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Sourate 11 et 12

SOURATE 11.

HÛD

Hûd, le nom de cet inspiré envoyé aux hommes de ‘Âd, est mentionné aux versets 50 et 53 de cette sourate, la cinquante-deuxième, selon la chronologie admise. Elle fut proclamée à La Mecque, sauf les versets 12, 15, 17 et 114, probablement médinois.

Ses cent vingt-trois versets composent trois homélies attribuées à la troisième période mekkoise de la vie du Nabi. Les versets 1 à 26 reprennent les thèmes fondamentaux de la prédication de Muhammad. La partie centrale (26 à 101) évoque, en six récits, l’action de prophètes plus anciens. À la conclusion (102 à 123) se greffent différentes considérations (114 à 123).

Hûd, comme Jonas, avait pour mission de rappeler à la pénitence la légendaire tribu de ‘Âd, entre Oman et Hadramaout. Celle-ci resta sourde à son appel et continua à adorer ses idoles au lieu de servir Allah. Une violente tornade écrasa la cité coupable et ses habitants.


Sourate 11.

HÛD

Au nom d’Allah,
le Matriciant, le Matriciel...

1.     A. L. R. Alif. Lâm. Râ’.
Écrit dont les Signes inaltérables
ont été élucidés par le Sage, l’Informé.

2.     Ne servez qu’Allah.
Me voici, je suis pour Lui auprès de vous
comme alerteur, annonciateur.

3.     Demandez pardon à votre Rabb,
faites retour à Lui:
il vous donnera en ce monde,
jouissance excellente, et au terme,
la grâce de ses surabondances.
Si vous vous détournez,
je crains pour vous
le supplice d’un grand jour.

4.     À Allah vous reviendrez.
Il est puissant sur tout.

5.     Mais les voilà,
ils se replient sur leurs poitrines
pour se dérober à Lui !
Quand ils se masquent de leurs vêtements,
il sait ce qu’ils recèlent ou ce qu’ils divulguent:
Il connaît le secret des poitrines.

Fin du Djûz Onzième

Djûz Douzième

Hizb Vingt-trois

6.     Sur terre, les bêtes reçoivent
leur subsistance d’Allah:
il connaît leurs gîtes et leurs repaires.
Tout est dans l’Écrit manifeste.

7.     Il a créé les ciels et la terre en six jours,
son Trône sur les eaux, pour éprouver
qui parmi vous est le meilleur en oeuvres.
Si tu dis: « Vous ressusciterez après la mort »,
ceux qui effacent disent:
« Ce n’est que sorcellerie avérée ».

8.     Si nous différons un certain temps
le supplice d’une matrie,
ils disent: « Qui l’ajourne ? »
Le jour où il leur est infligé,
rien ne l’écarte:
ce dont ils se raillaient les cerne.

9.     Si nous faisons goûter nos grâces à l’humain,
puis l’en privons,
désespéré, il efface Allah.

10.     Si nous lui faisons goûter au ravissement
après qu’un malheur l’ait saisi,
il dit: « Le malheur a fui loin de moi ! »,
et le voilà heureux, comblé.

11.     Seuls ceux qui persévèrent et sont intègres
ont pour eux pardon et grand salaire.

12.     Peut-être délaisseras-tu une part
de ce qui t’est révélé ?
Ta poitrine se resserre quand ils disent:
« Pourquoi un trésor ne descend-il pas pour lui ! ? »
Ou: « Pourquoi ne vient-il pas avec un Messager ! ? »
Mais, toi, tu n’es qu’un alerteur.
Allah protège tout.

13.     Diront-ils: « Il a forgé cela. » ?
Dis: « Produisez dix Sourates semblables, ainsi forgées,
et invoquez qui le pourrait en dehors d’Allah,
si vous êtes sincères ! »

14.     S’ils ne vous répondent pas,
sachez-le, ce qui descend,
c’est la science d’Allah:
voici, pas d’Ilah sauf Lui.
Et vous, êtes-vous des pacifiés ?

15.     Ceux qui sont à vouloir
la vie de ce monde et sa beauté,
nous leur paierons leurs oeuvres,
là, ils ne seront pas lésés.

16.     Les voilà, ils n’auront,
dans l’Autre monde, que du feu,
où ce qu’ils auront fabriqué périra,
où ce qu’ils faisaient sera anéanti.

17.     Celui qui a vu l’évidence de son Rabb
proclame son témoignage:
l’Écrit de Mûssa.
Imâm, matriciel, l’avait déjà précédé.
Celui-là adhère à Lui.
Et qui l’efface parmi les factions,
a rendez-vous dans le Feu.
N’aies aucun doute en cela:
c’est la vérité de ton Rabb.
Cependant, la plupart des humains
n’y adhèrent pas.

18.     Qui fraude davantage que celui qui forge
le mensonge contre Allah ?
Ceux-là seront présentés à leur Rabb
et les témoins diront:
« Ils ont renié leur Rabb. »
Allah exècre les fraudeurs,

19.     ceux qui détournent, tortueux, du sentier d’Allah,
ils effacent l’Autre monde.

20.     Ceux-là ne sauraient rien empêcher sur terre,
il n’est pour eux aucun protecteur, sauf Allah.
Leur supplice sera redoublé:
ils étaient à ne pas entendre,
à ne pas voir.

21.     Ceux-là se perdent:
ce qu’ils forgent
les fourvoie hors d’eux-mêmes.

22.     Coupables, dans l’Autre monde,
ils sont perdants.

23.     Ceux qui adhèrent, agissent avec intégrité
et s’humilient devant leur Rabb,
les voilà, les Compagnons du Jardin,
là, en permanence.

