debout tout autour de la tente gronde,
les chefs d’Holophernès, tous les habitants du rivage de la mer
et de la terre de Moab disent de le mettre en pièces:
23.     « Non, nous ne frémissons pas en face des Benéi Israël,
car voici, c’est un peuple qui n’a pas de force
ni d’énergie pour un grand combat.
24.     Aussi nous monterons donc, il deviendra la proie
de toute ton armée, notre maître Holophernès. »

Chapitre 6.

Il enverra sa puissance

1.     Quand s’achève la plainte des hommes autour,
Holophernès, chef de l’armée d’Ashour, dit à Ahior
en face de toute l’assemblée des étrangers et de tous les Benéi Moab:
2.     « Qui es-tu, toi, Ahior, et vous, mercenaires d’‘Èphraîm,
pour que vous soyez inspirés contre nous aujourd’hui
et que tu nous dises de ne pas guerroyer contre la race d’Israël
parce que leur Elohîms les protégera ?
Qui est Elohîms sinon Neboukhadrèsar ?
Lui-même enverra sa puissance et les perdra sur les faces de la terre
et leur Elohîms ne les secourra pas.
3.     Mais nous, ses serviteurs, nous les battrons comme un seul homme,
ils ne tiendront pas en face de la puissance de nos chevaux.
4.     Oui, nous les brûlerons avec eux,
leurs montagnes seront enivrées de leur sang
et leurs plaines se rempliront de leurs cadavres,
les talons de leurs pieds ne tiendront pas en face de nous,
oui, ils seront totalement perdus,
dit le roi Neboukhadrèsar, le maître de toute la terre,
car lui-même a parlé et ses paroles ne retourneront pas à vide.
5.     Et toi, Ahior, mercenaire d’‘Amôn,
toi qui as parlé ces paroles au jour de ton crime,
tu ne verras pas ma face de ce jour
jusqu’à ce que je me venge de cette race évadée de Misraîm.
6.     Alors le fer de mon armée et le peuple de mes serviteurs
transperceront tes côtes: tu tomberas parmi leurs blessés
dès que je serai de retour.
7.     Mes serviteurs te mèneront dans la montagne
et ils te mettront dans une des villes des cols.
8.     Tu ne seras perdu que lorsque tu seras exterminé avec eux.
9.     Si tu espères en ton coeur qu’ils ne seront pas capturés,
eh bien, que tes faces ne tombent pas:
j’ai dit; pas une parole ne tombera de mes paroles. »

Ahior à Betoulia

10.     Holophernès ordonne à ses serviteurs qui se tenaient dans la tente
de prendre Ahior, de le faire venir à Betoulia
et de le livrer aux mains des Benéi Israël.
11.     Ses serviteurs se saisissent de lui
et le font venir hors du camp, vers le ravin,
et ils partent au milieu du ravin vers la montagne.
Ils arrivent vers les sources qui sont en contrebas de Betoulia.
12.     Quand les hommes de la ville les voient monter
vers la crête de la montagne,
ils prennent leurs armes, sortent hors de la ville vers la crête de la montagne.
Tous les hommes armés de leurs frondes
les arrêtent au col en leur jetant des pierres.
13.     Ils descendent silencieusement jusqu’au pied de la montagne;
ils ligotent Ahior et l’abandonnent jeté au pied de la montagne,
puis ils s’en vont vers leur maître.
14.     Les Benéi Israël descendent de leur ville, se tiennent devant lui,
le détachent et le font venir à Betoulia
et le présentent devant les archontes de leur ville
15.     qui étaient en ces jours ‘Ouzyah bèn Mikha, du rameau de Shim‘ôn,
Habri bèn ‘Otniél et Karmi bèn Malkiél.
16.     Ils rassemblent tous les anciens de la ville,
tous les adolescents et les femmes accourent vers l’assemblée.
Ils tiennent Ahior debout au milieu de tout leur peuple
et ‘Ouzyah lui demande ce qui était arrivé.
17.     Ahior répond et leur rapporte les paroles du conseil d’Holophernès
et toutes les paroles qu’il avait dites
au milieu des chefs des Benéi Ashour
et ce qu’Holophernès avait eu l’ambition de faire
contre la maison d’Israël.
18.     Le peuple tombe à terre et se prosterne devant l’Elohîms.
Ils clament pour dire:
19.     « IHVH-Adonaï Elohîms du ciel ! Observe leur orgueil,
prends en pitié l’humiliation de notre race,
regarde les faces de ceux qui te sont consacrés aujourd’hui. »
20.     Ils réconfortent Ahior et le félicitent vivement.
21.     ‘Ouzyah le fait aller de l’assemblée vers sa maison.
Il fait un banquet pour les anciens.
Ils crient vers l’Elohîms d’Israël pour le salut, toute cette nuit.

Chapitre 7.