Quart du Hizb Vingt-trois

24.     Par exemple, deux groupes,
l’un aveugle et sourd,
l’autre clairvoyant et entendant,
se valent-ils ?

25.     Ne l’invoquerez-vous pas ?
Nous avons envoyé Nûh à son peuple:
« Pour vous, je suis un alerteur distinct.

26.     Ne servez qu’Allah:
je crains pour vous
le supplice d’un jour terrible. »

27.     Dans le peuple, le Conseil de ceux qui effacent dit:
« Nous ne te voyons pas,
tu n’es qu’un être charnel semblable à nous.
Nous ne te voyons pas:
ne te suivent que les plus vils d’entre nous.
Nous ne voyons en vous aucune supériorité sur nous.
Nous pensons que vous êtes des menteurs. »

28.     Il dit: « Ô mon peuple,
Voyez-vous, si je suis dans l’évidence de mon Rabb,
et qu’il me donne une grâce venue de Lui,
vous serait-elle imposée,
si elle vous aveugle et que vous l’abhorriez ?

29.     Ô mon peuple,
je ne vous demande pas d’argent pour cela.
Mon salaire n’est que d’Allah.
Je ne repousse pas ceux qui adhèrent:
les voici, ils rencontrent leur Rabb.
Mais je vous vois, peuple ignare.

30.     Ô mon peuple,
qui me secourrait contre Allah si je le repoussais ?
Ne l’invoquerez-vous donc pas ? »

31.     Je ne vous dis pas:
« Je détiens les trésors d’Allah ! »
Ni: « Je connais le mystère. »
Je ne dis pas: « Je suis un Messager ! »
Je ne dis pas, à ceux que méprisent vos yeux:
« Allah ne leur donnera pas de trésors ! »
Allah sait ce qui est de leurs êtres.
Je serais alors parmi les fraudeurs.

32.     Ils disent: « Ô Nûh !
Tu te disputes déjà avec nous,
tu multiplies nos altercations !
Donne ce dont tu nous menaces
si tu es parmi les justes ! »

33.     Il dit: « Voici, Allah vous le donnera, s’il le décide,
vous ne pourrez l’empêcher.

34.     Si je pouvais vous conseiller !
Mais mon conseil ne vous profitera pas,
quand Allah voudra vous fourvoyer.
Il est votre Rabb: vous reviendrez vers Lui. »

35.     Disent-ils: « Il l’a inventé ! »
Dis:
« Si je l’avais inventé, je serais coupable.
Mais je suis innocent de ce dont
vous êtes vous-mêmes coupables ! »

36.     Ceci a été révélé à Nûh:
« Ceux-là seuls qui adhéraient déjà à Allah
adhéreront à toi.
Ne t’attriste pas de ce qu’ils font.

37.     Suivant notre révélation,
fabrique une felouque, sous nos yeux.
Ne m’implore pas pour les fraudeurs:
ils seront noyés. »

38.     Il fabrique la felouque
Quand les grands de son peuple
passent devant lui, se raillant de lui,
il dit: « Raillez-nous,
nous vous raillerons comme vous nous raillez.

39.     Vous saurez bientôt à qui
le supplice sera donné pour salaire,
sur qui s’abattra le supplice permanent ! »

40.     Quand notre ordre est accompli
et que le four bouillonne, nous disons:
« Charge là tous les couples, par paires,
et tes tentes, et ceux qui adhèrent,
à l’exception de qui en a été exclu par un verbe. »
Or ceux qui adhéraient étaient rares.

Moitié du Hizb Vingt-trois

41.     Il dit: « Montez là !
Sa course et son amarrage se font au nom d’Allah,
voici mon Rabb, clément, matriciel. »

42.     Et la felouque de courir avec eux
sur des vagues hautes comme des montagnes.
Nûh appelle son fils qui était à l’écart:
« Ô, mon fils,
monte avec nous, ne sois pas
parmi les effaceurs d’Allah. »

43.     Son fils dit: « Je me réfugierai sur une montagne
qui me protégera des eaux. »
Il dit: « Nul ne te protégera aujourd’hui
contre l’ordre d’Allah, sinon le Matriciel. »
Les vagues surviennent contre eux,
et son fils est noyé.

44.     Il est dit: « Ô, terre,
résorbe ton eau ! Ô ciel, cesse donc ! »
Et l’eau se résorbe, et l’ordre est annulé.
La felouque atterrit sur le Djûdîy.
Il est dit: « Arrière, peuple de fraudeurs ! »

45.     Nûh interpelle son Rabb et dit:
« Mon Rabb, voici, mon fils est de ma tente.
Ton pacte est vérité et toi,
tu es le plus sage des sages ! »

46.     Il dit: « Ô Nûh,
le voici, il n’est pas de ta tente,
il a agi sans intégrité.
Ne me demande pas
ce dont tu n’as pas eu connaissance par moi.
Je t’exhorte à ne pas être parmi les ignares. »

47.     Il dit: « Mon Rabb, je me réfugie en toi.
Voici, je ne te demande pas
ce dont je n’ai pas eu connaissance par Toi.
Si tu ne me pardonnes ni ne me matricies,
je serais perdu. »

48.     Il est dit: « Ô Nûh,
descends de la felouque en paix.
Ma bénédiction est sur toi
et sur les matries de tes compagnons,
des matries que nous comblerons,
avant de les frapper d’un supplice terrible !

49.     C’est l’histoire d’un mystère,
nous te la révélons:
tu ne la connaissais pas avant,
toi, ni ton peuple.
Persévère ! Telle est la sanction des frémissants ! »

50.     Aux ‘Âd, leur frère Hûd dit: « Ô mon peuple,
servez Allah. Vous n’avez d’Allah que Lui seul:
ne soyez pas des imposteurs.

51.     Ô mon peuple,
je ne vous demande pas de salaire pour cela:
mon salaire vient de celui qui m’a créé
Ne le discernez-vous pas ?

52.     Ô mon peuple,
demandez le pardon de votre Rabb, retournez à Lui.
Il enverra la grâce des ciels sur vous
ajoutant de la force à votre force.
Ne vous détournez pas en coupables ! »

53.     Ils disent: « Ô Hûd,
tu ne nous apportes pas de preuve.
Nous ne répudierons pas nos Ilahs sur ton dire,
nous n’adhérons pas à toi:

54.     nous disons simplement qu’un de nos Ilahs
te tourmente d’un mal. »
Il dit: « Voici, je l’atteste par Allah:
attestez que je suis innocent
de ce que vous associez

55.     en dehors de Lui. Ensuite, liguez-vous tous contre moi,
ne soyez plus à me guetter !

56.     Voici, je m’abandonne à Allah, mon Rabb et votre Rabb.
Il n’est pas de bête dont il ne puisse saisir le poil.
Voici mon Rabb, sur le chemin ascendant.

57.     Si vous vous détourniez, je vous aurais déjà avertis
de ce pour quoi je vous suis envoyé.
Mon Rabb vous remplacera par un autre peuple:
vous ne Lui nuirez en rien.
Voici, mon Rabb est le gardien de tout. »

58.     Quand notre ordre se réalise,
nous ramenons Hûd
et ceux qui adhéraient à lui grâce à nous.
Nous les ramenons d’un supplice grandiose.

59.     Mais ces ‘Âdites nient les Signes de leur Rabb,
ils se révoltent contre ses Envoyés,
ils suivent l’ordre de tyrans opiniâtres.

60.     Ils sont poursuivis par une malédiction,
en ce monde et au jour du Relèvement.
Voici, les ‘Âdites effacent leur Rabb:
arrière, ‘Âdites, peuple de Hûd !

Trois quarts du Hizb Vingt-trois

61.     À Thamûd, leur frère Sâlih dit: « Ô mon peuple,
servez Allah, vous n’avez d’autre Ilah que Lui !
Il vous a tirés de la terre et vous a ressuscité là.
Demandez-lui pardon, et retournez à Lui.
Voici, mon Rabb, est proche, il exauce ! »

62.     Ils disent: « Ô Sâlih,
parmi nous, tu es notre espérance.
Nous empêcheras-tu de servir
ceux que servaient nos pères ?
Nous sommes dans un doute profond
pour ce à quoi tu nous invites. »

63.     Il dit: « Ô mon peuple,
vous voyez que je suis
dans l’évidence de mon Rabb ?
Il m’a fait cette grâce.
Qui me sauverait d’Allah
si je lui désobéissais ?
Vous aggraveriez ma peine,
plutôt que de l’alléger !

64.     Ô mon peuple,
La Chamelle d’Allah est un Signe pour vous.
Laissez-la se nourrir sur la terre d’Allah,
Ne lui faites pas de mal:
un supplice prochain vous saisirait ! »

65.     Ils coupent les jarrets de la Chamelle.
Il dit: « Dans vos demeures,
réjouissez-vous trois jours.
Voilà l’indéniable promesse. »

66.     Quand notre ordre se réalise,
nous délivrons Sâlih et ceux qui adhéraient à lui
d’une ruine imminente,
par grâce de nous.
Voici, ton Rabb, c’est Lui,
le Fort, l’Intransigeant.

67.     Ceux qui fraudaient sont pris dans le fracas:
au matin ils gisent dans leurs demeures.

68.     Ils sont là comme s’ils n’avaient
jamais été opulents.
Les Thamûd avaient effacé leur Rabb.
Arrière, les Thamûd !

69.     Ainsi nos Envoyés transmettent
l’annonce à Ibrâhim.
Ils disent: « Salâm ! Paix ! »
Il dit: « Salâm ! Paix ! »
Il ne tarde pas à leur offrir un veau rôti.

70.     Quand il voit qu’ils n’y touchent pas,
de leurs mains, par crainte,
il les ignore et se méfie d’eux.
Ils disent: « Ne crains pas !
Nous sommes envoyés au peuple de Lût. »

71.     La femme d’Ibrâhim, debout, rit
alors que nous lui annonçons Is’hâq et,
après Is’hâq, Ya‘qûb.

72.     Elle dit: « Aïe de moi !
Enfanterai-je, moi, une vieille,
avec mon vieillard de mari ? !
Voilà bien une merveille ! »

73.     Ils disent: « T’émerveilles-tu de l’ordre d’Allah ?
C’est pour vous une grâce d’Allah, sa baraka,
ô tentes de la Maison ! »
Le voici, Lui, désirable, magnanime !

74.     Quand l’effroi fuit Ibrâhim, survient l’Annonce.
Il intercède devant nous pour le peuple de Lût.

75.     Voici Ibrâhim, longanime, implorant, repentant !

76.     « Ô Ibrâhim,
écarte-toi de là,
l’ordre de ton Rabb est déjà venu:
ils sont voués au supplice extrême. »

77.     Quand nos Envoyés viennent à Lût,
il les presse et du bras les serre.
Il dit: « Voilà bien un jour d’affrontement. »

78.     Son peuple vient à Lui, ils se hâtent.
Auparavant ils agissaient mal.
Lût dit: « Ô mon peuple,
voilà mes filles, elles sont plus pures pour vous !
Frémissez d’Allah, n’affligez pas mes hôtes.
N’est-il point parmi vous d’homme droit ? »

79.     Ils disent: « Tu le sais bien,
nous n’avons aucun droit sur tes filles:
tu sais bien ce que nous voulons ! »

80.     Il dit: « Si j’étais de force contre vous,
ou si j’avais un abri sûr pour refuge !... »

81.     Ils disent: « Ô Lût,
nous sommes les Envoyés de ton Rabb.
Ils n’arriveront pas jusqu’à toi.
Pars avec ta tente, au bout de la nuit.
Personne parmi vous ne se retournera, sauf ta femme:
elle sera abattue par ce qui les frappera.
Le rendez-vous est à l’aube:
L’aube n’approche-t-elle pas ? »

82.     Quand notre ordre se réalise,
nous l’abattons,
faisant pleuvoir sur elle
des pierres empreintes en tas,

83.     marquées par ton Rabb.
C’était non loin des fraudeurs.