Le siège de Betoulia

1.     Le lendemain Holophernès ordonne à toute son armée
et à tout son peuple qui étaient venus à son aide
de partir vers Betoulia, de s’emparer des cols de la montagne
et de faire la guerre aux Benéi Israël.
2.     Ce jour-là, tous les hommes de l’armée lèvent le camp.
Leur armée d’hommes de guerre comprenait
cent soixante-dix mille fantassins, douze mille cavaliers,
sans compter les bagages et la multitude énorme
des gens de pied qui étaient mêlés à eux.
3.     Ils campent dans la vallée proche de Betoulia
près de la source et se déploient en largeur
sur Dotaîm et sur Abél Maîm
et en longueur de Betoulia jusqu’à Kuamôn qui est en face d’Izre‘èl.
4.     Quand les Benéi Israël voient leur foule,
ils frissonnent fort et se disent l’un à l’autre:
« Maintenant ceux-là lécheront la face de toute la terre;
les hautes montagnes, les vallées ni les collines
ne pourront soutenir leur charge. »
5.     Chacun prend ses armes de guerre;
ils allument des feux sur leurs tours
et se tiennent en garde toute cette nuit.
6.     Le deuxième jour Holophernès déploie tous ses cavaliers
en face des Benéi Israël qui étaient à Betoulia.
7.     Il inspecte les montées de leur ville,
reconnaît leurs sources d’eau, s’en saisit,
y maintient des vigiles d’hommes de guerre,
puis lui-même part vers son peuple.
8.     Viennent à lui tous les archontes des Benéi ‘Éssav,
tous les hégoumènes du peuple de Moab,
les stratèges de l’armée du rivage de la mer et il disent:
9.     « Entends donc, notre maître, une parole
et il n’y aura pas de perte dans ton armée,
10.     car ce peuple, le peuple des Benéi Israël, ne met pas son assurance
dans ses javelots mais dans la hauteur de ses montagnes, là où ils habitent.
Non, ce n’est pas un propos facile
que de monter sur la tête de leurs montagnes !
11.     Maintenant, maître, ne guerroie pas contre eux
comme dans une bataille rangée,
et il ne tombera pas un homme de ton peuple.
12.     Attends dans ton camp, garde tous les hommes de ton armée,
que tes adolescents s’emparent de la source d’eaux
qui jaillit au pied de la montagne.
13.     Oui, tous les habitants de Betoulia puisent leur eau de là.
La soif les poussera et ils livreront leur ville.
Nous et notre peuple nous monterons sur la crête des montagnes proches,
nous y ferons camper des vigiles
afin que pas un homme ne sorte de la ville.
14.     Ils mourront de faim, eux, leurs femmes, leur marmaille;
avant que l’épée ne vienne contre eux,
ils seront tombés sur les places de leurs demeures.
15.     Tu leur feras payer très cher leur révolte
pour n’être pas sortis à ta rencontre en paix. »
16.     Leurs paroles plaisent à Holophernès et à tous ses serviteurs.
Il ordonne de faire comme ils avaient dit.
17.     Le camp des Benéi ‘Amôn part et avec eux cinq mille Benéi Ashour.
Ils campent dans la vallée,
s’emparent des eaux et des sources des Benéi Israël.
18.     Les Benéi ‘Éssav et les Benéi ‘Amôn campent dans la montagne
en face de Dotaîm; certains sont envoyés vers le sud et l’orient,
devant ‘Aqrabel, près de Koush, sur le torrent de Mokhmour.
Le reste de l’armée d’Ashour campe dans la plaine;
ils couvrent toutes les faces de la terre,
leurs tentes et leurs équipements se déploient avec la grande foule:
c’est une multitude fort nombreuse.

Pris par la soif

19.     Les Benéi Israël clament vers IHVH-Adonaï leur Elohîms:
oui, leur souffle s’écourte,
oui, leurs ennemis les encerclent sans évasion possible au milieu d’eux.
20.     Autour, était tout le camp d’Ashour,
les fantassins, la charrerie, les cavaliers, trente-quatre jours.
Les eaux s’épuisaient dans toutes les jarres des habitants de Betoulia.
21.     Toutes les citernes se vident:
ils n’ont plus d’eau pour boire à satiété un seul jour.
Oui, des rations leur sont données, pour boire.
22.     Le souffle de leur marmaille tombe, leurs femmes, leurs adolescents
s’évanouissent de soif, ils tombent sur les places de la ville
et aux ouvertures des portes, sans force en eux.
23.     Tout le peuple, les adolescents, les femmes, la marmaille
se rassemblent autour d’‘Ouzyah et des archontes de la ville.
Ils clament à voix forte et disent en face de tous les anciens:
24.     « Elohîms jugera entre nous et vous qui avez fait un grand malheur,
car vous n’avez pas parlé des paroles de paix avec les Benéi Ashour.
25.     Maintenant nous n’avons pas d’aide,
oui, notre Elohîms nous a vendus en leurs mains
pour tomber en face d’eux de soif et de grand épuisement.
26.     Maintenant, criez vers eux et donnez-leur toute la ville
à piller pour le peuple d’Holophernès et pour toute son armée.
27.     Oui, mieux vaut pour nous d’être en butin pour eux:
nous deviendrons, certes, leurs serfs mais nous vivrons.
Nous ne verrons pas de nos yeux mourir notre marmaille
au trépas de nos femmes et de nos enfants.
28.     Nous prenons à témoin contre vous les ciels et la terre,
notre Elohîms et l’Adôn de nos pères,
pour qu’il nous punisse de nos torts et des torts de nos pères,
pour qu’il ne réalise pas de telles paroles aujourd’hui. »
29.     Tout le peuple pleure beaucoup, tous ensemble,
ils clament vers IHVH-Adonaï Elohîms à grande voix.
30.     ‘Ouzyah leur dit: « Soyez forts, frères, résistons encore cinq jours
pendant lesquels IHVH-Adonaï Elohîms tournera vers nous ses matrices,
car il ne nous abandonnera pas jusqu’au bout.
31.     Si ces jours passent sans qu’une aide vienne à nous,
je ferai selon vos paroles. »
32.     Il disperse le peuple, chaque homme va vers son camp
aux remparts de leur ville et en ses tours.
Il envoie la marmaille et les femmes dans leurs maisons.
Ils sont en grande détresse dans la ville.

Chapitre 8.

Iehoudit entend

1.     En ces jours, Iehoudit, fille de Merari bèn Ouzi, bèn Iosseph, bèn ‘Ouziél,
bèn Hilqyah, bèn Hananyah, bèn Guid‘ôn, bèn Rephaïa, bèn Ahitoub,
bèn Élyah, bèn Hilkyah, bèn Èliab, bèn Netanél, bèn Sheloumiél,
bèn Sourishadaï, bèn Shim‘ôn, bèn Israël, entend.
2.     Son mari, Menashè, de son rameau, de la maison de son père,
était mort aux jours de la moisson des orges.
3.     Oui, quand il se tenait à gerber des gerbes aux champs
lui vint une grande chaleur à la tête,
il tomba sur une couche et il mourut à Betoulia sa ville.
Ils l’ensevelirent avec ses pères dans le champ
entre Dotaîm et Ba‘al ‘Amôn.
4.     Iehoudit était veuve dans sa maison depuis trois ans et quatre mois.
5.     Sur la terrasse de sa maison, elle s’était aménagé une chambre haute.
Elle s’était mis un sac sur ses reins et avait revêtu ses vêtements de veuve.
6.     Elle jeûnait pendant tous les jours de son veuvage
sauf les veilles de shabat, les shabats, les veilles de néoménies,
les néoménies, les fêtes et les jours fastes pour la maison d’Israël.
7.     Elle était belle de prestance et charmante d’aspect.
Menashè, son mari, lui avait laissé de l’or, de l’argent,
des serviteurs, des domestiques, du bétail, des champs
et elle vivait au milieu d’eux.
8.     Personne ne faisait sortir contre elle de mauvaise parole:
oui, elle frémissait fort d’Elohîms.