Hizb Vingt-quatre

84.     À Madyan, leur frère Shu‘aïb dit:
« Ô mon peuple,
servez Allah: pour vous, pas d’Ilah sauf Lui.
Ne faussez pas la mesure ni la pesée.
Je vous vois prospères,
mais je crains pour vous
le supplice contraignant du Jour. »

85.     Ô mon peuple,
mesurez et pesez avec impartialité,
ne lésez pas les humains dans leurs affaires,
ne polluez pas la terre de corruptions.

86.     D’Allah, le reste serait meilleur pour vous
si vous adhériez, le reste venant d’Allah
serait meilleur pour vous.
Quant à moi, je ne suis pas votre gardien.

87.     Ils disent: « Ô Shu‘aïb,
ta prière t’ordonne-t-elle que nous répudiions
ce que nos pères servaient
ou que nous ne disposions plus librement de nos biens ?
Voici, tu es le Longanime, l’Intègre ! »

88.     Il dit: « Ô mon peuple,
Voyez-vous, étant dans l’évidence de mon Rabb,
Il me pourvoit lui-même d’excellente provende.
Je ne veux pas vous contrarier
par ce que je vous interdis.
Je ne veux, autant que je le puis, qu’une Réforme.
Mon secours n’est que d’Allah.
Je m’abandonne à Lui et vers Lui je reviens.

89.     Ô mon peuple,
que ma contestation ne vous culpabilise pas,
et ne vous fasse pas subir le même sort
que le peuple de Nûh,
le peuple de Hûd ou le peuple de Sâlih.
Eh quoi, le peuple de Lût n’est pas loin de vous !

90.     Demandez le pardon de votre Rabb,
ensuite faites-lui retour.
Voici, mon Rabb, matriciel, chérissant. »

91.     Ils disent: « Ô Shu‘aïb,
nous ne saisissons pas tout ce que tu dis,
Voici, nous te voyons parmi nous, si frêle !
Sans ton clan, nous t’aurions lapidé.
Tu n’es pas plus fort que nous. »

92.     Il dit: « Ô mon peuple,
mon clan vous semble-t-il plus puissant qu’Allah,
pour que vous puissiez lui tourner le dos ?
Voici, mon Rabb cerne tout ce que vous faites. »

93.     « Ô mon peuple,
agissez selon votre condition.
Moi, j’agis. Vous saurez qui subira
le supplice avilissant et qui ment.
Guettez ! Me voici, je vous guette. »

94.     Quand notre ordre se réalise,
nous sauvons Shu‘aïb
et ceux qui adhéraient avec lui,
par grâce de nous.
Le fracas saisit ceux qui fraudaient.
Au matin, dans leurs demeures, ils gisent,

95.     comme si, là, ils n’avaient
jamais été opulents.
Arrière Madyan !
Arrière aussi Thamûd !

96.     Ainsi, nous avions envoyé Mûssa avec nos Signes,
et nanti d’un pouvoir avéré,

97.     vers Pharaon et son Conseil.
Ils suivent l’ordre de Pharaon,
mais l’ordre de Pharaon
était dépourvu de rectitude.

98.     Le jour du Relèvement, en tête de son peuple,
il les précipite dans le Feu,
maléfique précipice, où ils sont précipités.

99.     La malédiction les poursuit ici-bas
comme au jour du Relèvement, maléfique offrande !

100.     Voilà les souvenirs que nous te rapportons de cités,
les unes encore debout, les autre abattues.

101.     Nous ne les avons pas lésées:
elles se sont elles-mêmes lésées.
Leurs Ilahs, ceux qu’ils invoquaient,
sauf Allah,
ne leur servent à rien,
quand l’ordre de ton Rabb se réalise.
Ils ne leur ajoutent que ruines.

102.     Tel est le coup de ton Rabb
quand il prend une cité frauduleuse.
Voici, son coup est terrible, direct.

103.     Voici en cela un Signe
pour qui craint le supplice, l’ultime,
ce Jour du Rassemblement des humains,
ce Jour témoin,

104.     simplement différé au terme fixé d’avance.

105.     Ce Jour, nul ne parlera qu’avec Sa permission,
les uns seront misérables, les autres heureux.

106.     Aux misérables, le Feu,
les rugissements, les sanglots,

107.     en permanence, là,
pour la durée des ciels et de la terre,
comme le décide ton Rabb.
Voici, ton Rabb: il fait ce qu’il veut.

Quart du Hizb Vingt-quatre

108.     Aux heureux le Jardin, en permanence, là,
pour la durée des ciels et de la terre,
selon ce qu’a décidé ton Rabb,
en don irrévocable.

109.     Ne sois pas dans le doute
pour ce que les autres servent.
Il sont asservis
à ce que leurs pères servaient jadis.
Nous leur réglerons leur compte, sans rabais.

110.     Nous avons donné ainsi l’Écrit à Mûssa:
ils s’y sont opposés.
Sans l’arrêt préalable de ton Rabb,
c’en eût été fini avec eux.
Mais en cela, les voilà depuis
dans un doute profond.

111.     Voici, ton Rabb les paie tous
selon leurs oeuvres.
Il est informé de ce qu’ils font.

112.     Redresse-toi, l’ordre t’en est donné,
comme à ceux qui font Retour avec toi.
Ne vous révoltez pas,
le voici, Il voit ce que vous faites.

113.     Ne vous appuyez pas sur ceux qui fraudent:
le Feu vous atteindrait.
Vous n’avez pas d’alliés, sauf Allah.
Plus tard, vous ne seriez pas délivrés.

114.     Élève la prière
aux deux bouts du jour
et pendant les vigiles de la nuit.
Voici, l’excellence dissipe le mal.
Telle est la Mémoire des mémorisateurs.

115.     Persévère !
Voici, Allah ne perd pas
le salaire de l’excellence.

116.     Dans vos générations passées
seul un reste réprouvait
la destruction de la terre.
Mais sauf les quelques-uns
que nous avons sauvés,
ceux qui fraudent suivent
ceux qui jouissent, et sont coupables.

117.     Ton Rabb ne détruit pas par fraude les cités
dont les tentes sont intègres !

118.     Si ton Rabb l’avait décidé,
Il aurait fait des humains une seule matrie,
mais ils ne cessent de combattre,

119.     sauf ceux que ton Rabb matricie:
Il les a créés pour cela.
La Parole de ton Rabb se vérifie:
« Je remplirai la Géhenne de Djinns
et d’humains réunis. »

120.     Nous te relatons ainsi des histoires d’Envoyés
pour en réconforter tes entrailles.
La Vérité te parvient avec,
édification et mémoire des adhérents.

121.     Dis à ceux qui n’adhèrent pas:
« Agissez là où vous êtes.
Voici, nous agissons.

122.     Attendez !
Voici, nous attendons !

123.     À Allah le mystère des ciels et de la terre.
L’ordre se réalise pour Lui,
tout est à Lui.
Sers-le, abandonne-toi à Lui:
ton Rabb n’est pas inattentif
à ce que vous faites. »



SOURATE 12.

JOSEPH
YÛSUF

Cette sourate, chronologiquement la cinquante-troisième, est titrée d’après l’histoire qu’elle rapporte, celle de Yûsuf-Joseph, qui apparaît dès le verset 4. Ses cent onze versets constituent une homélie avec une courte introduction (1-3) suivie par le récit proprement dit (4-101) et s’achevant sur une conclusion édifiante (102-111).

La vie de Yûsuf reprend les données de la Genèse (37-45), ornées de données généralement prises dans d’anciens commentaires traditionnels.


Sourate 12.

JOSEPH
YÛSUF

Au nom d’Allah,
le Matriciant, le Matriciel...

1.     A. L. R. Alif. Lâm. Râ’.
Voilà les Signes de l’Écrit manifeste.

2.     Nous l’avons fait descendre:
c’est l’Appel, en arabe, al-Qur’ân,
pour que vous discerniez peut-être.

3.     Nous te racontons les plus beaux récits
en te révélant cet Appel, al-Qur’ân,
bien que tu fus jadis inattentif.

4.     Quand Yûsuf dit à son père:
« Ô mon père,
voici, j’ai vu onze étoiles,
le soleil et la lune,
je les ai vus se prosterner devant moi. »

5.     Il dit: « Ô mon fils,
ne raconte pas ta vision à tes frères,
ils comploteraient contre toi:
voici, le Shaïtân est pour les humains
un ennemi manifeste. »

6.     Ainsi ton Rabb te préfère, il t’enseigne
l’interprétation des énigmes,
il parachève son ravissement
pour toi et pour les Tentes de Ya‘qûb,
comme il l’avait parachevé, jadis,
pour tes pères Ibrâhim et Is’hâq.
Voici ton Rabb, savant, sage.

Moitié du Hizb Vingt-quatre

7.     Ainsi, il est, en Yûsuf et ses frères,
des Signes pour les questionneurs,

8.     quand ils disent:
« Yûsuf et son frère sont mieux aimés
par notre père que notre groupe !
Voici notre père dans un fourvoiement manifeste.

9.     Tuez donc Yûsuf, abattez-le à terre,
votre père tournera vers vous sa face.
Après quoi, vous serez un peuple respecté. »

10.     Parmi eux, un interlocuteur dit:
« Ne tuez pas Yûsuf,
précipitez-le plutôt dans une citerne profonde.
Si vous le faites,
des voyageurs le recueilleront. »

11.     Ils disent: « Ô notre père,
qu’as-tu à ne pas nous croire
pour ce qui est de Yûsuf ?
Nous sommes sincères en ce qui le concerne.

12.     Envoie-le avec nous demain,
il paîtra et jouera: nous serons ses gardiens. »

13.     Il dit: « Je m’afflige,
parce que vous partez avec lui.
Je crains qu’un loup ne le dévore,
quand vous serez inattentifs. »

14.     Ils disent: « Si un loup le dévorait,
notre groupe serait lui aussi perdu. »

15.     Ils partent avec lui et, ensemble,
ils le précipitent dans une citerne profonde.
Nous lui révélons:
« Tu évoqueras cette affaire devant eux
quand ils ne s’y attendront pas. »

16.     Ils reviennent vers leur père,
le soir, en pleurant.

17.     Ils disent: « Ô notre père,
voici, nous partions pour une course,
laissant Yûsuf près de nos affaires
quand un loup l’a dévoré.
Tu ne nous croiras pas,
bien que nous soyons sincères. »

18.     Ils viennent avec sa tunique tachée de faux sang.
Ya‘qûb dit:
« Vous avez vous-mêmes donné cet ordre.
Persévérance, sérénité !
Voici, Allah nous viendra en aide
contre ce que vous débitez. »

19.     Survient une caravane: ils envoient quelqu’un
descendre un seau pour puiser.
Il dit: « Quelle histoire ! Voici un adolescent ! »
Ils le cachent, comme une marchandise,
Allah sait ce qu’ils font.

20.     Ils le vendent à vil prix,
pour quelques dirhams.
En cela, ils le dépréciaient.

21.     En Misr, son acheteur dit à sa femme:
« Agrémente son séjour.
Il nous sera peut-être utile
ou bien nous le prendrons pour enfant ? »
Ainsi nous donnons à Yûsuf un lieu sur terre
pour lui enseigner l’interprétation des énigmes,
Allah vainqueur réalise son ordre,
mais les humains, pour la plupart,
ne le savent pas.

22.     Quand il atteint sa maturité,
nous lui donnons sagesse et savoir.
Nous rétribuons ainsi les excellents.

23.     La maîtresse dans sa maison le désire.
Elle ferme toutes les portes et dit:
« Je suis à toi ! »
Il dit: « Qu’Allah me garde !
Mon Maître m’a fait excellent accueil !
Les fraudeurs ne gagnent pas ! »

24.     Cependant, elle pense à lui et il pense à elle,
mais il voit, avec évidence, son Rabb.
Ainsi, nous détournons de lui
le mal et la perversité.
Le voici: il est un de nos serviteurs intègres.