9.     Elle entend les mauvaises paroles du peuple contre l’archonte de la ville:
oui, leur être s’écourtait par manque d’eau.
Elle entend aussi toutes les paroles que leur avait dites ‘Ouzyah
qui leur avait juré de livrer la ville aux Ashourîm après cinq jours.
10.     Elle envoie sa servante qui gouvernait tout ce qui était à elle
appeler Habri et Karmi, des anciens de sa ville.

Iehoudit parle aux archontes

11.     Ils viennent à elle et elle leur dit:
« Entendez-moi donc, archontes des habitants de Betoulia.
Non, elle n’est pas juste
la parole que vous avez dite au peuple, ce jour-ci,
et le serment que vous avez fait et dit entre Elohîms et vous-mêmes
de livrer la ville à nos ennemis
si IHVH-Adonaï ne se tourne pas contre eux, pour nous aider.
12.     Maintenant, qui êtes-vous pour éprouver Elohîms aujourd’hui
et pour vous dresser à la place d’Elohîms parmi les fils de l’homme ?
13.     Voici, vous mettez à l’épreuve IHVH-Adonaï Sebaot,
mais vous ne pénétrerez rien à jamais,
14.     car vous ne pouvez scruter les profondeurs du coeur de l’homme,
vous ne pouvez atteindre les paroles de son intelligence.
Comment pouvez-vous comprendre Elohîms qui a fait tout cela ?
Scruteriez-vous son coeur et connaîtriez-vous son discernement ?
Donc, non, mes frères, n’irritez pas IHVH-Adonaï notre Elohîms.
15.     Car s’il ne veut pas nous aider dans les cinq jours
il pourra nous secourir aux jours qu’il voudra
ou nous exterminer en face de nos ennemis.
16.     Vous, n’hypothéquez pas le conseil de IHVH-Adonaï notre Elohîms,
car Elohîms n’est pas un homme pour s’affoler de menaces
ni un fils d’homme pour se rétracter.
17.     Aussi, espérons patiemment son salut
et clamons vers lui pour qu’il vienne à notre secours.
Il entendra notre voix si tel est son plaisir.
18.     Non, cela n’était pas survenu dans nos générations
et cela n’existe pas aujourd’hui au milieu de nous,
un rameau, un clan, un peuple ou une ville
qui se prosternent devant des Elohîms faits de mains d’hommes
comme cela fut aux jours d’antan.
19.     À cause de cela nos pères furent donnés à l’épée et au pillage,
ils tombèrent d’une grande chute en face de nos ennemis.
20.     Mais nous, nous ne connaissons pas d’autre Elohîms que lui seul.
Ainsi, nous espérons qu’il ne détournera pas
ses yeux de nous et de notre race.
21.     Oui, si nous sommes faits captifs,
toute la terre de Iehouda sera capturée, nos sanctuaires seront pillés,
et leur profanation sera reprochée à notre sang.
22.     Le meurtre de nos frères se retournera contre nos têtes,
la captivité de la terre, la désertion de notre héritage,
dans les nations, là où nous serons asservis.
Nous serions en fable, en dérision en face de nos acquéreurs.
23.     Car notre asservissement ne constituera pas une grâce.
Notre Elohîms le mettra seulement en outrage.
24.     Maintenant, frères, soyons donc en exemple pour nos frères,
car leur être dépend de nous.
Les sanctuaires, la maison, l’autel s’appuient sur nous.
25.     À cause de cela célébrons IHVH-Adonaï notre Elohîms
qui nous éprouve comme il éprouva nos pères.
26.     Rappelez-vous ce qu’il a fait avec Abrahâm,
comment il a éprouvé Is’hac
et ce qui est arrivé à Ia‘acob en Padân-Arâm
quand il faisait paître les ovins de Labân, le frère de sa mère.
27.     Non, ce n’est pas de même:
il brûlait nos pères au feu pour examiner leur coeur !
Il n’a pas agi ainsi avec nous et ne nous a pas condamnés ainsi.
Pour la discipline seulement, IHVH-Adonaï frappe ses proches. »

La réponse d’‘Ouzyah

28.     ‘Ouzyah lui dit: « Tout ce que tu as dit, tu l’as dit de bon coeur.
Pas un homme ne s’élèvera contre tes paroles.
29.     Non, ce n’est pas aujourd’hui que ta sagesse s’est découverte,
mais dès tes premiers jours tout le peuple connaissait ton discernement.
Oui, le penchant de ton coeur est bon.
30.     Mais le peuple est fort assoiffé,
ils nous forceront à faire comme nous leur avons dit
et de faire venir sur nous le serment que nous ne transgresserons pas.
31.     Maintenant prie pour nous, oui, tu es une femme fervente, toi.
IHVH-Adonaï enverra de la pluie pour remplir nos citernes
et nous n’en manquerons plus. »

Moi, je sortirai

32.     Iehoudit leur dit: « Entendez-moi ! Je réaliserai une action
qui parviendra dans les âges des âges, aux fils de notre peuple.
33.     Vous vous tiendrez cette nuit à la porte.
Moi, je sortirai avec ma servante.
Pendant les jours après lesquels vous avez dit
de livrer la ville à nos ennemis, IHVH-Adonaï visitera Israël par ma main.
34.     Vous, ne scrutez pas mes actes, car je ne vous dirai rien
avant que l’action que je réaliserai ne soit accomplie. »
35.     ‘Ouzyah et les chefs lui disent:
« Va en paix ! IHVH-Adonaï Elohîms ira en face de toi
pour se venger de nos ennemis. »
36.     Ils s’en retournent de la tente et vont à leurs postes.

Chapitre 9.