25.     Tous deux courent vers la porte.
Elle déchire sa tunique, par-derrière.
Ils rencontrent son maître devant l’entrée.
Elle dit: « Quel est le salaire
de qui veut le malheur de ta tente ?
Doit-il être emprisonné
pour un supplice terrible ? »

26.     Il dit: « Elle m’a désiré de tout son être ! »
Un témoin de sa tente témoigne:
« Si sa tunique est déchirée devant,
elle dit vrai et lui ment !

27.     Mais si sa tunique est déchirée derrière, elle ment,
et lui dit vrai. »

28.     Il voit la tunique déchirée derrière, et dit:
« Voilà bien votre perfidie,
votre grandiose perfidie !

29.     Yûsuf, écarte-toi de là !
Toi, femme, demande pardon
pour ton crime: tu es fautive. »

Trois quarts du Hizb Vingt-quatre

30.     Des femmes, dans la ville, disent:
« La femme du puissant a désiré son serviteur
de tout son être: il l’a transpercée d’amour.
Nous la voyons: elle est dans un fourvoiement extrême. »

31.     Quand elle entend leurs médisances,
elle les convoque et leur prépare une collation.
Elle donne à chacune d’elles un couteau.
Elle dit à Yûsuf: « Sors près d’elles ! »
Quand elles le voient, elles l’admirent tant
qu’elles se coupent les mains et disent:
« Par Allah ! Ce n’est pas un être charnel !
C’est sûrement un Messager sublime ! »

32.     Elle dit: « Voilà celui pour qui vous me blâmiez !
Je l’ai désiré, mais il a résisté.
Quiconque n’obéit pas à mes ordres
doit être emprisonné avec les misérables. »

33.     Il dit: « Mon Rabb,
je préfère la prison, à ce qu’elles me proposent !
Si tu ne me préserves pas de leurs ruses,
je serais condamné ! »

34.     Son Rabb l’exauce et le préserve de leurs ruses,
le voici, lui, l’entendeur, le savant.

35.     Ensuite, après avoir vu les Signes,
il leur convient de l’emprisonner pour un temps.

36.     Deux autres entrent avec lui en prison.
L’un d’eux dit: « Voici,
je me suis vu pressant du vin. »
L’autre dit: « Voici,
je me suis vu portant, sur ma tête,
du pain dont mangeaient les oiseaux.
Révèle-nous l’interprétation de ces rêves.
Nous te verrons parmi les parfaits. »

37.     Il dit: « Votre nourriture ne vous sera pas donnée,
que je ne vous aie révélé leur interprétation,
avant qu’ils ne s’accomplissent.
Grâce aux enseignements de mon Rabb,
j’ai répudié la doctrine du peuple
qui n’adhère pas Allah,
ceux qui effacent l’Autre monde.

38.     J’opte pour la doctrine de mes pères
Ibrâhim, Is’hâq et Ya‘qûb.
Ce n’est pas à nous d’associer quiconque à Allah,
cela par grâce d’Allah pour nous et les humains.
Mais les humains, pour la plupart,
ne le reconnaissent pas.

39.     Ô mes deux compagnons de prison,
de nombreux rabbs sont-ils meilleurs
qu’Allah l’Unique, l’Irrésistible ?

40.     Vous ne servez, loin de Lui, que des noms,
ceux dont vous les nommez, vous et vos pères.
Allah n’a pas fait descendre sur eux de pouvoirs.
Voici, la sagesse est à Allah seul.
Il vous ordonne de ne servir nul autre que Lui.
Voilà l’immuable créance.
Mais les humains, pour la plupart,
ne le savent pas.

41.     Ô mes deux compagnons de prison,
l’un de vous servira le vin de son maître.
Quant à l’autre, il sera crucifié,
des oiseaux lui mangeront la tête.
Cet ordre sur lequel vous m’avez
tous deux consulté est définitif ».

42.     Il dit à celui des deux qui se croyait sauvé:
« Souviens-toi de moi chez ton maître. »
Mais le Shaïtân lui fait oublier
ce souvenir chez son maître,
Yûsuf reste en prison plusieurs années.

43.     Le roi dit: « Voici, je vois sept vaches grasses:
elles dévoraient sept vaches maigres,
et sept épis verts avec d’autres épis desséchés.
Ohé, le Conseil, expliquez-moi ma vision,
si vous savez interpréter les visions. »

44.     Ils disent: « Des tas de rêves !
Nous autres, nous ne sommes pas des savants,
pour interpréter les rêves ! »

45.     Celui des deux qui avait été libéré
après un certain temps se souvient et dit:
« Je vous exposerai leur interprétation:
envoyez l’affaire ! »

46.     « Yûsuf, ohé le juste, éclaire-nous
sur les sept vaches grasses
qui sont dévorées par les sept vaches maigres,
et sur les sept épis verts mêlés à d’autres épis desséchés.
Peut-être reviendrais-je vers les humains,
et peut-être sauront-ils ? »

47.     Yûsuf dit: « Semez sept ans comme de coutume.
Ce que vous moissonnerez, laissez-le en épis,
sauf le peu dont vous vous nourrirez. »

48.     Ensuite, sept années dures vous seront données:
elles dévoreront ce qu’auparavant vous aurez amassé,
sauf le peu que vous garderez.

49.     Ensuite, une année sera donnée
où les humains, secourus, iront aux pressoirs.

50.     Le roi dit: « Amenez-le moi. »
Quand l’envoyé vient à lui,
il dit: « Reviens vers ton maître.
Demande-lui pourquoi les femmes
se coupaient les mains.
Mon maître connaît bien leurs ruses. »

51.     Le roi dit: « Quelle était votre intention
quand vous avez désiré Yûsuf ? »
Elles disent: « Par Allah,
nous ne voyons aucun mal en lui. »
La femme du puissant dit:
« Maintenant, que la vérité éclate !
Je l’ai désiré, moi aussi !
Voici, c’est un juste !