La prière de Iehoudit

1.     Iehoudit tombe sur ses faces.
Elle met de la poussière sur sa tête
et découvre le sac qu’elle avait revêtu.
À cette heure, à Ieroushalaîm, dans la maison d’Elohîms,
ils présentaient l’encens du soir.
Iehoudit clame à grande voix vers IHVH-Adonaï pour dire:
2.     IHVH-Adonaï, Elohîms de mon père Shim‘ôn
dans la main de qui tu donnas une épée
pour se venger des barbares qui ouvrirent la matrice d’une vierge
pour la souiller et découvrirent sa cuisse pour le blêmissement.
Ils profanèrent la matrice en outrage
pour cela dont tu avais dit:
« Qu’il n’en soit pas ainsi » ­ Mais c’est ce qu’ils firent.
3.     À cause de cela tu donnas leurs chefs à la tuerie,
et leur couche, blêmissante de leur duperie, fut dupée jusqu’au sang.
Tu frappas les serviteurs sur les chefs et les chefs sur leurs sièges.
4.     Tu donnas leurs femmes en pillage, leurs filles à la captivité,
et tout leur butin en part pour tes fils aimés de toi
qui furent zélés en ton zèle et abominèrent la souillure de leur sang
et qui t’appelèrent à l’aide.
Elohîms, mon Elohîms, entends-moi aussi, la veuve !
5.     Oui, tu fis ce qui fut avant eux,
ce qui fut après eux, ce qui est maintenant et ce qui est à venir.
Tu l’as prémédité et comme tu l’as prémédité, ainsi en sera-t-il.
6.     Tes desseins se présentèrent et ils dirent:
« Nous voici », car toutes tes voies sont préparées,
tes jugements sont prévoyants.
7.     Oui, voici, les Ashourîm se sont multipliés avec leur armée,
ils s’enorgueillissent du cheval et du char,
ils se flattent du jarret des fantassins,
ils se fient au javelot et au bouclier, à l’arc et à la fronde,
mais ils ne savent pas que c’est toi qui fais cesser les guerres:
8.     IHVH-Adonaï est ton nom ! En ta force, brise leur héroïsme;
par ta brûlure, fais tomber leur énergie !
Oui, ils préméditent de profaner ton sanctuaire,
de souiller la tente où demeure ton nom de gloire,
et de renverser par le fer la corne de ton autel.
9.     Regarde leur orgueil, envoie ta brûlure contre leur tête,
donne à ma main de veuve la force, oui, moi, je l’attends.
10.     Frappe donc, par la ruse de mes lèvres,
le serviteur sur le maître et le maître sur son serviteur:
brise leur orgueil par la main d’une femme,
11.     car ta force n’est pas dans la multitude,
ni avec le héros ton gouvernement !
Oui, toi, tu es l’Elohîms des humiliés,
l’aide des indigents, le secours des faibles,
le bouclier des désemparés, le sauveur des désespérés.
12.     Ô donc, ô donc Elohîms de mon père,
Elohîms de l’héritage d’Israël, Adôn des ciels et de la terre,
créateur des eaux, roi de toutes tes créatures, toi, entends ma prière.
13.     Donne mes paroles et ma tromperie en blessure, en calamité
contre ceux qui fomentent les malheurs contre ton pacte,
contre la maison de ton sanctuaire,
contre le mont Siôn et contre la maison que détiennent tes fils.
14.     Mets la pénétration en tout peuple, et en tout clan, afin qu’ils pénètrent,
oui, toi, Elohîms de toute énergie et Elohîms de toute force.
Il n’est aucun autre sauf toi, bouclier de la race d’Israël.

Chapitre 10.

Iehoudit se pare

1.     Quand elle achève d’invoquer l’Elohîms d’Israël
et finit toutes ces paroles,
2.     elle se lève de sa prosternation, appelle sa servante,
descend dans la maison
où elle passait les jours de ses shabats et de ses fêtes.
3.     Elle ôte le sac dont elle s’était vêtue, elle enlève ses vêtements de veuvage,
elle lave son corps avec de l’eau, elle s’enduit de myrrhe onctueuse,
elle ondule les cheveux de sa tête et se met un bandeau,
elle s’habille de vêtements joyeux
dont elle se parait aux jours où vivait son mari Menashè.
4.     Elle prend des sandales à ses pieds,
met sur elle des colliers, bracelets, bagues, boucles d’oreilles,
tous ses bijoux, elle s’embellit fort,
à bouleverser les yeux de tous les hommes qui la verraient.
5.     Elle donne à sa servante une outre de vin, une fiole d’huile,
une besace pleine de farine, de figues, de pains purs,
elle bouche tous ses récipients et les met sur elle.

Elle sort

6.     Elles sortent à la porte de la ville, à Betoulia, elles trouvent ‘Ouzyah
et tous les anciens de la ville, Habri et Karmi qui se tiennent là.
7.     Quand ils la voient, la face et les vêtements changés,
ils s’étonnent de sa très grande beauté et lui disent:
8.     « L’Elohîms de nos pères te donnera une grâce:
il accomplira tes entreprises pour l’honneur des Benéi Israël
et l’élévation de Ieroushalaîm. »
9.     Elle se prosterne devant Elohîms et leur dit:
« Donnez l’ordre que la porte de la ville s’ouvre pour moi:
je sortirai exécuter l’action dont vous m’avez parlé. »
Ils ordonnent aux adolescents de la lui ouvrir comme elle avait dit.
10.     Ils font ainsi. Sort Iehoudit, elle et sa servante avec elle.
Les hommes de la ville la regardent,
jusqu’à ce qu’elle soit descendue de la montagne
et ait dépassé le ravin. Puis ils ne la voient plus.
11.     Elles vont droit dans le ravin. Une garde d’Ashour la rencontre.

Captive

12.     Ils s’en emparent et l’interrogent:
« Qui es-tu, d’où viens-tu et où vas-tu ? »
Elle dit: « Moi, une fille des Hébreux, et je fuis devant eux.
Oui, ils ne seront pas longs à vous êtres livrés en proie !
13.     Moi, je viens en face d’Holophernès, le chef de votre armée,
pour lui rapporter des paroles de vérité
et lui indiquer une route: s’il y va, il dominera toute la montagne
sans qu’il manque de ses hommes un seul corps ou un seul être vivant. »
14.     Quand les hommes entendent ses paroles et regardent sa face,
ils s’émerveillent de sa beauté et lui disent:
15.     « Tu as sauvé ton être en te hâtant de descendre vers notre maître.
Maintenant, va vers sa tente. Des nôtres t’accompagneront
jusqu’à te remettre entre ses mains.
16.     Quand tu te tiendras en face de lui, ne frémis pas en ton coeur.
Rapporte-lui seulement tes paroles et il sera bon avec toi. »

17.     Ils choisissent au milieu d’eux cent hommes,
ils l’accompagnent avec sa servante
et les font venir vers la tente d’Holophernès.
18.     C’est un rassemblement dans tout le camp quand la parole de sa venue
est entendue dans les tentes. Ils viennent et l’entourent:
elle est debout hors de la tente d’Holophernès
jusqu’à ce qu’ils l’annoncent.
19.     Ils s’émerveillent de sa beauté et, à cause d’elle,
s’étonnent des Benéi Israël.
Chacun dit à son compagnon:
« Qui mépriserait ce peuple qui a parmi lui de telles femmes ?
Aussi il ne serait pas bien qu’il survive un seul homme parmi eux.
Oui, s’ils étaient renvoyés en liberté, ils pourraient séduire toute la terre. »
20.     Ceux qui étaient allongés avec Holophernès et tous ses aides de camp
sortent et la font venir dans la tente.
21.     Holophernès était à se reposer sur son lit, sous une moustiquaire
tissée de pourpre, d’or, d’émeraude et de pierres précieuses.
22.     Ils l’annoncent: il sort sous l’auvent de la tente
avec des torches d’argent portées devant lui.
23.     Quand Iehoudit vient en face de lui et en face de ses aides de camp,
tous s’émerveillent de la beauté de son visage;
elle, elle tombe sur ses faces et se prosterne devant lui.
Ses serviteurs la relèvent.