52.     Cela pour que mon époux sache
que je ne le trahis pas en secret:
Allah ne guide jamais la ruse des traîtres ! »

Fin du Djûz Douzième

Djûz Treizième

Hizb Vingt-sept

53.     Je ne me disculpe pas:
voici, tout être est poussé au mal,
sauf celui que mon Rabb matricie.
Voici mon Rabb, clément, matriciel.

54.     Le roi dit: « Amenez-le moi: je me l’offre ! »
Quand Yûsuf lui parle, le roi dit:
« Tu es aujourd’hui, près de nous,
nanti d’autorité dans l’amen. »

55.     Yûsuf dit: « Prépose-moi
sur les dépôts de la terre;
j’en serai le gardien expert. »

56.     Nous établissons Yûsuf sur la terre,
pour l’administrer à son gré.
Nous dispensons nos grâces à qui nous voulons:
sans perdre la rétribution des parfaits,

57.     mais le salaire de l’Autre est meilleur
pour ceux qui adhèrent et frémissent.

58.     Viennent les frères de Yûsuf. Ils entrent chez lui:
il les reconnaît, mais eux se méprennent sur lui.

59.     Quand il les approvisionne en nourritures, il dit:
« De chez votre père, revenez chez moi, avec votre frère.
Ne le voyez-vous pas ? Je vous ai donné pleines rations,
moi, le meilleur des conciliateurs.

60.     Si vous ne l’amenez pas,
vous n’aurez plus, chez moi, de rations,
vous ne m’approcherez plus. »

61.     Ils disent: « Nous persuaderons notre père,
et nous le ferons. »

62.     Il dit à ses serviteurs:
« Mettez les marchandises dans leurs sacs.
Peut-être les reconnaîtront-ils
quand ils arriveront dans leurs tentes.
Ils arriveront peut-être dans leurs tentes
et peut-être reviendront-ils ? »

63.     Quand ils reviennent chez leur père, ils disent:
« Ô notre père !
Toute ration nous fut refusée.
Envoie avec nous notre frère:
nous nous approvisionnerons.
Nous serons ses gardiens. »

64.     Il dit: « Votre garantie pour lui
sera-t-elle semblable à celle
que vous m’aviez donnée pour son frère ? !
Allah est le meilleur des gardiens,
lui, le plus matriciel des matriciels. »

65.     Quand ils ouvrent leur chargement, ils constatent
que leurs marchandises leur ont été rendues.
Ils disent: « Ô notre père,
que voudrions-nous de plus ? !
Nos marchandises nous ont été rendues !
Nous approvisionnerons notre tente,
protégerons notre frère,
et nous ajouterons le chargement d’un chameau,
ce qui est une charge légère ! »

66.     Il dit: « Je ne l’enverrai pas avec vous,
que vous ne m’ayez fait le serment, par Allah,
de me le ramener, sauf empêchement contraire. »
Quand ils prêtent serment, il dit:
« Qu’Allah garde ce que nous avons dit. »

67.     Il dit: « Ô mes fils,
n’entrez pas par une même porte,
mais par des portes distinctes !
Je ne vous serais utile en rien contre Allah.
Voici, le jugement n’appartient qu’à Allah !
En Lui, je m’abandonne,
comme en Lui s’abandonnent les tout-abandonnés. »

68.     Ils entrent, selon l’ordre fixé par leur père,
mais cela ne leur aurait été utile en rien, contre Allah,
si ce n’était une exigence de Ya‘qûb, conçue par lui,
doté du savoir que Nous lui faisons connaître.
Cependant, les humains, pour la plupart, ne savent pas.

69.     Quand ils entrent chez Yûsuf,
il reçoit son frère près de lui.
Il dit: « Voici, je suis ton frère.
Ne sois pas accablé par ce qu’ils ont fait ! »

70.     Quand il les approvisionne en nourritures,
il met sa coupe sous le bât de son frère.
Ensuite un annonceur crie:
« Ohé, la caravane,
vous êtes des voleurs ! »

71.     En les entendant, ils disent: « Qu’avez-vous perdu ? »

72.     Ils disent: « Nous avons perdu le calice du roi !
Qui le rapportera gagnera une charge de chameau,
j’en suis garant ! »

73.     Ils disent: « Par Allah, vous le savez,
nous ne venons pas souiller la terre:
nous ne sommes pas des voleurs ! »

74.     Ils disent: « Quelle sera la sanction du vol
si vous mentez ? »

75.     Ils disent: « Celui dans le bât
duquel le calice sera trouvé,
le paiera de son être même.
Nous sanctionnons ainsi les fraudeurs. »

76.     Yûsuf fouille leurs ballots,
puis celui de leur frère.
Il retire alors le calice du ballot de leur frère.
Nous avions ainsi endurci Yûsuf
qui n’était pas en mesure de retenir son frère,
selon la créance du roi,
sans qu’Allah l’ait décidé.
Nous élevons en degré qui nous décidons:
mais, au-dessus de tous,
il est un Savant doté de toute science.

Quart du Hizb Vingt-cinq

77.     Ils disent: « S’il l’a volé,
un de ses frères l’avait volé avant lui. »
Yûsuf se cache et ne leur révèle rien.

78.     Ils disent: « Ohé, le puissant !
Il a un père âgé, vieux.
Prends donc un de nous à sa place.
Nous te verrons parmi les parfaits. »

79.     Il dit: « Qu’Allah me garde !
Nous prendrons celui-là seul
chez qui nous avons trouvé notre bien.
Sinon nous serions des fraudeurs. »

80.     Quand ils désespèrent de le fléchir, ils se consultent.
Leur aîné, dit: « Ne savez-vous pas que votre père
a déjà fait pour vous un pacte avec Allah ?
Avant, qu’aviez-vous fomenté contre Yûsuf ?
Je ne fuirai pas de cette terre
avant que mon père ne m’y autorise
ou qu’Allah ne m’en avise.
Il est le meilleur des juges. »

81.     Revenez à votre père et dites:
« Ô notre père, ton fils a volé.
Nous attestons ce que nous avons appris.
Nous ne sommes pas les gardiens de ce mystère.