Chapitre 11.

Iehoudit et Holophernès

1.     Holophernès lui dit: « Sois forte, femme ! ne frémis pas en ton coeur.
Non je n’ai jamais fait de mal à personne
qui fut prêt à servir Neboukhadrèsar, le roi de toute la terre.
2.     Maintenant, si ton peuple qui habite la montagne ne m’avait pas méprisé,
je n’aurais pas brandi contre eux mon javelot.
Mais eux-mêmes ont provoqué cela contre eux.
3.     Maintenant, dis-moi, pourquoi les as-tu fuis et es-tu venue vers nous ?
Oui, tu es venue vers le salut !
Sois forte, cette nuit tu vivras et pour le reste aussi.
4.     Non, pas un homme ne te fera de mal mais seulement du bien,
comme il convient aux serviteurs de mon maître le roi Neboukhadrèsar. »
5.     Iehoudit lui dit: « Reçois les paroles de ton esclave,
ta servante parlera en face de toi,
je ne mentirai pas à mon Adôn cette nuit.
6.     Si tu suis les paroles de ta servante,
Elohîms excellera à faire avec toi la parole
et mon Adôn n’échouera pas dans ses entreprises.
7.     Oui, vive Neboukhadrèsar, roi de toute la terre,
et vive son gouvernement, lui qui t’a envoyé pour rectifier tout être,
car non seulement les hommes doivent le servir par toi,
mais même les animaux des champs, les bêtes
et les oiseaux des ciels: ils vivront par l’effet de ta puissance
aux jours de Neboukhadrèsar et de toute sa maison.
8.     Oui, nous avons entendu ta sagesse et les desseins de ton être.
Oui, il est rapporté à toute la terre
que tu es seul bon dans tout le royaume,
puissant en discernement, merveilleux dans la stratégie de la guerre.
9.     Maintenant nous avons entendu la parole
dont parlait Ahior dans ton conseil.
Oui, les hommes de Betoulia l’ont laissé en vie,
et il leur a rapporté tout ce dont il t’avait parlé.
10.     Aussi, mon Adôn le gouverneur, ne passe pas outre à sa parole,
mets-la au contraire dans ton coeur, oui, elle est la vérité.
Car notre race n’est pas châtiée et l’épée ne triomphe pas d’elle
si elle ne faute pas contre son Elohîms.
11.     Maintenant, pour que mon Adôn ne fasse pas avorter ses projets
et que ses actes ne soient pas vains,
la mort va tomber sur leurs faces car ils ont été pris dans une faute
qui va éveiller contre eux l’irritation de leur Elohîms,
comme en tout temps où ils commettent des folies.
12.     Oui, la nourriture est épuisée pour eux
et toute l’eau est tarie,
aussi ils se sont résolus à porter la main contre leurs bêtes.
Ils se sont décidés à manger tout ce qu’Elohîms, dans sa tora,
leur avait ordonné de ne pas manger.
13.     Les prémices de céréales, les dîmes du vin et de l’huile
consacrées et gardées pour les desservants
debout à Ieroushalaîm en face de notre Elohîms,
ce que personne, parmi le peuple, ne doit toucher, même de ses mains,
ils ont décidé, dans leur pensée, de les manger.
14.     Ils ont envoyé des messagers à Ieroushalaîm,
car ceux qui habitent là ont fait ainsi eux-mêmes,
pour leur apporter une permission du conseil des anciens.
15.     Quand ils la recevront, ils agiront
et ils te seront livrés, ce même jour, pour être exterminés.
16.     Aussi, moi, ton esclave, qui comprends ces paroles, j’ai fui en face d’eux.
Elohîms m’a envoyée pour faire avec toi des actions
dont toute la terre s’extasiera quand elle les entendra.
17.     Oui, ta servante est une frémissante d’Elohîms,
elle sert l’Elohîms des ciels, jour et nuit.
Maintenant, je resterai avec toi, mon maître.
Dans la nuit, ta servante sortira vers le torrent:
je prierai Elohîms et il me dira quand ils auront commis leur faute.
18.     Je reviendrai et te le découvrirai. Tu sortiras alors avec toute ton armée
et pas un seul homme d’entre eux ne se dressera en face de toi.
19.     Je te mènerai au milieu de la terre de Iehouda
jusqu’à ta venue contre Ieroushalaîm.
Je mettrai ton char de guerre en son centre
et tu les conduiras comme des ovins sans berger.
Pas un chien n’aiguisera sa langue contre toi.
Oui, tout cela m’a été dit dans mon inspiration,
cela m’a été rapporté et je suis envoyée pour t’en informer. »
20.     Ses paroles plaisent aux yeux d’Holophernès
et à tous ses aides de camp.
Ils s’émerveillent de sa sagesse et disent:
21.     « Nulle n’est comme cette femme d’un bout à l’autre de la terre
pour la beauté de ses faces et la sagesse de ses paroles. »
22.     Holophernès lui dit: « Elohîms a bien fait de t’envoyer.
Oui, il t’a envoyée devant le peuple
pour que dans nos mains soient la force
et la perdition pour ceux qui méprisent mon Adôn.
23.     Maintenant, tu es jolie en ta prestance et excellente en tes paroles.
Si tu fais comme tu l’as dit, ton Elohîms sera mon Elohîms
et toi, tu habiteras dans la maison du roi Neboukhadrèsar;
ton nom sortira par toute la terre. »

Chapitre 12.