82.     Interroge la cité où nous étions
et la caravane où nous avancions:
nous sommes sincères. »

83.     Il dit: « Vous avez vous-mêmes
inspiré cette affaire.
Persévérance, sérénité !
Puisse Allah me les redonner ensemble,
Lui, le Savant, le Sage. »

84.     Il se détourne d’eux et dit:
« Aïe, Yûsuf. »
Ses yeux palissent d’affliction:
il est tout accablé.

85.     Ils disent: « Par Allah, cesse
d’invoquer Yûsuf, jusqu’à en être
tout amaigri, et proche de l’agonie. »

86.     Il dit: « Voici, je me plains auprès d’Allah
de mon déchirement et de mon affliction:
je sais d’Allah ce que vous ne savez pas.

87.     Ô mes fils,
fuyez, enquérez-vous de Yûsuf et de son frère,
ne désespérez pas du souffle d’Allah.
Ne désespère du souffle d’Allah
que le peuple des effaceurs. »

88.     Quand ils entrent chez lui, ils disent:
« Ohé, le puissant !
Le malheur nous a saisis, nous et notre tente !
Nous venons avec un troc négligeable.

89.     Fais-nous bonne pesée. Sois juste envers nous.
Voici, Allah nous accordera bonne ration. »
Il dit: « Saviez-vous ce que vous faisiez
dans votre ignorance, à Yûsuf et à son frère ? »

90.     Ils disent: « Voici, Yûsuf, c’est toi ! »
Il dit: « Je suis Yûsuf et voilà mon frère.
Allah nous a fait ce don.
Le voici, il est avec qui frémit et persévère:
Allah ne perd pas la rétribution des parfaits. »

91.     Ils disent: « Par Allah, Allah t’a préféré à nous.
Oui, nous sommes coupables. »

92.     Il dit: « Nul ne vous incriminera aujourd’hui:
Allah vous pardonne,
Lui, le plus matriciant des matriciels.

93.     Emportez ma tunique, celle-là,
posez-la sur le visage de mon père:
il recouvrera la vue,
puis revenez tous ici avec vos tentes. »

94.     Quand la caravane repart, leur père dit:
« Me voici, je sens l’odeur de Yûsuf:
ne me démentez pas. »

95.     Ils disent: « Par Allah, te voilà
dans ton vieux fourvoiement ! »

96.     Quand vient le porteur de la nouvelle,
il applique la tunique sur le visage de Ya‘qûb,
celui-ci recouvre la vue.
Il dit: « Ne vous le disais-je pas ?
Je sais d’Allah ce que vous ne savez pas. »

97.     Ils disent: « Ô notre père,
pardonne-nous nos crimes:
nous sommes coupables. »

98.     Il dit: « Vite, je demande votre pardon à mon Rabb:
le voici, Lui, le Clément, le Matriciel. »

99.     Quand ils reviennent chez Yûsuf,
il accueille chez lui ses deux parents.
Il dit: « Entrez en Misr:
Allah l’a décidé, dans l’amen. »

100.     Il élève ses deux parents sur le trône
et tombe en prosternation.
Il dit: « Ô mon père,
telle est l’explication de ma vision, jadis.
Mon Rabb en a fait une réalité.
Il a excellé pour moi en me sortant de prison
et en vous ramenant du désert
après que le Shaïtân eût mis
l’exécration entre moi et mes frères.
Voici, mon Rabb est subtil envers qui il décide,
le voici, Lui, le Savant, le Sage.

Moitié du Hizb Vingt-cinq

101.     Mon Rabb, tu m’as déjà donné le pouvoir,
tu m’as appris l’interprétation des énigmes,
Toi, le fendeur des ciels et de la terre,
mon protecteur en ce monde et dans l’Autre,
rappelle-moi en pacifié,
réunis-moi aux parfaits. »

102.     Cela, nous le révélons avec les récits du mystère.
Tu n’étais pas près d’eux
quand ils s’étaient rassemblés pour ourdir leur affaire !

103.     La majorité des humains,
même si tu y aspires, n’est pas dans l’amen.

104.     Tu ne leur demanderas pas de salaire pour cela:
ceci n’est que la Mémoire des univers.

105.     Des Signes dans les ciels et sur la terre
passent près d’eux, mais ils s’en détournent.

106.     La plupart adhèrent à Allah
sans cesser d’être des associateurs.

107.     Ils croient que le supplice d’Allah
ne les atteindra jamais,
ou que leur heure, qu’ils n’attendent pas,
ne surviendra pas soudain.

108.     Dis:
« Voici mon sentier:
j’invoque Allah avec lucidité,
moi et qui me suit. Gloire à Allah:
je ne suis guère parmi les associateurs. »

109.     Nous n’avons envoyé, avant toi,
que des hommes à qui nous nous révélions,
dans les tentes des cités.
Ne marchent-ils pas sur terre ?
Qu’ils contemplent quelle est la sanction
de ceux qui étaient avant eux !
L’Autre demeure est meilleure
pour ceux qui frémissent.
Ne le discernez-vous pas ?

110.     Avant que les Envoyés ne se désespèrent,
imaginant être reniés,
notre secours leur parvient.
Nous délivrons qui nous voulons:
notre rigueur ne se détourne pas
du peuple des coupables.

111.     Ainsi, leurs histoires sont un enseignement
pour les humains dotés d’un coeur.
Ce n’est pas une Geste divergente,
mais la vérification
de ce qu’il avait entre ses mains,
l’exposé de tout le réel,
guidance et grâce
pour le peuple de l’amen.