L’immersion purificatrice

1.     Il ordonne de la faire venir
au lieu où est déposée sa vaisselle d’argent
et de lui préparer ses mets et les vins de ses festins.
2.     Iehoudit dit: « Je ne mangerai pas de cela,
de peur que ce ne soit pour moi un obstacle.
Qu’il me soit seulement fourni de ce que j’ai fait venir avec moi. »
3.     Holophernès dit: « Quand ce que tu as avec toi sera épuisé,
d’où te ferons-nous venir un semblable pour te le donner ?
Non, il n’est avec nous personne de ta race. »
4.     Iehoudit lui dit: « Vive ton être, mon Adôn,
car ta servante n’aura pas achevé ce qui est avec moi
avant que IHVH-Adonaï fasse par ma main ce qu’il a décidé. »
5.     Les aides de camp d’Holophernès la font venir à la tente.
Elle dort jusqu’au milieu de la nuit
puis elle se lève à la vigile du matin.
6.     Elle envoie dire à Holophernès:
« Que mon Adôn ordonne de laisser ta servante pour la prière ! »
7.     Holophernès ordonne à ses gardes du corps de ne pas l’en empêcher.
Elle reste dans le camp trois jours.
Chaque nuit elle va au torrent de Betoulia
et, au camp, elle s’immerge dans la source.
8.     En remontant, elle prie IHVH-Adonaï l’Elohîms d’Israël
de rectifier sa route pour le relèvement des fils de son peuple.
9.     Elle revient, pure, et demeure dans la tente
jusqu’à ce qu’elle fasse venir son pain, le soir.
10.     Le quatrième jour Holophernès fait un festin pour ses serviteurs seuls.
Il n’avait invité à la réception aucun de ceux qui étaient de service.
11.     Il dit à Bagoï, l’eunuque préposé sur tout ce qui était à lui:
« Va vers la femme ‘ibrit qui est avec toi. Parle à son coeur
pour qu’elle vienne avec nous boire et manger.
12.     Oui, voici, ce serait une honte pour nous
que de laisser une femme pareille sans nous être entretenus avec elle,
car, si nous ne la faisions pas venir à nous,
ne se raillerait-elle pas de nous ? »
13.     Bagoï sort en face d’Holophernès, il vient vers elle et lui dit:
« Que cette jeune belle n’hésite pas
à venir devant mon maître pour être honorée en face de lui,
boire du vin avec nous, dans l’allégresse,
pour être aujourd’hui comme une des filles d’Ashour
qui se tiennent dans la maison de Neboukhadrèsar. »
14.     Iehoudit lui dit: « Qui suis-je pour contredire
ce que dit la bouche de mon Adôn ?
Oui, tout ce qui est bien à ses yeux, je me hâterai de le faire.
Ce sera une joie pour moi jusqu’au jour de ma mort. »

Holophernès boit

15.     Elle se lève, se pare de sa tunique et de toutes ses parures de femme.
Sa servante aussi va et étend pour elle, à terre,
en face d’Holophernès les peaux qu’elles avaient prises de Bagoï
pour son usage, chaque jour, afin de s’y allonger pour manger.
16.     Iehoudit vient et se couche. Le coeur d’Holophernès s’extasie devant elle,
son être s’affole. Il désire fort s’unir à elle.
Il guettait le temps où il la séduirait, dès le jour où il l’avait vue.
17.     Holophernès lui dit: « Bois donc et sois dans la joie avec nous. »
18.     Iehoudit dit: « Je boirai, mon Adôn !
Oui, aujourd’hui ma vie grandit en moi
davantage que pendant tous les jours écoulés depuis ma naissance. »
19.     Elle prend, mange, boit en face de lui de ce que sa servante avait préparé.
20.     Holophernès se réjouit d’elle:
il boit du vin en grande quantité, davantage en un seul jour
qu’il n’en avait bu depuis le jour de sa naissance.

Chapitre 13.

Seule avec Holophernès

1.     Quand il se fait tard, ses serviteurs se hâtent de s’en aller.
Bagoï ferme la tente de l’extérieur.
Il éloigne ceux qui se tenaient devant son maître.
Ils vont se coucher:
oui, ils étaient tous fatigués car la beuverie avait été excessive.
2.     Iehoudit reste seule dans la tente.
Holophernès était tombé sur son lit, oui, inondé de vin.
3.     Iehoudit avait dit à sa servante de se tenir hors de sa chambre
pour attendre sa sortie comme chaque jour.
Oui, elle disait sortir pour sa prière,
et même à Bagoï elle avait dit des paroles semblables.

Iehoudit décapite Holophernès

4.     Ils sortent tous devant elle.
Il ne reste personne dans la chambre, petit ou grand.
Iehoudit se tient près de son lit et dit en son coeur:
« IHVH-Adonaï, Elohîms de toute-puissance, regarde à cette heure
l’acte de mes mains pour la grandeur de Ieroushalaîm.
5.     Oui, c’est maintenant le temps de ressaisir ta possession
et d’accomplir mon dessein
pour briser les ennemis qui se sont levés contre nous. »
6.     Elle avance vers la traverse du lit, au chevet d’Holophernès,
et prend son cimeterre.
7.     Elle s’approche du lit, saisit sa tête par sa chevelure et dit:
« Fortifie-moi aujourd’hui, IHVH-Adonaï Elohîms d’Israël ! »
8.     Elle frappe de toute sa force à deux reprises son cou et lui coupe la tête.
9.     Elle roule son corps sur la couche,
écarte la moustiquaire des colonnes et sort aussitôt après.
Elle donne à sa servante la tête d’Holophernès,
10.     la jette au fond de sa besace de nourriture.
Elles sortent toutes les deux, ensemble, comme d’habitude.
Elles dépassent le camp, contournent le torrent,
montent à la montagne de Betoulia et viennent devant ses portes.

Le retour dans la ville

11.     Iehoudit dit de loin aux gardiens des portes:
« Ouvrez, ouvrez donc la porte !
Oui, Elohîms notre Elohîms est avec nous
pour manifester encore sa puissance en Israël
et son héroïsme contre ses ennemis, comme il l’a fait aujourd’hui ! »
12.     Quand les hommes de sa ville entendent sa voix,
ils se hâtent de descendre à la porte de leur ville:
ils appellent les anciens de la ville.
13.     Tous accourent, du plus petit au plus grand,
car sa venue était un paradoxe pour eux.
Ils ouvrent la porte, les recueillent,
allument un feu pour éclairer et ils les entourent.

14.     Elle leur dit à grande voix: « Hallelou-Yah,
louangez Elohîms, louangez Elohîms qui n’a pas écarté de la maison d’Israël sa grâce,
qui a frappé nos ennemis, par ma main, cette nuit. »
15.     Et elle sort la tête de la besace.
Elle la leur montre et dit:
« Voici la tête d’Holophernès,
l’archistratège de l’armée d’Ashour.
Voici la moustiquaire
à l’intérieur de laquelle il était couché dans son ivresse.
IHVH-Adonaï l’a frappé par la main d’une femme !
16.     Vive IHVH-Adonaï qui m’a gardée sur la route où j’allais.
Oui, mon visage l’a séduit pour sa perte:
il n’a pas commis contre moi de faute, de miasme ou d’outrage ! »
17.     Tout le peuple s’extasie fort.
Ils s’inclinent et se prosternent devant Elohîms
et disent d’une seule bouche: « Tu es béni, notre Elohîms,
toi qui as repoussé aujourd’hui, les ennemis de ton peuple. »
18.     ‘Ouzyah lui dit: « Tu es bénie, toi, ma fille, par Él ‘Éliôn,
entre toutes les femmes de la terre,
il est béni, IHVH-Adonaï Elohîms, qui a créé les ciels et la terre,
qui t’a érigée pour frapper à la tête le stratège de nos ennemis.
19.     Non, ton espoir ne quittera pas le coeur des hommes
qui se souviennent de l’héroïsme d’Elohîms, en pérennité.
20.     Elohîms te fera cela au génie de pérennité pour te visiter en bien
parce que tu n’as pas ménagé ta personne
devant la misère de notre peuple.
Oui, tu as vengé notre chute en allant sur la voie droite
en face de notre Elohîms. »
Tout le peuple dit: « Amén, amén ! »

Chapitre 14.

Quand monte l’aube

1.     Iehoudit leur dit: « Entendez-moi, frères,
prenez cette tête et pendez-la au créneau de votre rempart.
2.     Quand l’aube montera et que le soleil sortira sur la terre,
chaque homme ceindra ses armes de guerre
et vous sortirez de la ville, tous les hommes, les héros de valeur.
Vous leur donnerez un chef comme si vous descendiez la vallée
en direction de la plaine des Benéi Ashour, mais n’y descendez pas.
3.     Eux-mêmes prendront leurs panoplies, ils iront dans leur camp
et réveilleront les chefs de l’armée d’Ashour.
Ils accourront dans la tente d’Holophernès, mais ils ne le trouveront pas.
L’effroi tombera sur eux et ils s’enfuiront en face de vous.
4.     Vous les poursuivrez,
vous et tous les habitants de toutes les frontières d’Israël,
et vous les mettrez en déroute.

Tu es bénie

5.     Mais avant de faire cela appelez-moi
Ahior, l’‘Amoni, afin qu’il voie et reconnaisse
celui qui méprisait la maison d’Israël,
celui qui l’avait envoyé vers nous comme vers la mort. »
6.     Ils appellent Ahior de la maison d’‘Ouzyah.
Quand il vient et voit la tête d’Holophernès
dans la main d’un homme, au milieu de l’assemblée du peuple,
il tombe sur ses faces et son souffle sort.
7.     Après qu’ils l’ont relevé, il tombe aux pieds de Iehoudit,
se prosterne en face d’elle et dit:
« Tu es bénie, toi, dans toutes les tentes de Iehouda
et par tout le peuple; qui entendra ton nom en frissonnera !
8.     Maintenant, rapporte-moi ce que tu as fait pendant ces jours. »
Iehoudit, au milieu du peuple, lui rapporte
tout ce qu’elle avait fait depuis le jour où elle était sortie
jusqu’à celui où elle leur parlait.
9.     Quand elle a fini de parler, le peuple fait une ovation à grande voix,
ils donnent à leur ville la voix de la joie.
10.     Quand Ahior voit tout ce que l’Elohîms d’Israël a fait,
il adhère fort à l’Elohîms, il circoncit la chair de son prépuce
et s’adjoint à la maison d’Israël jusqu’à ce jour.
11.     À la montée de l’aube, ils pendent la tête d’Holophernès
en haut du rempart. Tous les hommes avaient pris leurs armes:
ils sortent par groupes vers les cols de la montagne.

La panique d’Ashour

12.     Quand les Benéi Ashour les voient, ils alertent leurs officiers;
ils vont vers les stratèges de l’armée,
vers les chefs des milliers et vers tous leurs chefs.
13.     Ils arrivent devant la tente d’Holophernès
et disent à celui qui est préposé sur toutes ses affaires:
« Réveille donc notre maître.
Oui, les esclaves ont osé descendre contre nous en guerre
pour être exterminés à jamais. »
14.     Bagoï vient et frappe à la tenture de la tente:
oui, il pensait qu’il dormait encore avec Iehoudit.
15.     Comme personne ne lui répond, il ouvre,
entre dans la chambre et le trouve jeté, mort sur le seuil, la tête coupée.
16.     Il crie à grande voix, avec des pleurs, des soupirs,
et en une forte clameur il déchire ses habits.
17.     Il vient à la tente où Iehoudit nuitait, mais il ne la trouve pas.
18.     Il bondit vers le peuple et crie:
« Les esclaves se sont révoltés !
Une femme ‘ibrit a outragé la maison du roi Neboukhadrèsar:
oui, voici Holophernès à terre et sans sa tête sur lui. »
19.     Quand les chefs de l’armée d’Ashour entendent ces paroles,
ils déchirent leurs tuniques, leurs êtres s’affolent fort:
leur clameur et leurs cris sont très forts au sein du camp.

Chapitre 15.

Ils fuient

1.     Quand les hommes, dans les tentes, entendent,
ils sont stupéfaits par ce qui s’était passé.
2.     L’effroi, le tremblement tombent sur eux.
Pas un homme ne tient plus en face de son compagnon;
oui, ils se dispersent et fuient comme un seul homme
sur toutes les routes de la vallée et de la montagne.
3.     Ceux qui campaient dans la montagne autour de Betoulia
se lèvent et détalent. Les Benéi Israël,
tous les hommes de guerre parmi eux, s’abattent contre eux.
4.     ‘Ouzyah envoie rapporter à Baïtomestaîm, Bébaï,
Hoba, Kola et toutes les frontières d’Israël
ce qu’il avait fait pour qu’ils s’abattent tous
contre les ennemis afin de les achever.

5.     Quand les Benéi Israël entendent, ils s’abattent sur eux,
tous comme un seul homme,
et ils les frappent jusqu’à Hoba.
Ils viennent même de Ieroushalaîm et de toute la montagne,
car ce qui était arrivé au camp de leurs ennemis leur avait été rapporté.
Ceux de Guil‘ad et de la terre du Galil les frappent,
un grand coup jusqu’à leur arrivée à Damèssèq et dans leurs frontières.
6.     Le reste des habitants de Betoulia tombe sur le camp d’Ashour:
ils le pillent et s’enrichissent fort.
7.     Les Benéi Israël, faisant face loin de la tuerie,
se rendent maîtres des survivants. Les habitants des villages
et des bivouacs de la montagne et de la plaine
prennent un butin abondant, oui il était fort grand.

Célébration du triomphe

8.     Yehoyaqîm, le grand desservant, et le conseil des anciens
des Benéi Israël qui siègent à Ieroushalaîm
viennent voir les bienfaits que IHVH-Adonaï avait faits pour Israël,
voir Iehoudit et lui parler de paix.
9.     Quand ils viennent à elle,
ils la bénissent, tous d’un seul souffle, et lui disent:
« Toi, le génie de Ieroushalaîm, toi, le suprême orgueil d’Israël,
toi, la grande splendeur de notre race,
10.     tu as accompli tout cela de ta main,
tu as fait du bien à Israël et Elohîms en est louangé !
Bénie sois-tu par IHVH-Adonaï Sebaot en pérennité, à jamais. »
Et tout le peuple dit: « Amén. »
11.     Tout le peuple pille le camp trente jours.
Ils donnent à Iehoudit la tente d’Holophernès,
tous ses objets d’argent, ses lits, ses aiguières, et tous ses objets.
Elle les prend, les met sur sa mule, attelle ses chariots et les y entasse.
12.     Toutes les femmes d’Israël veulent la voir et la bénir.
Certaines font pour elle un choeur.
Elle prend des branches et les donne aux femmes qui sont avec elle.
13.     Elles se couronnent d’olivier, elle et celles qui sont avec elle,
et elle sort devant tout le peuple avec le choeur
en tête de toutes les femmes.
Tous les hommes d’Israël vont derrière elle, armés,
avec des couronnes sur leurs têtes et des hymnes à la bouche.
14.     Iehoudit ouvre cette célébration avec tout Israël
et tout le peuple répond par cette louange.

Chapitre 16.

L’hymne de Iehoudit

1.     Iehoudit dit: « Répondez à Elohîms avec des tambours,
chantez à IHVH-Adonaï avec des cymbales,
poétisez pour lui une louange nouvelle, exaltez-le, criez son nom.
2.     Oui, IHVH-Adonaï Elohîms, le briseur de guerres,
oui, dans son camp, au milieu de son peuple,
il m’a secouru de la main de mes poursuivants.
3.     Vint Ashour des montagnes du septentrion,
il vint avec les myriades de son armée:
ils bouchèrent les torrents par la multitude de leurs armées,
leurs chevaux recouvraient les collines.
4.     Il parlait de brûler ma frontière, de trancher à l’épée mes élites,
de faire tomber mes nourrissons,
de donner en butin mes bambins et de piller mes vierges.
5.     IHVH-Adonaï Sebaot les a repoussés, il les a donnés dans la main d’une femme.
6.     Non, leur héros n’est pas tombé par la main des adolescents,
ce ne sont pas les fils des géants qui l’ont frappé,
d’immenses géants ne les ont pas abattus:
oui, Iehoudit, fille de Merari, dans la beauté de son visage les a vaincus.
7.     Oui, elle ôta son habit de veuvage pour réconforter les affligés d’Israël.
Elle enduisit son visage de myrrhe,
8.     attacha ses cheveux avec un bandeau,
prit une tunique de lin pour le séduire.
9.     Sa sandale attira son oeil, sa beauté le captiva,
puis son cimeterre passa sur son cou !
10.     Paras frémit de son audace, Madaï tremble de son courage.
11.     Alors mes affligés firent ovations, et mes affaiblis tremblèrent, s’affolèrent,
ils exaltèrent leur voix, et s’irritèrent !
12.     Des fils d’adolescentes les poignardèrent, les blessèrent;
comme des enfants de fuyards, ils furent perdus
aux stratégies de mon IHVH-Adonaï.
13.     Je poétise pour mon Elohîms un hymne nouveau.
IHVH-Adonaï, Toi, grand et louangé, prodigieux en force, invincible !
14.     Toi, toutes tes créatures te servent, oui, tu dis et ils sont créés,
tu envoies ton souffle et les bâtis. Nul ne tient contre ta voix.
15.     Oui, les montagnes, depuis leurs fondations dans les eaux, s’ébranleront,
les rochers comme cire fondront en face de toi:
tu réconfortes tes frémissants.
16.     Oui, petit est tout sacrifice pour être en odeur agréable,
et de peu, toute graisse en montée pour toi,
mais qui frémit de IHVH-Adonaï est grand en pérennité.
17.     Oïe, nations dressées contre mon peuple,
IHVH-Adonaï Sebaot se vengera d’elles au jour du jugement
pour donner le feu et la vermine en toute chair:
ils pleureront dans leur mal jusqu’en pérennité. »

À Ieroushalaîm

18.     Quand ils viennent à Ieroushalaîm, ils se prosternent devant Elohîms.
Le peuple se purifie et ils font venir leurs montées,
leurs gratifications et leurs dons.
19.     Iehoudit met en interdit tout le butin d’Holophernès
que le peuple lui avait donné;
la moustiquaire qu’elle avait prise de sa couche,
elle la donne en interdit, pour Elohîms.
20.     Le peuple se réjouit à Ieroushalaîm
en face du sanctuaire trois lunaisons où Iehoudit reste avec eux.

Mort d’une héroïne

21.     Après ces jours, chacun retourne à sa possession.
Iehoudit va à Betoulia, elle demeure dans son héritage;
elle est louangée, en son temps, par toute la terre.
22.     Plusieurs la désirent mais pas un homme ne la pénètre
pendant tous les jours de sa vie,
depuis le jour où Menashè son mari meurt et est ajouté à ses peuples.
23.     Elle va, va et grandit fort.
Elle vieillit dans la maison de son mari cent cinq ans.
Elle affranchit sa servante en la libérant et elle meurt à Betoulia.
Ils l’ensevelissent dans le caveau de son mari Menashè.
24.     Toute la maison d’Israël s’endeuille pour elle sept jours.
Avant sa mort elle partage ce qui était à elle
entre tous les proches de Menashè son mari et les proches de son clan.
25.     Personne ne trouble plus Israël pendant tous les jours de Iehoudit
et longtemps après sa mort.